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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il existe une étrange malédiction. Avez-vous remarqué que c'est parfois les romans qui vous touchent le plus, ceux que l'on préfère, que l'on a le plus de mal à faire partager? Cela car le texte vous a touché pour une raison qui vous est si personnelle, si intime, que tout autre que vous y sera insensible.

C'est ce qu'il m'est arrivé avec le fond des forêts de David Mitchell. La plupart de ceux à qui je l'ai recommandé sont restés de marbre. Pourtant je trouve cet auteur incroyable. Son style (et sa capacité d'en changer), sa justesse et sa sensibilité sont uniques. Il a l'art d'évoquer les non-dits et de poser des atmosphères en peu de mots.

Ce livre raconte l'enfance de Jason dans une petite ville d'Angleterre. Chaque chapitre est construit comme une nouvelle et décrit une facette de la vie de ce jeune garçon. Tel un peintre qui d'un coup de pinceau met en lumière une nouvelle partie de sa toile. Jason a quelques difficultés d'intégration à l'école car il est bègue. Il aime la poésie mais le cache soigneusement "car il n'y a que les tapettes" qui aiment la poésie. Il en écrit pourtant dans le journal du collège sous un pseudonyme. Une vieille dame de ses voisines va reconnaître son style et le démasquer avant de l'initier à l'écriture.

En fait il ne sert à rien d'essayer de raconter ce livre car tout est dans l'écriture. Les grands auteurs savent transcender le sujet le plus banal en quelque chose d'autre. C'est tout l'intérêt de la littérature en général et de ce livre en particulier.
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Jason Taylor, 13 ans surnommé Jace le Minable ou le Bègue est un doux rêveur qui vit dans un petit village paumé du Worcestershire en Angleterre dans les années 1980. Pas facile à cet âge là de se faire sa place au collège au milieu des durs à cuire quand on est bègue, maladroit et qu'on vit dans une famille de petit bourgeois. Un récit initiatique sur les variations de l'adolescence et ses nombreuses facettes, la naïveté de cet adolescent m'a rappelée bien des souvenirs. L'humour est omniprésent, les situations respirent le vécu, l'écriture empreinte de poésie en fait vraiment une plume à part que j'ai eu grand plaisir à découvrir.
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Tout commence par des sonneries stridentes, dans le vide, cinquante au moins, « Interdiction absolue d'aller dans mon bureau. C'est la règle de papa. ». Interdiction absolue d'y pénétrer, interdiction absolue, il va sans dire, de répondre sur sa ligne privée. Curieusement depuis peu, il ne mettait plus son répondeur, le même que celui de « James Garner dans la série Deux Cents Dollars plus les frais, celui avec les grosses bobines. ». Alors il y va, Jason, il y va malgré l'interdiction formelle, et puisque ni sa mère ni sa soeur n'entendent rien, l'une accrochée à son aspirateur, l'autre enfermée dans sa chambre avec « Don't You Want Me » à plein tube dans les oreilles. Et quand il entre dans le fameux bureau, il ne peut s'empêcher de penser à la femme de Barbe-Bleue pénétrant dans le cabinet interdit, « (il n'attendait que ça, Barbe-Bleue, n'empêche. »).
Au bout du fil, personne, enfin si, juste la musique de « 1, rue Sésame » et les pleurs d'un bébé…

Bizarre, étrange… Suspect ? Pas encore, enfin pas vraiment pour lui, pas pour le moment. Et pourtant, le « secret » est déjà là, en germe, prêt à revêtir toutes les apparences, prêt à se lover un peu partout… Des apparences à la réalité, il y a une distance presque aussi infranchissable que celle qui le sépare du fond de la forêt.

Nous sommes en plein dans les années 80, entre guerre des Malouines et dame de fer, en Angleterre, dans le Worcestershire exactement….
Jason a treize ans, un bégaiement obstiné qui le prend à la gorge exactement au moment où il le faudrait le moins et un amour des mots et des rimes qu'il cache avec énergie à tout son entourage. C'est sûr, si on savait que le poète Eliot Bolivar dont les textes paraissent dans gazette locale, c'est lui, il se ferait étriper, voire pire par ses camarades… Pas évident d'aimer les mots et de ne pouvoir les prononcer à volonté, bloqués qu'ils sont tout au fond de sa gorge. Alors il reste silencieux souvent, pour sauver ce qui peut l'être encore, d'apparence. Car il importe de jouer les durs à cuire dans un monde adolescent où la loi du plus fort, entre racket et persécution des plus faibles, est la règle… Passer pour un idiot peut-être, certainement pas pour un bègue et pire pour un poète. Mais il y a la forêt, toute proche, profonde, un peu inquiétante aussi, mais où au moins on peut être soi-même, sans restriction. Et dans la forêt il y a toutes sortes de choses et de gens étranges, un univers fantasque qui s'ouvre au jeune adolescent, presque pour lui seul…

Il n'y a pas d'âge pour être poète, l'enfance est même le terrain idéal, l'angle de vision unique par lequel aborder instinctivement le monde et le merveilleux qui se tapit dessous. Jason a ce don, celui de voir et de ressentir sans pédanterie ni forfanterie, et il n'est pas dit que le Pendu qui lui serre la gorge et lui vole les syllabes de la bouche, ait le dernier mot.
Le fond des forêts regorge de personnages tout droit sortis des contes, de maisons brinquebalantes habitées par d'étranges mais gentilles sorcières, de châteaux abandonnés où pourrait bien rôder Frantz de Galais, de chiens meurtriers…. Et des secrets aussi, il y en a…
Les secrets qui enflent et qui devront bien exploser (ou pas) pour le meilleur ou pour le pire, mais ce sera, alors, la fin de l'enfance…
Lien : http://lily-et-ses-livres.bl..
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Le fond des forêts, c'est un endroit où un pré-adolescent bégue, souffre douleur de ses camarades, victime de leur racket, peut trouver refuge. C'est aussi un endroit où patinent sur un lac gelé les fantômes des enfants qui sont passés à travers la glace et s'y sont noyés. C'est un endroit où une sorcière peut vous réparer une cheville avec un cataplasme. C'est un lieu où vivent les exclus, notamment les gitans qui ont trouvé un refuge au fond d'une ancienne carrière ; ces gitans finalement pas si différents de nous... Bref, le fond des forêts est un lieu ambivalent.

