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Attention , immense coup de coeur.

Je connaissais la plume humoristique de Sébastien Ministru par le biais de ses pièces de théâtre "Cendrillon ce macho, Fever, Excit...", son humour parfois caustique par le biais de ses chroniques en radio, mais j'ignorais cette écriture sensible, tout en "retenue, tendresse et émotion".

C'est son premier roman, il est juste MAGNIFIQUE. A lire absolument !

Antoine, approche la soixantaine, il est directeur de presse accaparé par son travail. Il s'était éloigné de son père avec qui les relations ont toujours été difficiles et compliquées.

Antoine vit en couple avec Alex (artiste peintre) depuis trente ans. Ce duo est au fil du temps devenu platonique. Antoine s'offre de temps à autre des relations tarifées. C'est comme cela qu'il rencontrera Raphaël, surnommé Ron, un étudiant instituteur qui rêve de partir en Australie.

Un jour, le père d'Antoine lui demande de lui apprendre à lire et à écrire ! Antoine est un peu désarçonné, et pense à une lubie pour l'emmerder ... mais non son père y tient. Il veut savoir lire et écrire, et si au paradis on lui demandait sa signature pour entrer ?

Peu à peu, Antoine se rendra compte de la souffrance de son père, d'origine sarde envoyé à l'âge de six ans comme berger à la montagne. L'école et l'éducation lui ont purement et simplement été supprimées. Immigré ensuite pour travailler dans les mines, il n'a jamais pu signer le bulletin de son fils... Frustrations.. Il perdra sa femme très jeune, trop jeune et deviendra acariâtre, grincheux, c'est comme ça qu'ils s'étaient éloignés.

Antoine s'en rapproche à présent, s'occupant du vieil homme, il essaie de lui apprendre à écrire, mais c'est compliqué, il n'a pas la patience, la méthode.

Un jour il demandera à Ron de prendre le relais. Ron s'investira pendant quelques mois bien au delà de l'apprentissage de l'écriture et de la lecture, il permettra au père de s'ouvrir, de communiquer plus. le père s'attachera à Ron, changera. Ron sera un peu le trait-d'union "père-fils", à la base de cette initiation filiale.

J'ai aimé ce premier roman en partie initiatique qui indirectement nous parle de l'immigration italienne, de la relation père-fils, de la honte et de la souffrance face à son analphabétisme. J'ai aimé l'écriture à la fois franche, pudique et sobre de Sébastien Ministru, retrouvant son humour.

Un premier roman empreint d'humilité, d'émotions. Un petit bijou tout simplement magnifique.

Foncez, c'est une très belle découverte.

Immense ♥♥♥♥♥
Lien : https://nathavh49.blogspot.b..
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Un père très âgé peut demander beaucoup de choses à son grand fils, beaucoup de choses prévisibles quand la force physique vient à manquer et que des tâches deviennent trop difficiles pour être exécutées par soi-même.

Mais quand la demande consiste à vouloir apprendre à lire et à écrire, cela devient une vraie surprise, avec de l'incrédulité, de l'agacement et de l'inquiétude à la clé, pour finir par un vrai sentiment d'impuissance : c'est ce qui arrive à Antoine, sexagénaire héros de ce livre, homme qui a réussi malgré ses origines modestes de fils de berger sarde, devenu directeur général d'un puissant organe médiatique, qui entretient une relation assez froide avec son père. Et le voilà qui plonge dans les méthodes d'acquisition de la lecture. Mais, n'est pas professeur qui veut !

Heureusement, Antoine, au fil de ses expériences avec des escorts, rencontre Ron, élève-professeur, qui accepte la tâche d'enseigner à son vieux père et une complicité surprenante s'établit entre les deux hommes. Antoine n'a jamais connu d'échange affectueux avec son père, ni confiance, ni tendresse, ni même partage du sentiment de douleur après la mort brutale de sa mère encore jeune. Bien au contraire, il essuie depuis des années l'humeur acariâtre de son père, quand ce n'est pas l'impression diffuse qu'il lui reproche la mort de sa mère, lui, tout jeune, qui était chargé de lui donner ses médicaments : et s'il s'était trompé de cachet ?

