Destiné initialement à une carrière dans les ordres, mais bombardé n°1 par la grâce du cochon qui a envoyé son frère aîné ad patres (encore un accident de chasse), le pauvre Louis VII a beau être Roi de France, il pèse peu en termes de pouvoir et de richesse par rapport à ses puissants vassaux.
Aussi, son mariage avec Aliénor d'Aquitaine, est a priori, une aubaine.
D'abord parce que la dame arrive avec une dot conséquente, ensuite parce que cette amatrice d'amour courtois est plutôt bien gaulée et pas trop avare de ses charmes. En même temps, venant d'Aquitaine, il était normal qu'Aliénor soit plutôt gironde.
Hélas, sous l'influence d'Alienor, Louis VII va réussir l'exploit quasi hollandien, de rater à peu près tout, en dépit des avertissements de son conseiller Suger (qui sera bientôt écarté du premier cercle pour se retrouver chef de chantier à Saint-Denis, surveillant l'érection de la future basilique).
L'album débute sur le désarroi dans lequel Louis VII est plongé face au massacre perpétré par ses troupes, à Vitry-en-Perthois à la suite du conflit entre son Royaume et le comte de Champagne. Les pages suivantes expliquent les raisons qui ont conduit à ce désastre et le rôle joué par Alienor.
Le récit de
Simona Mogavino et
Arnaud Delalande est solide et sait s'immiscer dans les failles historiques pour broder assez subtilement une sorte de légende noire.
Le dessin de
Carlos Gomez est également très agréable, avec un trait classique et précis. Il faut aussi dire un mot de la mise en couleurs. Qu'il s'agisse de
Claudia Chec pour ce 1er volume ou de
Jose Luis Rio qui la remplace pour les suivants, nous sommes face à du beau boulot.
J'ai davantage de réserves par rapport à l'ordonnancement des pages. Comme souvent sur ces séries historiques où les auteurs font face à beaucoup d'informations à distiller, le nombre de cases par page est important et conduit à des planches un peu étouffantes. Il y a bien quelques cases à bord perdu, mais cela ne suffit pas. La solution serait bien sûr d'étaler les données sur davantage d'albums, mais on comprend les problèmes éditoriaux que cela implique. Puisque j'en suis à la revue de détails, il me semble que les rires à pleines dents apparaissent un peu trop fréquemment, figeant certaines expressions.
Mais soyons francs (nous aussi), l'ensemble est très convenable et engage à découvrir la suite.