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sur 275 notes
MYSTERIEUX...
Modiano, c'est un flou artistique que j'apprécie depuis peu et je dois dire que j'ai bien aimé ce petit bouquin.
Du mystère, il y en a :
Qu'est-ce que le narrateur fout avec un diamant connu... et qui porterait malheur de surcroit ?
Et d'ailleurs, pourquoi est-il à Nice ?
Qui sont les Neal ?
Où est Sylvia ?
C'est qui ce camelot ?
Bref, on part d'interrogation en interrogation, on commence par la fin et on termine par le début. le narrateur nous prend par la main et nous entraine dans son histoire écrite à la première personne.
Les dimanches d'août sont sympas à lire un dimanche de février. On retrouve l'ambiance soleil trainante et festive du sud de la France, mais aussi celle plus sombre des bords de Marne.



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« J'avais échoué depuis quelques jours sur les bords de la Marne pour prendre des photos. »

Qui sont ces fantômes ? Où sont-ils aujourd'hui ? Sylvia... Que de questions posées par Patrick Modiano dans ce roman. le narrateur a-t-il vécu cet éclat de vie, j'en viens à douter. « Je n'étais plus qu'un somnambule... » « Pourtant, je n'ai pas rêvé » je me suis laissée aller dans les rues de Nice, un petit pincement au coeur dès qu'on me parle d'un temps où la Promenade des Anglais n'avait pas cette résonance d'aujourd'hui. « Rues mortes. » Mais surtout Modiano m'a fait découvrir la région où je suis venue me poser, ces villes, qui ont été mon angoisse car je me perdais constamment en voiture, ont eu un nouvel écho grâce à ses mots, La Varennes Chennevières, les studios de Joinville, les villas du bord de Marne... je les vois autrement et avec affection maintenant. Je me baladerai à l'avenir avec les yeux et les souvenirs de ces Dimanches d'août, illuminés par les brillants de la Croix du Sud, un petit air canaille en plus. Ça sonne. Je décroche le téléphone. Encore lui.
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Relu hier soir. Dans les années 80, on suit à Nice, Jean, un homme qui tombe par hasard sur une ancienne connaissance à lui sur un marché. le type est devenu un vendeur quelconque, loin des souvenirs de Jean qui a vécu des moments troublés avec lui et une femme dont tous les deux étaient amoureux, Sylvia. Petit à petit, par fragments et ellipses, comme sait si bien le faire Modiano avec son écriture dépouillée, le lecteur va plonger dans le passé de ces trois personnages, liés à ce qu'on soupçonne être le vol d'un bijou de grande valeur, La Croix du Sud. Parcours labyrinthique et cotonneux, ce puzzle aux morceaux choisis délicatement par Modiano, où s'esquisse une grande histoire d'amour, nous plonge tout droit au coeur de... nous-mêmes, de nos failles, de nos regrets et nos espoirs déchus. Beau.
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Cette fois encore, je ne vais pas y aller par quatre chemins pour donner mon avis : j'adore.
Dès l'entrée, Patrick Modiano nous entraîne à sa suite, comme l'habile conteur qu'il est. Il nous plonge en quelques lignes dans les trois courants qui parcourent son roman : le mystère, le mal-être et... son style.

Le mystère entre en jeu par le biais d'une rencontre. le narrateur aborde un camelot qui vend des vestes et des manteaux de cuir sur la Promenade des Anglais, à Nice. Dès les premiers regards entre eux, ont sent un malaise. Leurs paroles viendront le confirmer. On comprend qu'il se connaissent, qu'ils se sont connus dans une situation trouble. Mais aucun détail n'est donné. Seuls les mots nécessaires sont prononcés.
Or, les détails des évènements passés ne sont pas nécessaires : les deux protagonistes les connaissent aussi bien l'un que l'autre, évidemment. Par cette méthode du non-dit, Modiano atteint deux buts : rendre son récit des plus réels (et donc des plus crédibles) et nous pousser à entrer dans la peau du narrateur. En effet, dans la vraie vie, quand on revoit une vieille connaissance, on ne lui rappelle pas son nom, sa date de naissance, le calendrier précis des moments que l'on a pu vivre ensemble ni les noms de tous les autres personnages avec qui on a pu les partager. Par ailleurs, dans ce silence du narrateur (qui parle à la première personne), nous pouvons nous camper avec lui sur ses positions, observer avec son oeil méfiant l'homme qui lui fait face. le narrateur reste secret. Nous partageons ses secrets et les défendrons ensuite avec lui. Modiano nous a pris au piège par cette mise en situation si réelle et l'identification au personnage principal à laquelle il nous convie : nous pouvons continuer.
En continuant, le mystère semble se révéler. Des personnes et des lieux sont cités, des bribes du passé resurgissent. Alors, on est satisfait. On est content de s'identifier au narrateur : il semble que ce soit lui le gentil de l'histoire et il semble aussi qu'il va trouver la solution de son mystère. Mais ce n'est qu'illusion. Car d'autres mystères apparaîtront au fur et à mesure que le passé se révélera et le malaise initial ne fera que croître.

