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Antoine est un homme d'environ soixante ans qui vit depuis trente ans avec Alex et est accaparé par son travail de directeur d'un groupe de presse. Pendant des années il s'est éloigné de son père qui a maintenant quatre-vingt-trois ans, il cherche à présent à se rapprocher de lui, prend sur lui pour supporter son épouvantable caractère et lui rend visite plusieurs fois par semaine pour gérer son intendance dans sa maison "cloîtrée dans le passé". Son père est un homme au caractère irascible, plein de rancoeur contre la vie depuis la mort de sa femme alors que leur fils n'avait que dix ans.

Lors de chacune de ses visites, Antoine lit à son père ce qu'il trouve dans sa boite aux lettres, notamment les dépliants publicitaires dont le vieillard adore entendre la lecture. Un jour, le père demande au fils de lui apprendre à lire et à écrire car le vieil homme est analphabète. D'origine sociale modeste, il est né en Sardaigne, n'a jamais été scolarisé et a passé son enfance et son adolescence dans la montagne à s'occuper d'un troupeau de moutons. Antoine est mal à l'aise face à cette demande qu'il trouve impudique d'autant plus que l'analphabétisme de son père a toujours fait partie de leur vie. Il va se retrouver à enseigner lecture et écriture à ce père qui ne lui a jamais rien enseigné, qui ne l'a jamais encouragé... Mais rapidement il trouve un intermédiaire qui va prendre le relais dans cet enseignement, il s'agit de Ron, un de ses amants qui veut devenir instituteur.

Ron va devenir peu à peu le lien entre le père et le fils. Antoine se rend compte qu'il ne sait rien de son père, de son histoire familiale qu'il prend plaisir à découvrir. Leur relation évolue petit à petit, le fils est touché que son père ait besoin de lui puis se surprend à être attendri par le vieil homme.

C'est une histoire de relation père-fils marquée par le manque de communication et les non-dits, l'histoire d'un fils et de son père qui se ressemblent plus qu'il n'y parait. Une histoire d'un analphabétisme qui semblait assumé mais qui était vécu comme un handicap et une douleur. Apprendre à lire est pour le père une question de dignité. J'ai aimé la pudeur et la tendresse qui apparaît dans cette relation père-fils et la jolie inversion des rôles qui s'installe. le sujet est original, l'écriture bien rythmée et le dénouement fort joli.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Tout commence par une étrange requête d'un père vieillissant à son fils, celle de lui apprendre à lire et à écrire, prétexte à un rapprochement qui va mener le lecteur vers un récit sensible et insolite « Pour qu'il soit un meilleur fils et que lui soit un meilleur père » invoque le père.
Et pourtant tout les oppose : le père est un vieil homme analphabète, grincheux, veuf, émigré de Sardaigne ; enfant il a été privé d'école, obligé de garder les chèvres dans sa Sardaigne natale. le fils, Antoine, est directeur de presse, inflexible avec ses équipes, pas très sympathique. Il vit avec Alex son compagnon et a recours fréquemment à des relations tarifées. Il va ainsi faire la connaissance de Ron, un jeune prostitué qui rêve d'ailleurs et surtout de devenir instituteur ; naturellement Antoine va lui demander de prendre le relais et d'apprendre à lire et écrire à son père.
Rien de bien nouveau à priori et pourtant j'ai été emportée, j'ai souri des facéties du père, ai été sensible à ses douleurs passées et j'ai assisté à la renaissance du fils.
Un joli récit où le passé du père et fils pavé de non-dits et d'incompréhension, hanté par la mort prématurée de la mère, va peu à peu laisser place à la tendresse et à la découverte de l'autre. le père va dévoiler son admiration pour son fils qui va se libérer de sa carapace austère.
Aucun personnage n'est secondaire, j'ai d'ailleurs beaucoup apprécié celui d'Alex compréhensible, équilibré solide dans ses engagements, son amour ; d'ailleurs il est injustement éclipsé par le bandeau du livre inutilement accrocheur « le père, le fils et l'amoureux ».
Un récit d'initiation porté par une belle écriture volontiers teintée d'humour qui se lit pratiquement d'une traite où il est surtout question de rééducation à la tendresse.

