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3,74

sur 3159 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Relecture.

On ne résume plus la pièce : Orgon, un bourgeois, a recueilli chez lui un homme dans le dénuement qui lui inspire attendrissement et admiration, Tartuffe. Ce dernier lui a paru un homme de la plus grande dévotion, charité, humilité et il l'institue chez lui à la fois directeur de conscience et autorité morale.

La maisonnée commence à se rebeller : les enfants supportent mal le joug du nouveau venu, qu'Orgon voudrait voir épouser Mariane, sa fille, alors que celle-ci préfère Valère ; Elmire doit essuyer la cour clandestine de cet homme à la morale soi-disant irréprochable ; Dorine s'indigne de tout ce qu'elle voit...

La pièce est en vers mais ils apportent un rythme d'aphorisme à une mise en scène ingénieuse, parfois originale, même si certains passages souffrent des coupes voulues par le remaniement.

On n'oublie pas que la pièce a subi la Cabale des dévots et que Molière a dû la réécriture pour pouvoir la faire rejouer de son vivant (où elle remportera un grand succès). le deux ex machina final ne convainc pas... mais autant avouer qu'il me soulage tant que je "pardonne" bien volontiers à Molière ce subterfuge facile.
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Pourquoi aime-t-on Molière ? Parce qu'il est un auteur rigolo, bien sûr, qui écrit bien, qui « castigat ridendo mores » comme disent les latinistes (il corrige les moeurs en riant), qui se pose en moraliste souriant, bien sûr, tout ça on nous l'apprend à l'école, mais avouez, ce qu'on aime bien aussi chez lui, c'est le poil à gratter, l'empêcheur de tourner en rond, celui qui met le nez des autres dans leur propre… vous m'avez compris, c'est ce côté Robin des Bois qui n'hésite pas à s'en prendre aux grands et aux corrompus (y a des fois c'est les mêmes, si, si) pour défendre les petits et les honnêtes… de là des pièces comme « Tartuffe » et « Dom Juan ».
« Tartuffe » a fait l'objet d'une controverse à sa création. Et aujourd'hui, les exégètes ne sont toujours pas d'accord sur le « vrai » projet de Molière. Parce qu'en fait, il y a eu deux « Tartuffe ». le premier « Tartuffe ou l'hypocrisie », pièce en trois actes, fut représenté (avec succès) en 1664, mais le roi, sous l'emprise de l'archevêque de Paris, fit interrompre les représentations trois jours après, au motif que « Sa Majesté, pleinement éclairée en toutes choses, jugea absolument injurieuse à la religion et capable de produire de très dangereux effets ». OK, dit J.B. (Jean-Baptiste Poquelin, soit Molière à l'état-civil). Il remanie sa pièce, l'allonge de deux actes, et finalement ne peut la remettre sur scène qu'après maintes corrections qu'en 1669, et là c'est un triomphe pour « Tartuffe ou l'imposteur ».
Qu'y avait-il dans le premier « Tartuffe » ? On ne peut que l'imaginer, le texte en est perdu, nous n'avons que les réactions des uns et des autres à la représentation de ce brûlot. le but de l'auteur était clair : il voulait dénoncer les faux dévots (« l'hypocrisie » qui était dans le titre les concernait au premier chef). La cabale des dévots, menées par l'archevêque de Paris et sa « Confrérie du Saint-Sacrement » fit tomber la pièce, non pas parce qu'ils visaient des hypocrites (pensez donc, les autres oui, mais pas eux), mais parce qu'en visant les faux dévots, Molière visait aussi les vrais, et dans ce cas, portait atteinte à la religion, alors toute puissante puisque la France, représentée par le Roi, était la « fille aînée de l'Eglise ».
En fait, on le sait, Molière, dans toute son oeuvre ne vise pas des personnes, mais des comportements, des vices, des défauts inhérents à la nature humaine. Qu'il ait fait allusion à tel ou tel courtisan, ce n'est pas impossible, il était sacrément observateur, J.B., mais il était aussi diablement intelligent, et il savait jusqu'où il pouvait aller trop loin. Il a mesuré à ses dépens la haine de ses ennemis : il faut souligner aussi que les « faux dévots » qu'il dénonçait étaient aussi des adversaires déclarés du théâtre qui représentait une abomination suprême (idée qui courait déjà depuis des siècles).
L'histoire de « Tartuffe », elle est simple : Un brave homme, Orgon, pas très fute-fute, comme Molière sait nous les présenter, facilement impressionnable, tombe sous la coupe d'un hypocrite XXL, Tartuffe, qui s'octroie le beurre, l'argent du beurre, le sourire de la crémière et le coffre du crémier, bref il trompe tout le monde, courtise la femme de son hôte, spolie ses enfants, et envisage même de déposséder Orgon de sa fortune. Mais il y a une justice en ce monde…
Ce n'est pas une pièce aussi populaire que « le Bourgeois gentilhomme » ou « le Malade imaginaire », ce n'est pas une pièce aussi grave et profonde que « Dom Juan » (tout aussi sujette à polémique, pourtant), mais c'est un chef-d'oeuvre d'observation, et de moralisme : des hypocrites, nous en sommes entourés, la religion, bien sûr, est un peu moins concernée à notre époque (encore que), mais prenez les politiciens : combien de Tartuffes parmi eux, qui par-devant vous passent la main dans le dos, et par derrière vous crachent à la figure, et vous donnent des coups de pied dans le ventre ?
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Je viens de lire le Tartuffe de Molière qui est au programme des cours auxquels j'assiste à la fac. Je n'avais pas relu Molière depuis mes années lycée, il y a cinquante ans. Quel plaisir… Je vous accorde que c'est fait pour être vu et pas seulement lu mais j'ai imaginé assez facilement les jeux de scènes possibles tout au long la pièce. Et quel sens de la scène justement! A la manière dont Dorine interrompt sans cesse Orgon lorsqu'il veut obliger sa fille à épouser Tartuffe répondent les interruptions du même Orgon qui ne veut rien entendre de ce que dit son fils. La passion est aveugle et Orgon s'est véritablement pris de passion pour Tartuffe, "le pauvre homme".

