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Citations sur Naissance (109)

"Elle était si discrète qu'elle n'existait pratiquement pas . C'était la femme la moins célèbre du monde . Il existe et ( meurt ) dans les villes acapitales , solitaires et blessées dans leur petit appartement , des femmes abandonnées , douloureuses , qui savent mieux redonner vie que la donner tout court . Les hommes de passage constituent leurs véritables enfants : l'incomparable douceur qu'elles prodiguent , sans exigence de reciproque , les transforment en secrètes saintes dont nous finissons par révérer le maquillage excessif et mauve sous les yeux , les jambes grassouillettes et courtes , la molle hanche , le regard d'epagneul implorant la pitié . Elles ne transforment pas l'amour en passe - temps , mais le temps en amour spécial , fait d'hypnotiques balancements , de silencieuses paroles et de mains serrées . [...]
Elle se promenait dans ce land comme au millieu d'elle - meme , la tête inclinée toujours , croisant au hasard de sa route les pierres tombales de quelques amants pratiquement anonymes . "
Page 409 - 410 de l'édition du Livre de Poche .
Et qu'on ne vienne plus dire que ce n'est pas de la litterature !
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Je n'avais point été formé pour la vie. Les mères ne font que nous porter, en clapotis dans leur gueule ventrale. Nous sommes les abrutis Jonas de ces baleines qui suent. Il faut avoir d'abord vécu pour apprendre à vivre.
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" L'abscence de hasard n'est pas la nécessité car la nécessité , avec ses gestes tout aussi répugnants , n'est elle -meme que le fruit du hasard . Le contraire de l'accident est un autre accident. On slalome entre les drames. On est rescapé de tout , tout le temps. Vivre , c'est mourir une prochaine fois. Ce n'est pas la vie qui est partout , mais la mort . La vie n'est qu'une figurine qu'on découpe , suivant quelques dérisoires pointillés qui s'interrompent net , sur une toile infinie tendue par des anges - les anges en lettres carrées des rabbins (Henoch devient Metatron ) , les anges de Watteau qui flottent sur l'eau du ciel ainsi que des bouées dodues . De temps en temps , le hasard attire dans sa gueule deux etres (ton père , ta mère ) initialement faits pour s'ignorer et dont l'accouplement débouchera demain sur un écrivain " page 363 -364 , édition Le livre de poche .
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Jésus est venu annoncer le règne de Dieu. Il est venu annoncer qu’il allait mettre au monde quelque chose, ou quelqu’un. Pour l’Église, la venue du règne de Dieu est impensable sans Jésus. Ce qui signifie tout simplement que – on ne le dit jamais assez – il n’y a pas d’existence possible de Dieu sans Jésus. En général, dans la vie, il n’y a pas d’enfant sans géniteur. Il n’y a pas de fils sans père. L’Évangile renverse cette formule et dit : il n’y a pas de Père sans Fils. Ce n’est plus le père qui fait le fils, c’est le Fils qui fait le Père. Et si le Fils fait le Père, il n’y a aucune raison que le fils ne fasse pas le père. Le Père n’est pas une entité chronologique qui doit impérativement, scolairement, précéder le Fils. Il y a du Fils d’abord, et du Père ensuite, même si métaphysiquement, même si théologiquement, même si spirituellement on confère au Père, créateur de Tout, une antériorité. Mais cette antériorité n’est pas chronologique, elle est métaphysique, elle est théologique. Elle est spirituelle. Il faut s’ôter les calendriers de la tête, monsieur. L’Évangile n’est pas un second Testament, mais un nouveau Testament. Cela signifie que c’est par lui qu’il faut commencer. Qu’il est nouveau en ceci qu’il est le nouveau point de départ de la Bible. Et qu’il précède l’Ancien Testament, un peu comme si on lisait Le Temps retrouvé avant Du côté de chez Swann. Le Nouveau Testament dit, implicitement, qu’il est le nouvel Ancien Testament. Et que l’Ancien Testament, dont l’antériorité n’est plus que strictement chronologique, devient de ce fait l’ancien Ancien Testament. Que dorénavant, il existe une nouvelle manière de débuter, de
commencer, que cette nouvelle manière consiste à partir de Jésus pour aller vers Dieu, autrement dit de partir du Fils pour aller vers le Père, autrement dit de partir de la Passion pour parvenir à la Création, autrement dit de partir de sa mort pour atteindre la naissance du monde. Par la mort du Christ, Dieu est créé et peut créer. Théologiquement, le christianisme fait précéder la Genèse par la Croix.