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Je ne connaissais de Sébastien Ministru que les chroniques sur la première, dans lesquelles il tangue toujours entre légèreté et sincérité. Je suis passée à son premier roman après avoir lu la quatrième de couv' si intrigante : un père de 80 ans qui demande à son fils de lui apprendre à lire... la moitié de l'histoire est dans le titre ! Bien sûr, le fils va échouer dans sa mission, car s'il n'est déjà pas évident d'assister ses propres enfants dans l'apprentissage de la lecture... alors son père ! Père qui reproche. Fils qui sous-entend. Fils qui veut savoir. Père qui finit par lâcher le morceau et qui veut toujours et surtout... apprendre à lire.
Antoine, le narrateur (fils d'immigré italien gay... tiens tiens...), en couple avec Alex, n'en va pas moins voir les prostitués et tombe sur un instituteur qui fait des passes pour amasser de l'argent et réaliser son rêve. Et voilà notre maître tout trouvé.
Ce petit roman s'avale comme un quatre heures, même si le thé est parfois amer. Il traite des relations père/fils avec tous les non-dits qu'elles peuvent supposer. Nous plonge aussi dans l'intimité des couples, celui des parents avec tout le poids de la mère qui n'est plus, celui du narrateur avec son gars (à qui il ne dit pas tout... doit-on d'ailleurs tout dire ?), celui qui se fait et se défait en une heure, le temps d'une fellation avec un prostitué...
Et la volonté de ce père qui conçoit en fin de vie, que la lecture est un cadeau, lui qui caresse doucement les lettres des prospectus des grandes surfaces. Un cadeau et une porte d'entrée pour après : "Imagine... je dois signer quelque chose en arrivant devant Saint-Pierre"...
A lire à lire et à lire, nous qui avons appris !
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Une belle histoire de rattrapage entre un père et un fils qui ne s'étaient jamais vraiment rencontrés. Antoine est directeur de presse et son père analphabète. La demande que fera ce dernier les mènera vers un rapprochement inattendu, par l'intermédiaire d'un prostitué aspirant instituteur. Un récit parfois impudique mettant en scène des personnages pudiques et taiseux, et pas toujours sympathiques (mais authentiques). Une écriture par petites touches.
Je regrette simplement que les quelques indices qui pourraient mettre sur la piste de la Belgique aient été gommés (demande de l'éditeur ?), il ne me semble pas qu'elles auraient entravé la lecture des Français (ou autres).
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De l'amour, voilà ce que j'ai ressenti en lisant cette histoire. Celle d'un homme qui découvre un autre homme en fin de sa vie, en l'occurrence son propre père. le sentiment de croire tout connaître des êtres qui nous sont très proches... sans l'être vraiment finalement. Ce roman est une belle histoire d'amour ou plutôt plusieurs histoires d'amour.
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Ce court récit a réussi la prouesse de maintenir mon intérêt alors que j'éprouvais une certaine détestation pour les personnages qu'il met en scène. A chaque page, on ressent la colère d'Antoine face à ce père qui n'a jamais joué son rôle et qui, soudainement, vient lui pourrir la vie encore un peu plus avec une demande qu'il ne peut refuser mais qui lui répugne. Lorsqu'il parle de cet homme, il l'appelle “le vieux”, met l'accent sur ses défauts et montre un certain dégoût pour l'endroit où il vit. Il faut dire que le vieil homme n'est pas le premier à faire des efforts pour se faire apprécier : émigré sarde, veuf très jeune, il passe son temps à critiquer le monde autour de lui et ne fréquente presque personne à part ce fils qui semble tout faire pour le contrarier.

La solution d'Antoine pour se sortir de cette situation toxique est de faire appel à un jeune homme avec lequel il a couché et qui arrondit ses fins de mois en jouant l'escort tout en terminant ses études d'instituteur. Passés les premiers moments où le vieil homme refuse l'aide du nouveau venu, une relation particulière se tisse entre les trois hommes qui va permettre de faire parler les fantômes du passé.

Ce qui m'a plu dans ce récit, c'est la fragilité de ce vieil homme, derrière son sale caractère : il se sent démuni face à la vie, n'a jamais su exprimer ses sentiments car, tout simplement, on ne le lui a jamais appris. S'ajoute à cela la beauté du style de Sébastien Ministru qui donne un certain caractère au roman.

Je vous recommande cette lecture si vous ne craignez pas les ambiances pesantes et les histoires de famille compliquées.
Lien : https://www.maghily.be/2018/..
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Oui...non...sans plus !
La couverture, le titre, l'ensemble me donnait envie de lire ce roman. Les premières pages ne m'ont pas emportée, je ne voyais pas où l'auteur voulait en venir. Et puis, arrivée au tiers du roman, j'ai compris !
Tout commence par la mise en avant d'une relation “distante” entre un père âgé et son fils que rien ne semble rapprocher. Un jour, le père fera maladroitement la demande à son fils de lui apprendre à lire (il est analphabète).
Une relation qui va évoluer au fil du roman. Un fils qui va découvrir finalement toute l'admiration que lui porte son père et qu'il n'aurait pas soupçonnée.
Par ailleurs, l'accroche “Le père, le fils et l'amoureux” ne me semble pas adaptée et n'est pas du tout le coeur du sujet de ce roman. D'ailleurs, j'ai trouvé inutile la notion d'homosexualité dans cette histoire. On en parle beaucoup dans le roman mais ce n'est pas la clé. D'ailleurs je me demande toujours si le fils n'est pas plutôt amoureux de Ron que d'Alex son compagnon.
Pour conclure, un roman qui se lit facilement, un style direct et une histoire touchante entre un père et son fils. Pas mal, mais pas un coup de coeur pour cette fois !
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C'est ce genre d'histoire simple mais bouleversante : un père âgé demande à son fils, grand patron de presse, de lui apprendre à lire. Cette requête surprenante pousse le plus jeune à faire un choix saugrenu, sans aucun doute inédit, sûrement risqué mais probablement salutaire.