Cette comédie est un peu étrange car elle manque de peu de tourner au drame au Ve acte. Jusque-là Orgon avait régenté sa famille avec la toute-puissance d'un pater familias de l'époque. La chute est à la mesure de son aveuglement et il s'en faut de peu (un deus ex machina/le roi) qu'ils ne se retrouvent tous à la rue. J'avais le souvenir d'un déséquilibre qui, de la farce du cocu ou du vieux barbon qui empêche le mariage des jeunes, nous faisait soudainement passer au drame, avec un Tartuffe qui devenait le "grand méchant absolu". En fait, les circonstances s'enchaînent et ce n'est que lorsque Tartuffe a tous les atouts en mains (donation d'Orgon) qu'il se révèle dans toute sa noirceur. Psychologiquement, ça se tient.

On comprend que tous les dévots de France et de Navarre, vrais et faux, se soient ralliés pour faire interdire la pièce. La charge est énorme - à la mesure de la puissance du parti dévot sans doute. Il faut plusieurs années et interventions royales pour qu'elle puisse être jouée librement. Finalement, il a existé en France un équivalent catholique des Puritains protestants, qui condamnaient tout plaisir - et le théâtre en particulier.

Sur ce, je vais de ce pas chercher une représentation du Tartuffe qui me mette le sourire aux lèvres.
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J'ai lu du 28/07/2022 au 30/07/2022.

C'est toujours avec un plaisir non dissimulé de lire Molière, je pensais avoir Tartuffe en papier mais je ne l'ai qu'en ebook. Il faudra que je pense à réparer cet affront pour la fan que je suis.
le Tartuffe est une pièce de théâtre qui a donné beaucoup de fil à retordre à Molière à cause des scandales suscités à sa réception. Cela a scandalisé l'église, les pieux, etc. En même temps, c'est normal car il critique directement les faux-dévots pour mieux promouvoir la vertu.
J'ai beaucoup ri, j'ai halluciné face à tant de naïveté et d'aveuglement de la part d'Orgon et de Madame Pernelle. Ils voient tellement Tartuffe comme un dévot, qu'ils le sacralisent quitte à tout perdre. C'est ce qu'Orgon risque d'avoir : tout perdre.
J'ai trouvé cette pièce assez moderne avec une belle leçon de morale.


Pour conclure, je ne peux que vous encourager de le lire sans plus attendre cette pièce qui fait partie des incontournables de Molière.