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Il n'y a plus guère que les écrivains qui lisent. Et ils lisent pour pouvoir écrire à leur tour : des livres qui ne seront presque pas, des livres qui ne seront pratiquement jamais lus ! Par personne ! Des choses imprimées en friche.
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Dans les ventres de mères on a tendance à être un peu coupé des réalités ; il faut sortir au plus vite : on aurait la tentation de rester.
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"Rien n'est mort que ce qui n'existe pas encore" (Apollinaire) : je sentais bien que je n'étais point mort, mais je sentais tout aussi bien que je n'étais point vivant. J'aimais les nouveaux départs – le départ tout court, je l'appréhendais. On n'a pas tous les jours zéro an. J'eusse aimé comprendre pourquoi on me faisait naître moi, et non un autre. L'état de planqué, de nourri, de logé dans ce ventre-là, un ventre lambda à température idéale (saturé d'odeurs de chêne pourri), me satisfaisait ; l'erreur que j'avais failli commettre était de le considérer comme une habitation définitive – les entrailles sont provisoires.
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Sans temps, pas de mort – mais sans mort, pas de vie. J'étais coincé. Pourtant la mort n'est pas le revers de la vie (me disais-je). Elle n'est pas même sa condition. La vie n'est faite que de mort. La vie, c'est la mort. Être en train de vivre, ce n'est rien d'autre qu'être en train de mourir. On ne peut mourir que de son vivant ; on ne peut vivre que de son mourant. On vit pendant qu'on meurt ; on meurt pendant qu'on vit.
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— Tout le monde, en fin de compte (commença mon père), y va de sa petite création. Les écrivains font des livres, les parents font des enfants. Faut que ça crée. Que ça turbine. Le marché de l’être humain est saturé, ceux de la littérature, de la musique, du cinéma, de la peinture, de la photo, tout autant, tout idem, tout pareil, tout jumeau : excès d’offre, surabondance de créativité. Les gens sont des vaches laitières. Ils ne peuvent pas s’empêcher de s’exprimer. De donner libre cours à leur « petite veine artistique ». Surproduction de nature, surproduction de culture ! On n’a pas le temps de lire : alors on écrit. On gratte. Tout le monde, partout, tout le temps, et que je te griffonne ! Et que je te ponds ! Perpétuelle obèse fabrication d’oeuvres, infatuation du « faire » : nul n’écoute nul, personne ne lit personne. Il y a plus de livres que d’arbres ! Plus de pages dans ces livres que de feuilles sur les branches de ces arbres ! Plus d’enfants que de parents. Aliénation par les tonnes. Par les tomes ! Les quantités tuent. Nous croulons sous les subjectivités, nous crevons sous le très pesant poids des personnalités, des particularités, des individualités, des spécialités, des unicités. C’est la dictature des différences. Déversements d’univers. Ceux qui sont « à part » sont devenus mille fois, un million de fois plus nombreux que les autres, les gens normaux, les banals, les qui ne créent pas. Le monde chie de l’exception à tout-va. Milliards de génies décrétés, de compositions essentielles, de tableaux fabuleux, de refrains divins, d’inouïs chapitres, de sculptures célestes. Pour quoi faire ? Personne ne s’arrête dix secondes pour se poser la question. Non : ça défèque ses génialités partout. Pour qui ? Mystère et boule de gomme. Créations sans public, errant dans les espaces vides, dérivant dans les cosmos inhabités, flottant sur toutes les indifférences, chefs-d’oeuvre sans chefs, disséminés sur le globe, multipliés par les artistes pullulants, fresques et sagas, sonates et films, pièces et fables, nouvelles, chansons, poèmes, solos, collages pour personne. Inédite fusion de la quantité et de la qualité. Grouillance des petites musiques, prolifération des voix. Individualité de masse ! Je te foutrais tout ce joli monde dans des trains, moi. Direction la Pologne. Tu verrais le voyage !
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On montre souvent du doigt les êtres, sombres, gothiques, ténébreux, adolescents, qui surjouent le drame d'être né. On ne parle point assez de la symétrique exagération, plus taboue, bien plus terrible, qui nous exhorte à mimer la joie de vivre ainsi que des automates et des tricheurs. Il y a une pose dans la douleur comme dans l'allégresse. Qui nous pousse à déployer chaque jour cette épuisante gymnastique du sourire, de l a bonne humeur, de la gaie gaieté. La vie n'est guère supportable. Nous sommes livrés à la comédie, pourquoi ? Et surtout : pour quoi faire ?
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