C'est cette ambivalence qui traverse le roman de Mitchell. Celle de Jason qui voudrait ne pas être le ringard exclu du groupe des adolescents et qui en même temps n'est pas comme les autres avec son défaut d'élucotion, son amour de la poésie, sa peur de jeux violents comme les bulldogs anglais. tout en lui est fait d'attrait etr de répulsion pour ses semblables.

Celle de l'amour fraternel aussi : cette soeur qui nous agace mais que l'on aime et dont on regrette l'absence lorsqu'elle quitte le domicile familial.

Le fond des forêts est aussi un roman d'apprentissage. On suit l'évolution de Jason qui cherche à s'assimiler dans le groupe des adolescents du village et qui, peut être sous l'influence d'une critique littéraire, se rattache finalement à son être profond pour exprimer sa différence ; cette dernière lui donnant totalement valeur aux yeux des autres. Jason devient stratège par moment...

Ce roman est également subtil dans l'exposé du non dit, notamment sur les disputes du couple des parents de Jason jusqu'à ce qu'éclate la crise synonyme peut-être d'une forme de libération pour son père.

C'est également une plongée dans l'atmosphère des Costwold, des petits villages ruraux anglais et de l'époque de M Thatcher, de la guerre des Malouines.

C'est un roman qui parvient à nous transporter totalement dans la tête de Jason et qui nous offre aussi de profondes réflexions sur le secret, sur la poésie, sur l'affirmation de soi, le tout dans une langue émaillée de passage poétiques.

Bref, une très belle prouesse d'équilibriste qui nous rend vite le roman indispensable. C'est un régal !
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Aprés quelques romans d'une ampleur assez inouï, David Mitchell revient avec un roman plus intimiste, mais qui n'en demeure pas moins réussit !

On y suit Jason Taylor, un garçon de 13 ans. Celui ci vit à Black Swan Green, une petite ville. Et on va simplement vivre sa vie, et ses difficultés, lui qui est bégue. On va ainsi croiser ses amis, mais aussi ceux qu'il apprécie moins, sa famille, ses rencontres. Certaines paraîtront normales, d'autres sortir d'un rêve. Mais pourtant, tout est réelle. On vivra ainsi ses meilleurs et ses plus mauvais moments.

David Mitchell a une vraie force pour écrire des romans toujours, quel que soit leur ampleur visiblement. Car ce roman aussi touche, et pas seulement quand il fait le lien avec Cloud Atlas (en quelques pages). Il l'est régulièrement et nombreux sont ceux qui se reconnaîtront en Jason. Un enfant pas populaire, ni impopulaire, du moins au début, et qui vit chaque moment du mieux qu'il peut. Un beau roman qui, s'il comporte quelque longueur, se montre autant nostalgique qu'il doit comporter une partie d'autobiographie. Ce qui lui donne toute son honnêteté...
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Un auteur à découvrir absolument. Belle plume et récit touchant d'un jeune garçon vivant dans une famille moyenne de la banlieue londonienne.
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Coup de coeur

Intimiste, ce roman d'inspiration autobiographique nous présente un jeune garçon particulièrement touchant.

À treize ans, Jason Taylor sent que son existence est en train de changer. Entre son bégaiement qui devient problématique à l'école, l'ambiance conflictuelle à la maison, ou encore l'actualité remplie par la guerre des Malouines, il observe son entourage et perd ses repères.

Tranches de vie d'un jeune adolescent déboussolé par l'évolution qui se joue en et autour de lui, ce roman a d'abord été écrit sous forme de nouvelles que David Mitchell a fini par réunir. Une composition qui se ressent dès la fin du premier texte, avec sa chute volontairement avortée par un écrivain qui aime laisser la place aux silences et à l'imagination du lecteur. Ne m'y attendant pas, j'ai d'abord été perturbée par le procédé… mais c'était avant de tomber sous le charme innocent du jeune héros, pour qui j'ai ressenti une grande tendresse. Et puis, succomber à la plume de cet auteur, quelque soit la construction qu'il favorise, n'est jamais bien difficile.

Nous le savons, le passage de l'enfance à l'adolescence est une expérience complexe, relatée ici au plus près grâce à la confession d'un garçon qui hésite encore entre son caractère naïf d'enfant et la maturité de l'apprentissage. Digne d'un journal intime, suivre les tourments et l'incompréhension de Jason face à ses sentiments, ses blocages, ses espoirs et ses peurs, est vraiment émouvant.

Journal de bord d'un enfant du XXe siècle qui aime imaginer des aventures et se plaît à écrire de la poésie, on y trouve aussi les questionnements face à la déchirure d'une famille, l'inquiétude apportée par la guerre, la douloureuse angoisse qui s'immisce dans le coeur de toute personne victime de harcèlement, et l'envie de faire sa place malgré tout.

Dans un style bien différent de ce à quoi l'auteur nous a habitué, le Fond des forêts est une étude personnelle dans laquelle il est facile de se retrouver et une histoire d'acceptation qui s'équilibre parfaitement entre légèreté et profondeur. Un roman confession passionnant.
Lien : https://bessiesbazaar.wordpr..
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