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C'est ce genre d'histoire simple mais bouleversante : un père âgé demande à son fils, grand patron de presse, de lui apprendre à lire. Cette requête surprenante pousse le plus jeune à faire un choix saugrenu, sans aucun doute inédit, sûrement risqué mais probablement salutaire.

C'est un texte qui bouscule, qui est aussi impersonnel que pudique, aussi touchant que drôle. La force de cette plume est d'être ambivalente, profondément insensible mais renfermant en elle une insoupçonnée empathie… à moins que ce ne soit ça l'amour, paraître distant mais pourtant tout faire pour l'autre…

@lecturesauhasard
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Je ne connaissais de Sébastien Ministru que les chroniques sur la première, dans lesquelles il tangue toujours entre légèreté et sincérité. Je suis passée à son premier roman après avoir lu la quatrième de couv' si intrigante : un père de 80 ans qui demande à son fils de lui apprendre à lire... la moitié de l'histoire est dans le titre ! Bien sûr, le fils va échouer dans sa mission, car s'il n'est déjà pas évident d'assister ses propres enfants dans l'apprentissage de la lecture... alors son père ! Père qui reproche. Fils qui sous-entend. Fils qui veut savoir. Père qui finit par lâcher le morceau et qui veut toujours et surtout... apprendre à lire.
Antoine, le narrateur (fils d'immigré italien gay... tiens tiens...), en couple avec Alex, n'en va pas moins voir les prostitués et tombe sur un instituteur qui fait des passes pour amasser de l'argent et réaliser son rêve. Et voilà notre maître tout trouvé.
Ce petit roman s'avale comme un quatre heures, même si le thé est parfois amer. Il traite des relations père/fils avec tous les non-dits qu'elles peuvent supposer. Nous plonge aussi dans l'intimité des couples, celui des parents avec tout le poids de la mère qui n'est plus, celui du narrateur avec son gars (à qui il ne dit pas tout... doit-on d'ailleurs tout dire ?), celui qui se fait et se défait en une heure, le temps d'une fellation avec un prostitué...
Et la volonté de ce père qui conçoit en fin de vie, que la lecture est un cadeau, lui qui caresse doucement les lettres des prospectus des grandes surfaces. Un cadeau et une porte d'entrée pour après : "Imagine... je dois signer quelque chose en arrivant devant Saint-Pierre"...
A lire à lire et à lire, nous qui avons appris !
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Pour moi, Sébastien Ministru, c'est d'abord un joyeux drille de la RTBF, un homme qui défend ses opinions avec humour et ténacité. Alors, quand j'ai découvert qu'il avait écrit un livre dont le sujet semblait assez sérieux bien qu'un peu rocambolesque - l'histoire d'un octogénaire qui demande à son fils de lui apprendre à lire - ça a attisé ma curiosité.
Hop ! Embarqué l'ouvrage à le rutilante couverture rouge !

Bien m'en a pris. Malgré quelques anacoluthes et quelques répétitions, ce roman se lit tout seul ; on glisse sur les mots et tourne les pages sans voir passer le temps. L'écriture est efficace et l'histoire assez originale que pour nous emmener dans cette étrange apprentissage de la lecture par ce vieil homme au soir de son existence.
Au-delà de l'apprivoisement des caractères typographiques, c'est surtout l'apprivoisement et la reconnaissance de deux hommes qui est en jeu ici. Un fils qui découvre petit à petit son père derrière la carapace qu'il s'est constituée face à une vie faite de rudesse. C'est aussi le récit d'une histoire d'amour, de celles qui durent et qui semblent comme une évidence même si l'envers du décor interroge sur ce qu'est exactement l'amour, ce que représente la notion de couple.

Pas un chef d'oeuvre mais une agréable lecture qui tient ses promesses.
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Quand son vieux père de quatre-vingt ans lui demande de lui apprendre à lire, c'est forcément avec étonnement puis un peu d'appréhension qu'Antoine entend sa supplique. Lorsqu'il se rend compte qu'il n'a ni le talent ni la patience requis pour l'enseignement, il cherche comment satisfaire ce géniteur impatient, grincheux, si difficile et rude sans sombrer dans la colère ou l'énervement.