Ma note : 10/10
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1664, Molière donne à voir sa dernière pièce. Son "Tartuffe". le roi est présent, ainsi que la cour. Les religieux s'offusquent et font pression pour que les représentation suivantes soient interdites. le monarque se plie à leur demande. pendant plus de cinq ans, Molière va se battre pour obtenir le droit de la mettre en scène. Aujourd'hui, "Le Tartuffe" est devenu un classique !
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Au lycéen qui lirait ce livre par obligation scolaire et en traînant des pieds, je dirai que l'actualité replace " le Tartuffe ˮ au rang d'oeuvre comique incontournable, mais qu'au-delà, c'est un livre de combat.

Récemment en France, des esprits libres ont payé de leur vie des caricatures de la fausse dévotion tandis que d'autres sont morts pour avoir simplement manifesté de la joie et de l'insouciance fraternelle, impies aux yeux de certains.

Ces drames ne doivent rien au hasard.

On sait, au moins depuis Bossuet et Pierre Nicole qu'il y en a qui voient dans la gaieté une démarche sacrilège, au motif que le Christ n'aurait jamais ri.
On sait désormais qu'il n'est pas le seul à avoir les lèvres gercées.

Le concile de Bourges en 1584 exhortait tous les Chrétiens à "fuir autant qu'il leur sera possible, les Danses, les Jeux publics, les Comédies, les Masques et les Jeux de hasard "ˮ.
Là encore, on peut dire que la leçon a été partagée par-delà les frontières confessionnelles.

Certains comiques confondent hardiment positions courageuses et provocations puériles (sur les femmes, les homos, les cathos...).
La lecture de Tartuffe leur permettrait peut-être de mesurer la distance qui sépare des saillies convenues rebondissant sur le dos large d'une démocratie blasée, de charges courageuses qui peuvent coûter la vie à leur auteur.

Car en cette année 1664, quand Molière joue pour la première fois cette pièce comique (encore appelée l' "Hypocrite" ), les dévots sont tout puissants au sein de la Cour.
Parmi eux, Armand de Bourbon Prince de Conti qui après s'être compromis durant la Fronde, veut revenir en grâce. Il met alors fin à sa vie libertine (le fait d'avoir contracté une maladie sexuelle n'y est peut être pas pour rien) et comme tous les nouveaux (re) convertis, choisit le fanatisme.

Adepte de la pénitence et des mortifications, membre de la Compagnie du Saint-Sacrement de l'Autel, il écrit en 1667 : "la critique [de la comédie] a droit de corriger ce qui est même selon les lois les plus étroites, et les plus sévères de cet art. Comme c'est la religion de Jésus-Christ qui la guide, elle suit des règles infaillibles, et pourvu qu'elle les applique avec justesse et avec fidélité, elle ne se trompe point dans ses jugements."

L'infaillibilité des règles...On voit ce que donne l'adhésion à ce principe.

Dans ces circonstances, en utilisant le ressort comique, la forme de la farce, pour traiter les " grands" sujets qui interrogent sur la morale, Molière est aux portes du sacrilège.
Ses ennemis ne s'y trompent pas (cette pièce sera interdite pendant 5 ans avant de pouvoir être enfin rejouée).

Que contient donc ce texte pour causer autant de soucis ?

Orgon, un bourgeois parisien et sa mère Mme Pernelle, n'ont foi qu'en Tartuffe, un dévot qu'ils ont recueilli. Ce Tartuffe est proposé comme modèle de conduite aux autres membres de la famille, ce qui les désespère. Dorine la servante est particulièrement hostile à ce personnage qui contrôle et critique tout (" Il passe pour un saint dans votre fantaisie : tout son fait, croyez-moi, n'est rien qu'hypocrisie ˮ). Elle ose également une tirade (dont imagine sans peine l'effet qu'elle a du avoir sur Conti) :" [son âme] prude à son corps défendant. Tant qu'elle a pu des coeurs attirer les hommages, Elle a fort bien joui de ses avantages ; Mais voyant de ses yeux tous les brillants baisser, ...Du voile pompeux d'une haute sagesse de ses attraits usés déguiser la faiblesse....

Orgon s'est tellement entiché de son dévot qu'il envisage de lui donner sa fille en mariage, au désespoir de cette dernière. Enhardi, Tartuffe s'aventure même à lutiner Elmire, la femme d'Orgon.