J'en arrive donc à parler du second courant dans lequel Modiano nous entraîne : le mal-être de son narrateur (notre mal-être, à nous, lecteurs pleins d'empathie pour ce pauvre homme). Ce mal-être est déjà palpable dans les premières lignes. La façon dont le narrateur s'approche du camelot montre un manque d'assurance, en plus du ressentiment à l'encontre de cet homme. Leur conversation confirmera cette impression.
Puis en découvrant un peu plus la vie quotidienne de notre narrateur, Modiano enfoncera le clou : l'homme est solitaire, habite depuis des mois un logement temporaire (une chambre) dans un ancien hôtel divisé en appartements, il occupe un emploi précaire, il semble ne pas avoir d'ami, ni d'occupation... Un sentiment de vide infini ressort de tous ces détails. le narrateur dit même, page 28, à propos du camelot : "J'aimerais lui transmettre ce sentiment de vide que j'éprouve moi-même." Et page 30, il a cette déclaration désabusée : "Il suffit souvent de quelques années pour venir à bout de bien des prétentions".
Mais il y a bien d'autres preuves de cette vacuité de l'existence de notre narrateur. Tout d'abord, les décors. Hôtels à l'abandon, cafés déserts, maisons décrépies, immeubles en cours de démolition : dans la ville de Nice décrite par Modiano seuls les symboles de solitude, de délaissement sont remarqués. Cela est révélateur de l'état d'esprit du narrateur. Deuxième point : ce mot de "narrateur", justement : je ne parviens pas à le désigner par un autre terme parce que Modiano ne m'y aide pas. Alors qu'il apporte une grande précision dans la description des lieux (noms des rues, des restaurants, des cafés, des cinémas, des magasins) il ne nomme pas son narrateur. Sauf une fois, après soixante ou soixante-dix pages. Il le laisse être tout ce temps un homme sans nom dans une ville à la toponymie ultraprécise.
Cela rejoint sa volonté de le promener uniquement dans des lieux décrépis au milieu d'une ville riche.
De plus, l'écrivain pousse même la sensation de transparence qu'il associe à son personnage en nous faisant croire, une seconde, qu'il s'appelle autrement : lors de la conversation du tout début, le camelot appelle le narrateur par un prénom, avant de se rendre compte qu'il a fait erreur. Il se justifie en indiquant qu'il a toujours confondu le narrateur avec quelqu'un d'autre. Quand on connait la suite et que l'on apprend quel lien existe entre le narrateur et le camelot (un lien qui aurait dû marquer l'esprit de ce dernier), on sent le vide devenir écrasant.
Bien sûr, on peut se dire que cette sensation de vide est une illusion dans laquelle le narrateur aime à se morfondre. On le sent peu entreprenant, on le voit naïf, presque idiot, manipulé par d'autres qui donnent à chaque fois à son existence des orientations que lui-même n'a pas voulu (et s'il les avait voulu, aurait-il été capable de les prendre, ces orientations ?). N'est-il pas un peu neurasthénique, cet homme-là ? de ce fait, ne s'invente-t-il pas des histoires de solitude et de désolation pour le plaisir de se faire pleurer ?
Mais quelqu'un qui vous appelle par un autre prénom, vous aide-t-il à vous sentir important ? Et la façon condescendante dont tout le monde s'exprime ? Et le policier qui écoute, page 140, en hochant la tête, puis raccompagne le narrateur à la porte en lui annonçant qu'il ne peut rien pour lui, comme si l'histoire qu'il racontait n'avait pas d'importance, n'était même peut-être qu'une invention ? Tout confirme à ce pauvre homme qu'il ne représente rien aux yeux des autres. Pourquoi représenterait-il quelque chose à ses propres yeux ?

Venons-en maintenant au troisième courant par lequel Modiano nous entraîne : son style. En tout cas, moi, ça m'entraîne et je nage dans le plaisir en le lisant. C'est d'une simplicité limpide, splendide et pourtant très riche. C'est précis, chirurgical : les personnages ont une consistance, une cohérence époustouflante ; les décors sont partie prenante de l'intrigue (ils aident ou empêchent la fuite, ils imposent les rencontres, les face-à-face) ; les situations et les sensations qu'elles procurent (tensions, malaises, agressivité, désoeuvrement, tendresse) sont peintes avec la finesse et la densité dont est capable un peintre hyperréaliste.

