Je crois pour demain comme hier à la victoire de la gauche à condition qu’elle reste elle-même. Qu’elle n’oublie pas que sa famille, c’est toute la gauche. Hors du grand rassemblement des forces populaires, il n’y a pas de salut. Il n’y a jamais eu, il n’y aura jamais de dynamique de victoire.
Depuis 1965, par un simple effet mécanique, le candidat socialiste peut atteindre dans ses basses eaux, 20 à 23%, son bon niveau se situant à 25%. C’est là son socle, le socle quasiment incompressible qui est le sien depuis que je l’ai mené là. Ainsi, le candidat de la gauche, au second tour d’une élection présidentielle, doit tout aussi mécaniquement atteindre les 46 à 48% de votants. Et même plus s’il se passe quelque chose, si par sa campagne et sa dimension personnelle le candidat de la gauche réussit à entraîner l’adhésion des hésitants.
Bien sûr, je reste lucide. Je suis conscient des rapports de forces - et j’ai dit jadis que la droite était politiquement majoritaire dans ce pays… Il y a en effet des moments, des circonstances où il faut élargir son assise en passant de nécessaires accords d’états-majors. Mais tout cela ne se fait qu’après qu’une stratégie de gauche a été dessinée, une dynamique impulsée. Il ne faut donc pas changer de cap : le rassemblement à gauche de toute la gauche.
Observez la continuité, j’allais dire : la fixité des situations politiques. Les crises qu’a traversées le parti socialiste, indépendamment des ambitions concurrentes, depuis l’échec aux législatives de 1978, ont toutes leur origine dans ce même débat : alliance à gauche ou alliance au centre. J’ai pris ma part et je continue : je considère que toute faiblesse du parti socialiste à l’égard du centre le conduit à sa perte et que cette tentation chaque fois renaissante le fragilise dès qu’elle paraît devoir l’emporter. Le parti socialiste ne doit jamais oublier que son combat, loin de se situer sur le champ politique, est d’abord et avant tout un combat contre des forces sociales, qui, elles, déterminent les conditions du combat politique
Le récit de la rivalité entre Résistance intérieure et Résistance extérieure reste à connaître. Les historiens ne s'y sont pas intéressés. Ils ont négligé les différends entre ceux de l'intérieur et ceux de Londres ou d'Alger, divergence qui, plus qu'on ne croit, à peser cinquante ans de vie politique française.
Les combats s'engagèrent à dix heures. Le temps était admirable. Comme pour saluer ce mois de juin dans sa splendeur, comme si la beauté pouvait nier le malheur, effacer la guerre et le sang, les troupes d'assaut s'arrêtèrent pour une trêve d'un instant. Morot-Sir et moi n'avions qu'à étendre la main pour cueillir les fraises des bois qui tapissaient le sol quand un obus de shrapnell explosa au-dessus de nous.
Quelque chose en moi me dictait ce comportement, quelque chose d'irréductible et que je résumerai ainsi: on ne dispose pas de moi. Orgueil, vanité, on appellera cela comme on voudra... Je ne me détermine pas par rapport aux autres ni au gré de leurs décisions. Je ne crains pas la solitude.
Vidéo de François Mitterrand