Citations sur Autant en emporte le vent, tome 1 (94)
De toute sa vie, elle n'avait jamais dû faire quoi que ce soit par elle-même. Il y avait toujours eu quelqu'un pour le faire à sa place, pour veiller sur elle, la protéger et la défendre et la gâter. Cela ne pouvait être vrai qu'elle se trouvât dans une situation aussi difficile. Pas une amie, pas une voisine pour l'aider.
Au-delà de Tara, c'était la guerre et le monde. Mais dans la plantation, la guerre et le monde n'existait pas en dehors des souvenirs qu'il fallait chasser dès qu'ils se ruaient vers les esprits dans les moments d'épuisement. Le monde extérieur reculait devant les exigeances des ventres vides et à moitié vides, et la vie se résumait à deux pensées liées entre elles, manger et comment trouver à manger.
- Quel homme arrogant, n'est-ce pas ? observa-t-il en suivant des yeux Butler. Il me fait penser à un des Borgia.
Scarlett réfléchit à toute vitesse mais ne parvint pas à se souvenir d'une famille dans le comté ou à Atlanta ou à Savannah portant ce nom.
- Pourquoi une fille doit-elle être stupide pour mettre la main sur un mari ?
- Moi, ce que j'dis esplicitement, c'est que les hommes, y savent pas ce qu'y veulent. Y savent juste ce qu'y croyent qu'y veulent.
Non, ces nuits ne pouvaient pas être réelles ! C'était un cauchemar et ces hommes faisaient partie du cauchemar, des hommes sans corps ni tête, seulement des voix fatiguées lui parlant dans la chaude obscurité. Tirer de l'eau, servir à manger, poser des oreillers sur la véranda, panser des blessures, tenir la tête sale des mourrants. Non, cela ne pouvait pas lui arriver à elle !
Les vêtements chauds, quand on parvenait à s'en procurer, avaient atteint des prix tellement prohibitifs que les dames d'Atlanta doublaient leurs vieilles robes avec des chiffons et les renforçaient avec des journaux pour se protéger du vent. Les chaussures coûtaient de deux cents à huit cents dollars la paire, selon qu'elles étaient en "carton" ou en vrai cuir, Les dames portaient désormais des guêtres confectionnées avec leurs vieux châles et découpés dans des tapis. Les semelles étaient en bois.
L'argent circule lentement pendant l'édification, et vite pendant l'effondrement. Rappelez-vous mes paroles. Elles vous seront peut-être utiles un jour.
- Rhett, regardez au bout de la rue ! Cette foule d'hommes ! Ce ne sont pas des soldats. Que diable... ? Mais, ce sont des négres !
- Je ne sais pas pourquoi nous nous sommes battus et je m'en moque, répondit Scarlett. Et cela ne m'intéresse pas. Cela ne m'a jamais intéressée. La guerre est une affaire d'hommes, pas de femmes.
Mais la guerre traînait tellement en longueur. Il y avait tellement de morts, tellement de blessés et de mutilés à vie, tellement de veuves, tellement d'orphelins. Et il y avait encore un long et difficile combat à venir, qui signifiait plus de morts, plus de blessés, plus de veuves et d'orphelins.