Vous avez l’allure d’un trafiquant de marché noir aux abois et votre titre de « baron » ne peut guère donner le change. Vous l’aviez choisi, je présume, en espérant qu’il vous apporterait aplomb et respectabilité. Cette comédie est inutile entre nous. Je vous connais de trop longue date. Rappelez-vous, baron, nos promenades dominicales. Du centre de Paris, un courant mystérieux nous faisait dériver jusqu’aux boulevards de ceinture ». La ville y rejette ses déchets et ses alluvions. Soult, Masséna, Davout, Kellermann. Pourquoi a-t-on donné des noms de vainqueurs à ces lieux incertains ? Elle était là, notre patrie.
Le plus gros des trois ,c'est mon père. Murraille est penché vers lui comme pour lui dire quelque chose à voix basse.Marcheret ,debout à l'arrière -plan,esquisse un sourire ,le torse légèrement bombé , les mains au revers du veston.
Il en a vu des dizaines ,comme ça ,qui se sont accoudés au bar,rêveurs ,et ont ensuite disparu.Impossible de se rappeler tous les visages.Après tout... oui.... si je veux cette photo,il me la donne.Mais je suis si jeune,dit-il ,et je ferai mieux de penser à l'avenir.
Nous aurons beau faire, nous ne connaîtrons jamais le repos, la douce immobilité des choses. Nous marcherons jusqu’au bout sur du sable mouvant.
Il ne se passe pas un jour sans que des rafles se produisent à la sortie des gares, des cinémas et des restaurants. Surtout éviter les lieux publics. Paris ressemble à une grande forêt obscure, semée de pièges. On y marche à
tâtons. Vous conviendrez qu’il faut vraiment avoir des nerfs d’acier. Et la chaleur n’arrange pas les choses.
Elle passa toute son adolescence dans un quadrilatère limité au nord par l'avenue Daumesnil, au sud par les quais de la Rapée et de Bercy. Ce paysage n'a jamais attiré beaucoup de promeneurs. Par endroits, vous vous croyez perdu au fond d'une lointaine province et, si vous longez la Seine, vous avez l'impression de longer un ancien port désaffecté. Le passage du métro aérien sur le pont de Bercy et les bâtiments de la morgue ajoutent à l'irrémédiable mélancolie du lieu. dans ce décor ingrat, il existe pourtant une zone privilégiée qui aimante les rêves: la gare de Lyon.p.74
Il n’est pas interdit de rêver au cours que prendraient nos vies dans un tel
décor. Des journées entières à lire ou à bavarder.
On est toujours curieux de connaître ses origines.
Il éprouvait cette exaspération qui vous prend toujours à vingt ans, par rafales, lorsqu’on ne sait à quoi employer sa vie. Au remords de causer de la peine à sa mère, se mêlait la colère de n’avoir que cinquante francs en poche... Ça ne pouvait plus durer.
Moi non plus, je n’aime pas beaucoup la politique. Ennuyeux, la politique ! — Rire bref. — Ce qui intéresse le public, ce sont les potins et les reportages.
Et les photos surtout ! Les photos ! J’ai choisi une formule... gaie!