Alors l'arrivée quasi miraculeuse de Ron va avoir des effets inespérés sur l'éveil du vieillard. Alex, le compagnon d'Antoine avec qui il n'a plus de vie sexuelle depuis longtemps, va sans doute se poser des questions mais finalement comprendre que Ron est essentiel à la vie du vieil homme et qu'Antoine ne lui est pas attaché.

Et un beau jour, Antoine, Alex et le vieux berger sarde retourneront au pays où Antoine enfin ressentira le lien très fort qui l'unit à cet homme, comme un dernier cadeau.


Encore un livre sur la relation parent-enfant, sur cette interrogation qui semble tarauder nombre d'auteurs, parce qu'elle est sans doute universelle : QUI est vraiment ma mère, mon père ? Comment éviter que leur mort ne les dissolve totalement, juste parce qu'on n'aura pas pu, pas su, pas osé essayer de découvrir leur vraie nature, leur vraie vie ? Même s'ils ont droit au silence, même si leur vie est sans secrets fondamentaux, nous nous posons éternellement la question : qui étaient-ils vraiment ? Comment leur redonner chair et existence dans notre souvenir ? Comment faire pour que leur voix ne s'éteigne définitivement ?

La réponse est peut-être dans le titre : Apprendre à lire, et de façon corollaire : à écrire. Après les avoir beaucoup écoutés, enregistrés, peut-être.

Un premier roman touchant, proche de tous, de surcroît bien écrit.
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J'ai découvert Apprendre à lire de Sébastien Minustru grâce à net galley et aux éditions Grasset.
Quelle mouche a piquée le père d'Antoine ? Vouloir apprendre à lire à plus de 80 ans est une idée saugrenue, et pourtant Antoine va céder à la demande de son père. Cet homme rustre, inculte, analphabète très différent de son fils cultivé, bien élevé, homosexuel... Leur relation est compliquée, réussiront t'ils à s'entendre pour que le père apprenne à lire ?
J'ai aimé ce roman, tout en ayant l'impression d'être un peu passée à coté. C'est un livre intéressant, bien écrit mais je n'ai pas accrochée plus que ça.
Je n'ai pas réussi à être vraiment attirée par les personnages, l'ensemble ne m'a pas captivée.
je mets trois étoiles et demie, c'est un premier roman intéressant, à découvrir même si ce n'est pas un coup de coeur :)
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Encore un premier roman découvert grâce aux 68 premières Fois… Apprendre à lire de Sébastien Ministru.

D'emblée, le titre à l'infinitif présent m'a interpelée ; il marque l'inaccompli, l'action en train de se dérouler, une forme d'urgence car, ici, un vieillard analphabète veut apprendre à lire et à écrire avant de mourir.
Toute l'intrigue, toute la trame narrative va s'articuler autour de ce désir, de cet ultime caprice égoïste d'un père « acariâtre et rugueux » qui a perdu la communication avec son fils ; c'est aussi l'itinéraire d'un fils qui doit s'occuper de son père vieillissant et reconstruire des liens distendus. Père indigne ? Fils indigne ? Rien n'est simple dans leurs relations, toutes en non-dits, en crises, en provocations, en compromis…, en pudeur toujours.
Le portrait du père est saisissant de réalisme dans son égocentrisme, sa vision réductrice du monde, ses idées fixes, son amertume, sa mauvaise foi, sa vulnérabilité… Quelques recherches m'ont appris que ce père est le seul personnage autobiographique du récit, l'auteur s'étant inspiré de son propre père pour créer son personnage et poser un regard original sur l'illettrisme des immigrés italiens (ou espagnols ou magrébins, la situation étant transposable, naturellement).
L'originalité vient aussi et surtout de l'ambiance typiquement masculine de ce livre, avec une notion de virilité normative revisitée. J'ai beaucoup apprécié cette mise en perspective. de même, le thème du ou de la prostitué(e) au grand coeur, pleine d'abnégation, récurrent en littérature est mis en valeur par Sébastien Ministru et ajoute à la densité du récit.
L'écriture à la première personne délimite immédiatement un point de vue restrictif : dans le groupe de personnages mis en scène, nous entendrons surtout la parole du fils. La quatrième de couverture évoque « un triangle sentimental » composé du père, du fils et du prostitué… Je ne suis pas d'accord avec la mise en avant de ces seuls trois personnages : le compagnon du fils ainsi que l'ancienne compagne du père sont tout aussi importants et participent à l'équilibre général, même s'ils font office de seconds rôles. Comme au théâtre, ils ont été ou sont encore des confidents, des aides pour la compréhension de l'action.

