24 juin 1965
Ma chérie Anne (...)
On attend encore le sourire qu'on aime, le sourire qui ne vient pas du souci de sourire - et on attend aussi le petit signe qui veut dire à celui qui part qu'on a de la joie en réserve pour la fin du jour, pour la nuit, pour le lendemain matin, enfin pour le temps qui se nomme solitude. (p. 313)
Juillet 1964
(...) Ce dimanche, aujourd'hui, le souvenir encore si proche de nos heures partagées m'a aidé à montrer des qualités qui ne me sont guère habituelles : patience et complaisance ! J'ai écouté des tas de discours et de balivernes avec une angélique attention. Que veux-tu ! J'avais acquis grâce à toi une telle réserve de bonheur que je pouvais bien distribuer autour de moi quelques miettes de gentillesse ! Je crois que tu me rends meilleur ! Mais il reste encore beaucoup à faire... (p. 198)
L’importance qu’a pour moi votre présence dans ma vie vous surprendrait. Ou plutôt, la signification de cette présence. Grâce à vous, Anne, mes yeux s’ouvrent à des chemins de splendeur oubliée.
J’écris au passé parce que je respecte la grammaire. Mais j’éprouve cela au présent et je crois encore que cet amour existe tel qu’en lui-même Chênehutte et d’autres lieux, y compris notre dernière traversée des Tuileries, l’ont fait.
Tu es là. J’aime te sentir proche. On y retrouve Guimard et Blondin… et Françoise Hardy. Je termine la soirée chez Lipp avec les deux premiers hommes… seulement.
Ce qui est intéressant à noter c’est l’impossibilité qui de communiquer qui s’enchaîne aussitôt sur l’humeur, comme si nous étions incapables d’entrer ensemble dans une maison dont les portes (sauf une) et les fenêtres seraient ouvertes parce qu’il nous manquerait la clef de la resserre.