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Critique de Sarindar


Georges Minois a bien vu que cette Guerre de Cent Ans, commencée en 1337 comme un conflit entre deux grands seigneurs suzerains, dont l'un, le roi d'Angleterre, devait au moins rendre hommage au roi de France pour ses possessions continentales, se termina comme une lutte entre deux entités, la France et l'Angleterre, qui prenaient, petit à petit, conscience, d'elles-mêmes comme "nations", ce qui, au terme des opérations militaires quand l'affaire tourna définitivement à l'avantage de la France des Valois, en 1453, devait conduire les deux pays à vivre chacun leur destinée propre.
Cette longue confrontation entraîna, par le jeu des alliances, d'autres pays dans la tourmente : ceux qui avaient à se plaindre des Anglais, comme les Écossais, par exemple - et ils ne furent pas les seuls -, se rangèrent bien souvent à nos côtés ; à l'inverse, ceux qui redoutaient les ambitions françaises, comme les Bretons, et ceux qui commerçaient avec les Anglais, comme les Flamands, se rangèrent sous la bannière aux Léopards.
Georges Minois met l'accent sur les temps forts de cette guerre, entrecoupée de longues trêves, durant laquelle les Anglais ne furent pas loin de prendre en main les destinées du royaume de France, mais cette séquence qui dura de 1415 à 1429, s'interrompit parce qu'un grain de sable, nommé Jeanne la Pucelle, vint stopper le processus de prise de possession des deux royaumes par la dynastie des Lancastre. La conquête entreprise par ces derniers n'eut pas le temps d'être suffisamment consolidée pour pouvoir durer. Jeanne donna le coup d'arrêt à la progression des Anglais, mais ce furent d'autres qui entreprirent la reconquête de la France et les réformes que celle-ci nécessitait.
Georges Minois donne à tous les acteurs de cette longue guerre la juste place qui leur revient, en disant quelle fut leur part personnelle dans l'évolution du conflit, et dans quel sens les tirèrent le rapport des forces et la logique des événements : Philippe VI de Valois, Jean le Bon, Étienne Marcel, Robert le Coq, Charles le Mauvais, Charles V, Bertrand du Guesclin, Charles VI, Olivier de Clisson, Louis d'Orléans, Isabeau de Bavière, Charles VII, Yolande d'Aragon, Georges de la Trémoïlle, Jeanne d'Arc, Arthur de Richemont, Pierre de Brézé, Jacques Coeur, Dunois, toute la grande galerie des personnages vient s'animer sous nos yeux, et l'auteur éclaire les mobiles des actes posés par chacun et chacune, le pourquoi de cette action et le résultat recherché côté français ; même chose côté anglais.
Georges Minois a réactualisé les connaissances, en tenant compte des avancées de la réflexion historique et de l'apport de la recherche dans le vaste domaine des sciences humaines. Même si certaines conclusions ou questions soulevées n'appartiennent qu'à lui, son travail est devenu, après celui de Jean Favier, sur le même sujet, l'outil de référence indiscutable pour les chercheurs comme pour le public, même si sa lecture doit se faire par étapes, tant la matière est dense et l'ouvrage volumineux.
François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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