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Critique de Tandarica


Ion Minulescu fait partie de ces auteurs classiques en Roumanie non traduits en français. Il est cependant plutôt connu pour un roman et ses poésies de l'entre-deux-guerres, toujours lus aujourd'hui. Son théâtre, comme une large part du théâtre roumain (on trouve très peu de textes de pièces sur le marché) est complètement oublié. Ses nouvelles sont entre les deux : l'auteur n'était pas dans les petits papiers du communisme et n'est pas complètement ressuscité depuis, sans être oublié, loin de là. J'espère revenir à ses romans, il y aurait beaucoup à en dire. Les nouvelles en question sont avant tout fantastiques (voir Marcel Béalu), à la surface, dirons-nous et sont assez réussies du point de vue de leur originalité : des vitres orange, une cravate blanche et dangereuse (comparée à une vipère, très belle métaphore), une allusion à l'absinthe, alcool mythique ailleurs, bref le décor est soigné. Même si la littérature roumaine comporte une tradition du fantastique (Mihai Eminescu, Mihăescu, puis Mircea Eliade, connu mondialement), d'une part les auteurs ne sont pas si nombreux et le sont encore moins à se nourrir de détails concrets dont jaillit l'irréalité, un peu comme dans certaines nouvelles De Maupassant ou de Gautier. La raison du relatif oubli dans lequel ce livre de Minulescu est tombé tient à son fond satirique presque national, ce qui le rapproche certes d'autres auteurs, comme Jane Austen (Northanger Abbey) ou de textes isolés de divers auteurs (j'ai en mémoireHeinrich Heine, Ludwig Tieck ou toujours Théophile Gautier) mais lui confère surtout une profonde originalité. L'objet de la satire est en effet souvent l'esprit roumain, ce qu'il faut relativiser en constatant qu'il s'approche assez de défauts universels (pédantisme, prose, cupidité), mais tout de même ! Quoi qu'il en soit, la littérature a besoin de satire, même masquée : dans un genre différent, je me souviens de l'effet roboratif de la lecture des chroniques de Patrick Rambaud et Minulescu gagnerait d'autant plus qu'il était francophile (il cite Charles Baudelaire et une nouvelle se déroule au bord de la Manche), à devenir accessible aux lecteurs français.
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