Mais en écrivant tout ça, je réalise que j'ai oublié quelque chose : l'amour. Oui, ce roman porte en lui une belle histoire d'amour. Un quatrième courant, plus profond. C'est un amour triste, un amour errant, clandestin, perdu. Un amour sur la défensive. Un amour reclus dans une solitude à deux. Sans doute le mystère et le sentiment de vide qui m'ont marqué tout au long de ma lecture ont occulté un peu cet amour. Il éclaire pourtant ce vide, de loin en loin. Et il est le fondement même de toute l'histoire. D'ailleurs, il est, comme elle, parcouru d'ombres.
A propos de la femme qu'il aime, le narrateur dit : "Je me suis rapproché d'elle et bientôt son parfum était plus fort que l'odeur de la chambre, un parfum lourd dont je ne pouvais plus me passer, quelque chose de doux et de ténébreux, comme les liens qui nous attachaient l'un à l'autre."
Lien : http://sebastienfritsch.cana..
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J'ai lu « Dimanches d'août » de Modiano y a déjà quelques temps.
Je me souviens d'une fuite éperdue et irraisonnée du couple Sylvia et Jean, un road trip avec des croisements de personnages issus du passé. Il me semble que la tension ou le suspense ne venait pas que du diamant convoité appelé « La croix du sud » en possession de Sylvia mais de l'angoisse de vivre, un peu comme si la vie devenait, avec le temps, une impossibilité. Pourtant, le couple a une extraordinaire envie de vivre et un besoin de se fondre dans l'anonymat, sans doute pour échapper aux fantômes du passé.
L'histoire, même un peu embrouillée, comme sait les écrire Patrick Modiano, apporte une satisfaction de lecture très agréable.


Challenge Nobel illimité
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J'ai un problème avec Modiano. Je le lis pourtant, mais cela se fait sans passion. Je ne suis pas vraiment accro à ses histoires, à son style. Je trouve que tous ses livres se ressemblent et j'arrive à les confondre. Je ressens un sentiment d'ennui, de lassitude pendant mes lectures, pas de surprise possible avec cet écrivain, qui est pourtant bien présent sur mes rayonnages.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Difficile de raconter un roman de Modiano sans tout dévoiler, il y a si peu de choses et qui tiennent à un fil.

Tout commence par une rencontre, ou plutôt un accrochage entre un certain Villecourt et Jean le narrateur. Tout commence comme un roman noir, un prénom de femme Sylvia, une disparition, un gros diamant, un couple d'américains fantomatiques, la fuite, la peur... L'atmosphère est trouble, tendue, mais contrairement à un polar classique, beaucoup de questions resteront ici sans réponses. Les indices, les infos sont distillés au compte goutte et dans le désordre. L'auteur nous donne peu, on ne sait presque rien des personnages, on ne connait de l'intrique que l'essentiel mais j'aime l'ambiance des romans de Modiano, j'y trouve une certaine latence, une nonchalance malgré la noirceur des thèmes. C'est le genre de roman que je relis régulièrement, je sais que ça sera rapide, que je ne serai pas déçue, vite lu vite oublié, ne subsistera qu'une sensation agréable, particulière.

http://levoyagedelola.wordpress.com/
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🌧 Nice la belle, encore. Mais racontée par un autre prix Nobel de littérature. Ce matin, il pleut sur la Prom', et c'est Patrick Modiano qui tient la plume. 

« de jour, la pluie sur la Promenade des Anglais, sur les palmiers et les immeubles clairs laissait au coeur un sentiment de tristesse. »
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Mon premier Modiano, probablement pas le dernier, j'ai aimé l'écriture détaillée mais ciselée.
L'histoire remonte le temps, détisse les fils, et nous découvrons à la fin comment le narrateur est arrivé à Nice, où il traine comme un fantôme esseulé. C'est une histoire qui laisse en suspend des éléments et qui peut donner envie de bousculer le personnage, mais si on accepte sa torpeur, on glisse avec lui dans une atmosphère ouatée agréable.
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L'histoire, même un peu embrouillée, comme sait les écrire Patrick Modiano, apporte une satisfaction de lecture très agréable.
Un roman qui m'a fait rêver : de l'amour, une intrigue aussi, des paysage réels ou imaginaires, les plages le long de la Marne sont si bien décrites. Je le conseillerais.
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