Peut-on vraiment parler de roman quand le livre compte à peine 157 pages ? le format est ici à la limite de la nouvelle ; le récit s'étale sur un temps assez court, tout n'est pas dit sur les personnages, la chute est brutale… J'ai déjà eu l'occasion de m'étonner sur la brièveté de certains romans et, encore une fois, je bute sur cette question de genre littéraire et détourne la difficulté en avançant la notion de conte philosophique ou de récit initiatique…
Quoi qu'il en soit, j'ai adhéré au pacte de lecture. Un récit que je recommande !
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J'ai plongé directement dans ce roman que j'ai lu avec intérêt. Au moment de transcrire ma chronique, le nom de l'auteur auquel je n'avais pas prêté attention, m'a sauté aux yeux et j'ai reconnu l'origine sarde. tiens, tiens...Renseignement pris, il s'agit bel et bien d'une biographie romancée. Mieux valait pour moi l'ignorer.J'étais plus réceptive.
J'ai ainsi “rencontré” le narrateur, homme de soixante ans, au sommet de sa carrière professionnelle, réputé intraitable, qui revient vers son père après une très longue séparation.
Séparation qui s'explique par le caractère très difficile et coléreux du père, lequel caractère s'explique à son tour par la dureté de son enfance volée en Sardaigne, dans les années quarante. Aujourd'hui, les relations sont encore timides, hésitantes, sur le qui-vive. le fait qui va bouleverser leurs existences est la demande du père d'apprendre à lire. On découvre son alphabétisme dont le fils ne s'était jamais soucié. Et l'incapacité dudit fils qui manque de patience et de pédagogie.
C'est là que le roman s'anime, avec l'intervention d'un tiers, un jeune homme particulier qui, par son charme et sa douceur réussira et apprivoisera le vieil homme bourru. La lente évolution , l'ouverture aux sentiments m'a touchée. le fils s'ouvre, lui aussi, et le roman se termine en mode apaisé.
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Roman touchant qui met en scène 4 personnages : le père, le fils Antoine, son compagnon Alex et le prostitué Ron.
Le père, un vieux monsieur d'origine sarde de 80 ans demande à son fils Antoine De lui apprendre à lire. Celui-ci s‘est senti frustré de na pas avoir appris à lire et écrire et être obligé de garder les moutons.
Leur relation est difficile, la tâche est trop compliquée pour Antoine : manque de temps, de patience, de pédagogie. Ils sont comme des étrangers, ils n'ont jamais su parlé et partagé les moments de leur vie Il demande donc à Ron un prostitué de prendre la relève. Grâce à lui, le père et le fils vont apprendre à communiquer et à se rapprocher, ce qu'ils n'ont pas su faire avant.
J'ai apprécié le personnage d'Alex qui pour moi, a apporté un peu de chaleur et a su également aider à rapprocher le père et fils.