A bientôt soixante ans, Antoine n'a rien d'un instituteur en herbe. Aussi lorsqu'au hasard de ses rencontres amoureuses tarifées – sa relation de couple avec Alex est depuis longtemps devenue platonique – il fait brièvement la connaissance de Ron qui rêve de devenir instituteur. Il l'engage pour apprendre à lire à son père.

Voilà donc un fils qui n'a jamais vraiment avoué son homosexualité à son père et ne sais toujours pas ce qu'il en pense. Et un père analphabète qui a dû quitter l'école tout jeune lorsque son propre père l'a envoyé berger dans la montagne sarde, seul dans les nuits si terrifiantes pour un jeune garçon qui a même peur de son chien. Ils s'étaient éloignés l'un de l'autre depuis le décès de la mère, sans doute parce que aucun n'a su communiquer sur ce moment si douloureux de leur vie commune.

Le premier roman de Sébastien Ministru Apprendre à lire est une histoire d'amour et de rapprochement entre un père et un fils. Porté par une belle écriture, fluide et concise. C'est également un roman qui aborde plusieurs thèmes importants, l'immigration, la filiation, la vie de couple, l'homosexualité, la fidélité, la prostitution bien sûr, et en fil rouge l'analphabétisme qui touche souvent plus de monde que ce que l'on imagine, y compris parfois autour de soi.

chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/06/09/apprendre-a-lire-sebastien-ministru/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Roman touchant qui met en scène 4 personnages : le père, le fils Antoine, son compagnon Alex et le prostitué Ron.
Le père, un vieux monsieur d'origine sarde de 80 ans demande à son fils Antoine De lui apprendre à lire. Celui-ci s‘est senti frustré de na pas avoir appris à lire et écrire et être obligé de garder les moutons.
Leur relation est difficile, la tâche est trop compliquée pour Antoine : manque de temps, de patience, de pédagogie. Ils sont comme des étrangers, ils n'ont jamais su parlé et partagé les moments de leur vie Il demande donc à Ron un prostitué de prendre la relève. Grâce à lui, le père et le fils vont apprendre à communiquer et à se rapprocher, ce qu'ils n'ont pas su faire avant.
J'ai apprécié le personnage d'Alex qui pour moi, a apporté un peu de chaleur et a su également aider à rapprocher le père et fils.

