Le Prince doit songer à la condition de son peuple et se mêler à lui souvent, comme un bon jardinier cultive son jardin (recommandation de Louis XI à son fils Charles VIII).
Louis XI, Jean Favier, page 313.

Deux noms, Louis et Charles, n'ont cessé de se croiser dans la généalogie des rois de France. Charles, c'est un nom royal, le nom du fondateur de l'empire chrétien d'Occident, celui du roi légitimé par l'onction sacrée. Les Capétiens n'ont jamais manqué, depuis le XIIème siècle, de revendiquer un lien avec Charlemagne, un lien par le sang, aussi réel, il est vrai que ténu, mais renouvelé à bien des occasions entre le Xème et le XIIème siècle par des mariages avec la famille de Vermandois et avec la famille de Champagne.
[...] Ce culte dynastique de Charlemagne, entretenu par les Capétiens depuis leur origine, a été ravivé par [le Valois] Charles V pour faire pièce aux prétentions du Saint Empire [romain germanique].
[...] Les Valois ont donc eu [...] les trois rois Charles V, Charles VI et Charles VII.
[...] Différemment significatif est le nom de Louis. Il s'attache d'abord au souvenir de Clovis, Chlodovic ayant donné Clovis avant d'aboutir à Ludwig en Allemagne et à Louis en France.
Pages 35 et 36
Jusqu'à la guerre du Bien Public, en 1465, Louis XI a plutôt passé son temps à se défendre. C'est après cette première humiliation, et ce sera plus net encore après la seconde, celle de Peronne et Liège, que se manifeste la froide détermination d'un souverain pressé d'en finir avec les principautés qui encombrement le royaume.
En 1439, c'est avec le projet de servir le dauphin contre son père, le roi Charles VII, que le duc d'Alençon gagne Niort et met la main sur le jeune Louis ( 16 ans ), sous couleur de le protéger, et qu'il refuse de céder au roi quand celui-ci demande, par lettre, la restitution de son fils.
Louis XI réplique, par lettre, au pape Sixte IV qu'il est meilleur chrétien que lui, et proteste qu'il est le dévoué serviteur de l'Eglise romaine, mais non du pontife.
A Péronne, en 1468, Charles le Téméraire avait verrouillé la position. Louis XI s'en avisa trop tard, quand il entendit entrer en ville derrière lui une troupe à la solde du Bourguignon.
(p 575)
ndl : Charles aurait pu tuer Louis !
L'emportèrent ceux qui, arguant du sauf-conduit donné au roi, que l'on ne pouvait violer sans manquer à l'honneur, préféraient profiter de la circonstance pour forcer le roi à un bon traité.
(p 577)
Multipliant les ambassades officielles, et lançant sur les routes de l'Italie ses agents officieux, nouant à la fois des alliances publiques et des combinaisons occultes, payant peu et cherchant à se faire payer, on voit déjà percer sous le dauphin Louis "l'universelle araignée" tissant sa toile, qu'il restera pour l'histoire.
Dans "Le rosier des guerres" Louis XI prodigue à l'intention du futur Charles VIII :"Le prince doit songer à la condition de son peuple et se mêler à lui souvent, comme un bon jardinier cultive son jardin. "
En majorité, les secrétaires du roi sont des laïcs : le temps n'est plus où la Chapelle tenait sa place dans les rouages du gouvernement. Certains sont de petite noblesse, mais la plupart sont d'origine bourgeoise, parfois modeste : on y voit un fils de tonnelier et un fils de cordonnier.
NDL : Louis XI fut un dauphin turbulent, mais devenu roi, il ne se déplace pas beaucoup : il utilise beaucoup d'ambassadeurs et de secrétaires ( une cinquantaine ). Son courrier est colossal.
A la Cour de France, le Suisse Diesbach négocie l'alliance militaire sans laquelle ils ne sauraient entreprendre une guerre contre Charles le Téméraire avec le seul appui des villes alsaciennes. Louis XI ne s'engage cependant qu'avec la plus grande prudence. Il n'oublie pas qu'il a juré une trêve qui lui interdit toute guerre immédiate contre la Bourgogne. Et il ne peut négliger la menace d'un débarquement anglais. Il promet donc le moins possible.