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Citations sur Jubilations vers le ciel (16)

Que la fiction est étrange. Elle n'existe jamais. C'est un peu de mémoire, rien d'autre, des souvenirs abîmés, des trous qu'on répare. Du mastic fanfaron. Je ne me souviens de rien. [...]
Je ne veux pas me souvenir. Des mettes de métal, comme des guêpes, et des flammes, je me tais. Lutter contre ces souvenirs. Ce souvenir. L'égorger. Le poignarder. Mais j'en ai trop dit pour aujourd'hui. Je me suis trop souvenu. Assez comme ça. Tais-moi.
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Les hommes, ces veaux méchants, calmes, ces mortels à l'affût. Lymphe, chair du corps de l'humain, cette matière disparaîtra en puant. Des bouches ouvertes béeront en direction des nuages, vers la pluie. Petits corps et vieux corps, gentils, éteints à la morgue, il fait bleu. Ils ont eu des rapports sexuels, et ils sont morts. Le vieillard a arrosé la vieillarde de sperme un peu chauf, après les huîtres du réveillon. Et dans les rots, renvois de sauces tragiques.
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- Allô ?
Ca y est . Quelque chose d'elle m'appartient. Deux secondes enveloppées dans un soupir d'ondes susurrées. Elle m'a donné deux syllabes et un point d'interrogation. Je retiens son souffle. Comme un poing se regerme sur l'oisillon tombé, je serre à mourir cette proie de sons inédits offerte en pâture à la collection des intimités. D'elle je possède désormais cet instant d'étonnement téléphonique pour toute la durée du monde, à jamais, et, quand le soleil rougi explosera bientôt sur l'univers, il emportera ce premier murmure d'Hélène dans les ouragans de cailloux comme une musique de politesse sur la déflagration d'Apocalypse.
- Allô ?
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Vous allez prendre vingt-cinq ans dans la gueule : les miens. Oui, c’est mon âge. La postérité me fait crédit.
Salut vieilles branches, j’ai l’âge qui fait rire le nombril des blondes sous la nuit, l’âge qui ne sait pas les heures gâchées ni n’accuse les rides si pleines de mort qui pend. Vieux scribouillards : j’ai lu vos livres, vous ne lirez pas les miens. Vos livruscules pleins de goutte et de lumbagos, crachats mauves précieux. J’ai devant moi ce qui est derrière vous, plus l’infini. L’avenir ne me donnera pas l’oeuvre ? La jeunesse me donne raison.
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Femmes et train. Beau sujet de thèse. Pleines de bagages et de charme. Où se rendent-elles ? Celle-ci, celle-là ? Et la rousse de tout à l'heure ? Où vont-elles ? Qui vont-elles rejoindre à la fin ? Un amant ? Un mari ? Une mère malade ? Un copain vache ? Une amie perverse ? Leur mystère emplit tous les wagons du monde. Leur présence. Leurs secrets. Pourquoi cette brunette salope a-t-elle précisément pris ce train, ce train et pas le suivant, ce train, celui-là même que j'ai pris moi, pas le précédent pas le suivant, non, celui-là ? Moi, je sais pourquoi je l'ai pris ce train, j'ai des raisons, mes raisons, mais elles ? Après tout, rien n'aurait été vraiment différent si elles en avaient pris un autre, ça ne peut pas être une question de vie ou de mort !

Et dire que la brunette salope est peut-être la femme de ma vie ! Elle pourrait lever la tête soudain, me demander du feu, normal, wagon fumeurs, je lui répondrais que non, que je suis désolé, que je ne fume pas. Alors, elle en profiterait pour m'adresser la parole, tendeuse de perche. Vous devez être malheureux dans cette partie du train. Non non vous savez c'est en compartiment fumeurs que l'on rencontre les jolies femmes. Ah oui intéressant et comment vous expliquez ça vous. Oh à vrai dire je ne l'explique pas vraiment je le constate surtout je ne sais pas ça leur donne une sorte de gravité un air très solennel presque froid très classe qui les fait rebondir dans la tête des hommes. Alors elle rierait, elle n'aurait jamais entendu ça, elle me sourirait, et avec un peu de chance...

Le destin ressemble à un horaire de train. Des chiffres exacts et des tableaux orange. Le hasard. Roi de l'infinitésimal, de la fraction de seconde, du presque. In extremis toujours. Ecume d'espace et de temps. Souris sournoise, accouche des montagnes. Misérable allumette, embrase le monde. Invite à l'humilité. Se plie en quatre pour déclencher les destins. A partir de rien, façonne une vie. En une seconde, parfois cent fois moins, vous trouve une femme pour la vie. Bâtit trente années sur un contretemps. Mais peut tuer : on caresse le chien une seconde de trop, et tout est fini, une Mercedes grise vous écrase. Une seconde avant, c'était la vie. Une seconde après, le bonheur continuait. Il ne fallait pas caresser Toutou.
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Toutes les promesses, tous les désirs, les orgasmes, les poèmes, les enfants, le chien content qui remue la queue près de la cheminée, tout ça pour ça, tout ça enfoui à jamais au plus profond, tout ça piétiné par des gens.

Elle danse devant moi, très belle, vingt-quatre ans, elle rit beaucoup, se dandine, sautille parfois, s'amuse. Elle rayonne, éblouit. Elle est extrêmement désirable. Le bonheur, la joie de vivre. Comment greffer sur cette beauté saoule de mouvement des mots comme: obsèques, funérailles, couronnes, cimetière, mise en bière, cortège funèbre, tombe, caveau, catafalque
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