Beaucoup de tendresse et de pudeur. Plume incisive et tendre à la fois. Très joli premier roman. Auteur à suivre.
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Notre héros ne désire qu'une seule chose. Apprendre à lire et à écrire, car il veut pouvoir lire et signer de son nom d'éventuels papiers (administratifs ou non) lorsqu'il se retrouvera devant son Créateur. L'ancien écolier sarde fut arraché à son pupitre afin de surveiller les moutons. Durant toute sa vie, notre héros a regretté cet arrachement et à l'aube de sa vieillesse décide de combler ce gouffre qui est en lui. Pour cela, il demande à son fils, qui sait manier autant la plume que le Verbe, de l'aider. L'on peut à la fois être un bon fils et un mauvais pédagogue. Malgré de nombreuses et vaines tentatives, nos deux héros trouvent une solution peu banale. En effet, ils font appel à un futur instituteur, prostitué de son état. Nous nous retrouvons donc dans notre récit avec un trio de héros, de trois générations et de scolarités différentes. Ce triangle qui n'est pas isocèle, évolue dans un huis clos aussi bien ensemble que chacun de leur côté. Toutefois, cette interconnexion ne se fait pas sans obstacle. Ligne après ligne, lettre après lettre, notre héros sarde épèle les mots comme il respire et apprend à lire et à écrire. A la fin de sa vie, il sait vraiment qu'"Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu" et lui, il a enfin rencontré son Dieu qui a pour nom Thot ou Melpomène. Ce faisant cela, lui permettra de rédiger dans l'au-delà ses mémoires de jeune pâtre sarde.
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— Tu n'as pas envie de participer au prix « Soleil Noir Jaune Rouge » cette année ?
— Merci bien, pour me taper encore des merdes… Deux ans que je le fais, et six horreurs à subir ! La littérature contemporaine, c'est du foutage de gueule.
— Y a un truc sur Charlotte Brontë à Bruxelles !
— Ah ?
Je jette un coup d'oeil au paquet de trois livres reliés par un élastique, et à la couverture violette du titre sus-mentionné.
— OK. Si en plus je peux gagner un chèque-livre, alors pourquoi pas ? Regarde, dans le tas, ce livre-là, à la couverture rouge. Il est imprimé gros avec des marges, je vais mettre une heure pour le terminer. Même s'il est nul, je n'aurais pas trop à supporter. Voter pour mon préféré, ça ira vite !
À la dernière minute, avant que la bibliothèque ne ferme, j'emprunte les trois bouquins et le bulletin de participation au concours glissé entre eux.
le soir venu, je me pose avec le premier livre, le court, histoire de me débarrasser de cette galère. En fait, c'est plutôt bien écrit… Sobre, fluide, pas mal. La relation entre le narrateur et son vieux », comme il l'appelle parfois, est plutôt touchante et réaliste. On va manger, je referme le livre, j'en suis déjà arrivée à la moitié ! Et une fois n'est pas coutume, le soir avant de m'endormir, j'en dévore un bon tiers au lieu de surfer sur le net.
Aujourd'hui, en rentrant du boulot, l'envie m'a prise de me replonger dans cette histoire de communication entre un père bourru et son fils qui ne l'est pas moins  : assise au soleil sur un banc du parc Royal, j'ai terminé ce roman sans penser à mes factures, à mon boulot, à rien d'autre en fait. D'une traite, ce qui ne m'était plus arrivé depuis… bien un an et demi. Sauf que le dernier roman qui avait réussi cet exploit c'était un Stephen King, une histoire fantastique, du voyage dans le temps. Normal, quoi, quand on me connaît un minimum. Pas un bête roman, pas de la Littérature blanche, non môssieur ! Parce que moi, j'aime pas ça, enfin, les auteurs contemporains. Ben, faut croire que si. Ministru est donc, mine de rien, le premier écrivain hors-genre à avoir su me captiver, tout en n'étant pas enterré six pieds sous terre. Finalement, peut-être que mon vote n'ira pas au roman à la couverture violette…
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Un très bon livre, qui mêle trois hommes, avec des caractères et des vies bien différentes. Mais c'est en se côtoyant qu'ils vont grandir et évoluer. Un peu déçu de la fin par contre, je reste sur ma faim.
Le livre aborde plusieurs thématiques comme l'homosexualité, les liens familiaux, la prostitution, l'analphabétisme. Une excellente lecture !
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Il y a des livres que je découvre un peu par hasard, sans me souvenir des circonstances exactes dans lesquelles cette découverte s'est faite. C'est le cas avec Apprendre à lire, un roman de Sébastien Ministru. J'ai dû découvrir le résumé un jour et être suffisamment tenté pour l'acheter puis le lire.

" Approchant de la soixantaine, Antoine, directeur de presse, se rapproche de son père, veuf immigré de Sardaigne voici bien longtemps, analphabète, acariâtre et rugueux. le vieillard accepte le retour du fils à une condition : qu'il lui apprenne à lire. Désorienté, Antoine se sert du plus inattendu des intermédiaires : un jeune prostitué aussitôt bombardé professeur. S'institue entre ces hommes la plus étonnante des relations. Il y aura des cris, il y aura des joies, il y aura un voyage.

Le père, le fils, le prostitué. Un triangle sentimental qu'on n'avait jamais montré, tout de rage, de tendresse et d'humour. Un livre pour apprendre à se lire. "

Je ne connaissais pas du tout Sébastien Ministru, dont Wikipedia m'apprend qu'il s'agit d'un journaliste belge né au début des années 1960. le narrateur étant un directeur de presse qui approche de ses soixante ans, je ne peux pas m'empêcher de me demander quelle est la part de fiction et d'auto-biographie dans ce roman.

Quoiqu'il en soit, c'est une jolie histoire autour de la relation père-fils, de la filiation, de la transmission, avec un récit bien construit et qui sort de l'ordinaire. Ce qui fait le sel de ce roman, c'est évidemment le fait que par un retournement des habitudes ce soit le fils qui prenne en charge, d'abord directement puis à travers un tiers, l'apprentissage de la lecture et de l'écriture par son père. Cela donne des situations étonnantes mais bien écrites et parfois touchantes.