Beaucoup de tendresse et de pudeur. Plume incisive et tendre à la fois. Très joli premier roman. Auteur à suivre.
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Ce livre se lit aisément, le style est fluide mais je suis resté un peu en dehors. le père, un vieux mineur analphabète, est caricatural, colérique, fruste… mais son fils, le narrateur m'a apparu tout aussi froid, rustre et pas franchement sympathique. Apprendre à lire à plus de 80 ans est un très beau thème, émouvant mais peu réaliste. Il permet un rapprochement père-fils qui ne va pas bien loin. La relation entre le vieil homme et le jeune qui s'occupe de lui est beaucoup plus forte bien qu'éphémère. Et c'est bien vrai que les personnes âgées ont souvent de bien meilleurs moments de sincérité et d'intimité avec des gens de l'extérieur qu'avec leurs enfants entravés par leur pudeur.
L'apologie de la prostitution m'a, comme toujours, gêné.
Sur la couverture je n'ai pas compris qui est l'amoureux ?



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J'ai lu très vite ce petit et très agréable roman. Heureusement que je ne me suis pas arrêtée au bandeau ni lu la 4ème ... ils sont très décevants par rapport au texte. Il y a beaucoup d'humilité, d'émotions et une très belle histoire entre un père et un fils, un inconnu et ce même père. La vieillesse, les ressentiment liés aux non dits, les interrogations tout est très bien décrit à travers cette très belle histoire. A tout âge on peut découvrir l'autre, ses failles, ses peurs et se découvrir aussi. Bravo Sébastien Minestru et MERCI.
Merci aussi aux 68 premières fois de m'avoir permis de découvrir ce roman.
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Tout comme je n'aime pas les bandes annonces de films qui en dévoilent trop, de même j'évite le plus souvent de lire la quatrième de couverture d'un roman de peur d'y lire : « c'est l'histoire de… ». Car j'aime être étonné, amusé, charmé, ému par surprise au fil des pages. J'aime, après en avoir lu les dernières lignes, refermer un livre avec regret, le coeur un peu gros comme lorsqu'on quitte un ami. Ce fut le cas ici avec ce roman au style fluide où la tendresse et l'amour se cachent derrière un voile de pudeur. J'espère de tout coeur que le prochain ouvrage de Sébastien Ministru s'intitulera « Apprendre à écrire » car je rêve d'avoir un jour le talent d'écrire un dialogue comme celui-ci :
– Mais à quoi ça va te servir de savoir lire ?
– A quoi ça va me servir ? Mais à lire. Peut-être que lire, ça fait mourir moins vite.
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L'homme est antipathique. Psychorigide, froid, méthodique. Un homme dénué d'affect, qui tyrannise ses employés et ses collaborateurs - lui qui a réussi -, qui consomme le sexe tarifé auprès de prostitués pour lesquels il n'éprouve ni considération, ni sympathie. Pourtant, il émeut. Parce qu'au-delà des apparences, Antoine est un fils. Un fils qui s'est construit sur les souvenirs d'une mère malade et agonisante et, qui seul, dans l'ombre d'un père taiseux et bourru, a grandi sans amour ou attention. Il est ce fils qui cherche le regard de son géniteur ; un signe, un assentiment ou même seulement un intérêt. Alors, il s'occupe de l'homme vieillissant. Il le visite, lui fait ses courses, la lecture et, comble d'ironie, cède à sa lubie : apprendre à lire. Il essaie, puis cède la place à Ron, un prostitué avec lequel il a couché. Quelle idée !
Le jeune homme se révèle être un véritable rayon de soleil dans cet univers au multiple nuances de noir et gris. Il éclaire, bouscule, innove, malmène. Tout en finesse. Il chamboule les silences.
L'écrit se lit d'une traite, avec plaisir. Les mots glissent sur un style fluide et soutenu. Antoine interpelle. On s'interroge sur lui, son père, le jeune amant ; un trio attachant dont l'auteur nous dresse les portraits avec beaucoup de finesse. Un très bon moment de lecture.

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