C'est un texte qui bouscule, qui est aussi impersonnel que pudique, aussi touchant que drôle. La force de cette plume est d'être ambivalente, profondément insensible mais renfermant en elle une insoupçonnée empathie… à moins que ce ne soit ça l'amour, paraître distant mais pourtant tout faire pour l'autre…

@lecturesauhasard
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Notre héros ne désire qu'une seule chose. Apprendre à lire et à écrire, car il veut pouvoir lire et signer de son nom d'éventuels papiers (administratifs ou non) lorsqu'il se retrouvera devant son Créateur. L'ancien écolier sarde fut arraché à son pupitre afin de surveiller les moutons. Durant toute sa vie, notre héros a regretté cet arrachement et à l'aube de sa vieillesse décide de combler ce gouffre qui est en lui. Pour cela, il demande à son fils, qui sait manier autant la plume que le Verbe, de l'aider. L'on peut à la fois être un bon fils et un mauvais pédagogue. Malgré de nombreuses et vaines tentatives, nos deux héros trouvent une solution peu banale. En effet, ils font appel à un futur instituteur, prostitué de son état. Nous nous retrouvons donc dans notre récit avec un trio de héros, de trois générations et de scolarités différentes. Ce triangle qui n'est pas isocèle, évolue dans un huis clos aussi bien ensemble que chacun de leur côté. Toutefois, cette interconnexion ne se fait pas sans obstacle. Ligne après ligne, lettre après lettre, notre héros sarde épèle les mots comme il respire et apprend à lire et à écrire. A la fin de sa vie, il sait vraiment qu'"Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu" et lui, il a enfin rencontré son Dieu qui a pour nom Thot ou Melpomène. Ce faisant cela, lui permettra de rédiger dans l'au-delà ses mémoires de jeune pâtre sarde.
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— Tu n'as pas envie de participer au prix « Soleil Noir Jaune Rouge » cette année ?
— Merci bien, pour me taper encore des merdes… Deux ans que je le fais, et six horreurs à subir ! La littérature contemporaine, c'est du foutage de gueule.
— Y a un truc sur Charlotte Brontë à Bruxelles !
— Ah ?
Je jette un coup d'oeil au paquet de trois livres reliés par un élastique, et à la couverture violette du titre sus-mentionné.
— OK. Si en plus je peux gagner un chèque-livre, alors pourquoi pas ? Regarde, dans le tas, ce livre-là, à la couverture rouge. Il est imprimé gros avec des marges, je vais mettre une heure pour le terminer. Même s'il est nul, je n'aurais pas trop à supporter. Voter pour mon préféré, ça ira vite !
À la dernière minute, avant que la bibliothèque ne ferme, j'emprunte les trois bouquins et le bulletin de participation au concours glissé entre eux.
le soir venu, je me pose avec le premier livre, le court, histoire de me débarrasser de cette galère. En fait, c'est plutôt bien écrit… Sobre, fluide, pas mal. La relation entre le narrateur et son vieux », comme il l'appelle parfois, est plutôt touchante et réaliste. On va manger, je referme le livre, j'en suis déjà arrivée à la moitié ! Et une fois n'est pas coutume, le soir avant de m'endormir, j'en dévore un bon tiers au lieu de surfer sur le net.
Aujourd'hui, en rentrant du boulot, l'envie m'a prise de me replonger dans cette histoire de communication entre un père bourru et son fils qui ne l'est pas moins  : assise au soleil sur un banc du parc Royal, j'ai terminé ce roman sans penser à mes factures, à mon boulot, à rien d'autre en fait. D'une traite, ce qui ne m'était plus arrivé depuis… bien un an et demi. Sauf que le dernier roman qui avait réussi cet exploit c'était un Stephen King, une histoire fantastique, du voyage dans le temps. Normal, quoi, quand on me connaît un minimum. Pas un bête roman, pas de la Littérature blanche, non môssieur ! Parce que moi, j'aime pas ça, enfin, les auteurs contemporains. Ben, faut croire que si. Ministru est donc, mine de rien, le premier écrivain hors-genre à avoir su me captiver, tout en n'étant pas enterré six pieds sous terre. Finalement, peut-être que mon vote n'ira pas au roman à la couverture violette…
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