La présence d'un troisième larron, ce Ron que le narrateur rencontre d'abord comme escort avant d'apprendre qu'il se destine au métier d'instituteur, apporte également quelque chose au récit. le prostitué reconverti en professeur sert de lien entre le père et le fils qui n'ont jamais appris à se parler.

Au-delà de l'apprentissage de la lecture et de l'écriture par le père, c'est aussi une histoire sur un père et son fils qui doivent apprendre à se parler, à se comprendre, après des décennies d'éloignement plus ou moins volontaire.

Il y a quelque chose de très beau dans ce roman. Il est court (160 pages), se lit facilement et rapidement, avec un style simple, mais il est riche par son contenu en allant à l'essentiel. « Pas la peine d'en rajouter », comme le disait cette vieille publicité pour une marque de café. Parfois, cela suffit, et c'est très bien ainsi.
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Le père, le fils. Entre les deux, pas d'épouse, pas de mère, elle est partie trop tôt, morte de maladie lorsque le fils était encore enfant. Depuis lors, et cela fait longtemps puisque Antoine a maintenant près de 60 ans, il n'y a pas eu grand-chose pour relier les deux hommes, qui vivent dans des mondes parallèles, avec bien peu de points communs. Antoine est directeur de presse, peu apprécié dans le métier, est cultivé, raffiné même, homosexuel, en couple avec Alex, un artiste-peintre. Un couple heureux mais sans passion, alors Antoine s'autorise de temps à autre à recourir à un escort. Il s'occupe aussi de son père, surtout de son intendance, en fait : il lui fait ses courses, lui rend visite, lui téléphone pour s'assurer qu'il a bien éteint le gaz. Et le père, s'est-il jamais occupé de son fils ? Il l'a sans doute nourri, logé, blanchi et lui a payé ses études, mais pour la tendresse, l'affection, la chaleur humaine, ce n'était pas dans ses cordes. La faute à qui, à quoi ? A une frustration d'enfant jamais digérée, lui le jeune berger sarde à qui son père avait interdit d'aller à l'école parce qu'il fallait bien que quelqu'un s'occupe des chèvres ? À une blessure d'amour causée par un veuvage précoce ? Toujours est-il que la relation entre eux est faite d'incommunicabilité. Ils ne se sont jamais compris. En fait ils ne se sont jamais vraiment parlé, encore moins écoutés. Aujourd'hui, le père d'Antoine est un vieillard analphabète, grossier, tyrannique, qui collectionne les dépliants publicitaires pour que son fils lui en fasse la lecture. Alors quand un beau jour, il demande à Antoine De lui apprendre à lire, c'est la surprise, l'incompréhension, la réticence. Antoine finit par accepter, et par renoncer presque aussi vite, découvrant qu'il n'a pas une once de fibre pédagogique. C'est lors de l'un de ses rendez-vous tarifés qu'il trouve la solution, son escort du jour étant par ailleurs un étudiant qui cherche à arrondir ses fins de mois sans trop d'états d'âme. le prostitué qui s'improvise professeur d'alphabétisation, la recrue est aussi inattendue qu'elle s'avère efficace, instaurant en prime une sorte de complicité latente entre ces trois personnages.
Drôle de relation triangulaire (avec quand même Alex, la quatrième patte du trépied), dans laquelle un père et fils apprennent sur le tard à se lire l'un l'autre. Sincèrement, j'aurais voulu aimer ce roman de tout mon coeur, mais il ne m'a pas touchée autant que ce que j'attendais. le style est impeccable, l'histoire n'est même pas improbable, l'humour est présent, les thèmes sont intéressants: la relation père-fils chaotique, la transmission à l'insu de son plein gré (Antoine qui a toujours tout fait pour que sa vie ne ressemble pas à celle de son père et qui réalise à 60 ans qu'ils ont le même sale caractère), l'impact d'une blessure d'enfance. Mais les personnages ne sont guère attachants, à la limite du stéréotype, et l'ensemble me laisse un goût amer, avec cette relation qui n'aura pas le temps de se (re)construire, la froideur et le détachement dans le ton, et surtout l'amour aux abonnés absents, ou à tout le moins qui ne parvient pas à s'exprimer (à temps).
Dire aux gens qu'on les aime avant qu'il soit trop tard...
Lien : https://voyagesaufildespages..
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