Ce dernier reste sourd et aveugle et quand sa femme l'informe de l'inconduite du saint homme, non seulement il ne la croit pas, mais encore, pour manifester son entière confiance en Tartuffe, il lui offre sa fortune : " Un bon et franc ami, que pour gendre je prends, M'est bien plus cher que fils, que femme et que parents.

Alors, pour lui ouvrir définitivement les yeux, Elvire propose à son mari de se cacher sous une table pendant qu'elle fera venir Tartuffe près d'elle. Ci-fait, le dévot se précipite et se lance bientôt dans des assauts libidineux : " Mais si d'un oeil bénin vous voyez mes hommages, Pourquoi m'en refuser d'assurés témoignages ?ˮ"
D'assurés témoignages : Tudieu ! il lui propose la botte ?!

Finalement démasqué, Tartuffe tente de se venger. Devenu propriétaire de tous les biens d'Orgon, il veut le chasser de chez lui et même le faire arrêter. Heureusement, le " Prince ˮ a démasqué le complot de Tartuffe et le fait emprisonner.
Fin.

Bien sûr, Molière prend soin de préciser qu'il vise la fausse piété et non pas la religion elle-même et qu'au fond, ce Tartuffe ne cherche qu'à faire croire qu'il croit.
Pour s'assurer le soutien royal qui lui est indispensable, il n'omet pas non plus de vanter la perspicacité et le discernement du " Prince ˮ.

Mais en dépit de ces sages précautions, personne ne s'y trompe, cette pièce est un brûlot dont la forme comique démultiplie l'impact.

Aujourd'hui comme hier, les Tartuffes sont partout.
Heureusement, Molière et ceux qui ont suivi son enseignement continuent de nous faire rire en accrochant de fausses moustaches aux faces des idoles.

Incontournable !
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Cette pièce, 2 fois interdite sous la pression des dévots qui craignent qu'on doute de leur foi et qui de toute façon n'aiment pas le milieu du théâtre, est d'un modernisme époustouflant. Molière dénonce le zèle aveugle proche du fanatisme de la religion et surtout de tous les faux dévots, manipulateurs de tous poils, hommes sans scrupules, qui se jouent des naïfs comme Orgon et sa mère.
Heureusement, les autres membres de la famille gardent leur lucidité.
Malheureusement, le père détient l'autorité suprême et peut décider n'importe quoi sans rendre de compte, le mariage de Tartuffe avec sa fille Marianne par exemple. Il sera dur de lui faire entendre raison. Sa femme Elmire le convaincra de se cacher afin de découvrir la duplicité de son "ami".
Molière avait l'appui du roi. C'est donc grâce au roi que la pièce aura un dénouement heureux.
Je me suis régalée en lisant à voix haute des extraits de la pièce. Charmée par la musicalité des vers et l'emploi de mots vieillots et/ou ayant changé de sens, je crois que je vais relire du Molière dans très peu de temps
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Une pièce majeure de Molière. Comédie contre les hypocrites dévots, cette pièce drôle et âpre, tendre et cruelle, est un véritable chef d'oeuvre. Cerise sur le gâteau, cette comédie est écrite en vers de toute beauté. Que du bonheur! A lire et à voir si possible.
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Évidemment, c'est du Molière, on aime ou non. Personnellement j'ai adoré cette pièce portée par des personnages poignants et marquants (qui a, pour Tartuffe donné un qualificatif, etc. rendant le personnage encore plus intéressant). C'est sa,s doute une de mes pièces préférées de ce grand dramaturge.

Dans cette pièce de théâtre, Tartuffe est accueilli par Orgon. Une fois entré dans leur demeure, il spolie les enfants, tente de séduire la femme d'Orgon, de dépouiller la famille. S'en suivent alors de nombreux débats au sein de cette famille. Certains sont pour Tartuffe d'autres non mais la religion a toujours une place très importante dans le récit et reflète un pan de la société du XVIIe siècle.
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Voici une lecture rafraîchissante! J'éprouvais un peu d'appréhension face à cette pièce qui fait partie de ces vestiges que l'on sacralise toujours un peu trop. C'était à tort! La belle plume de Molière dépeint à merveille cette figure intemporelle de ceux pour qui "ce n'est pas pêcher que pêcher en silence".
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