Une pièce qui traite de la question du savoir, et de l'accès des femmes au savoir. Mais de quel savoir s'agit-il ? Et, cela les rend-t-il meilleures, plus humaines ? Ces questions concernent tout aussi bien les hommes même si là, les femmes sont mises en exergue.
Peu importe le sujet dans une conversation, les répliques fusent avec pour seule règle, user du bon mot pour avoir l'air érudit. Et la réalité dans tout, ça ? Un mariage arrangé par exemple…
Intéressant, même si par endroits, le recours à la satire ne m'a pas convaincu.
Commenter  J’apprécie         170
Portrait critique dune petite société se persuadant de son savoir et de compétences que seule leur snobisme entretient à leur plus grand désavantage.
Apparences et faux semblants se heurtent et rebondissent d'inepties en maladresses se voulant sciences et formules dénuées de raisons.
Le ridicule côtoient sans gêne le sérieux de ces ignorances pour le plus grand plaisir du lecteur et du spectateur.
Le talent de l'auteur resurgit une fois encore dans sa finesse de vaudeville et de farce dans sa plus grande modernité.
Commenter  J’apprécie         30
Rejeté par Armande, fille aînée de Chrysale et Philaminthe qui préfère les amours éthérées, Clitandre a reporté ses voeux sur Henriette, la fille cadette, qui n'a pas comme Armande des prétentions au bel esprit. Malheureusement pour lui, il ne trouve pour le soutenir dans cette famille que le père et celui-ci a du mal à s'opposer à sa femme, la "savante" Philaminthe qui ne jure que par les philosophes et le bel esprit. Elle s'est entichée de Tricassin, pseudo-poète que tout le monde juge des plus médiocres mais qu'elle trouve merveilleux et souhaite marier à Henriette.
Les Femmes savantes met en scène 3 "femmes savantes" et se plaît à pointer leurs ridicules préventions. Ce n'est pas la plus connue des pièces de Molière et, l'ayant découverte récemment, il me semble que je comprends un peu pourquoi. Déjà, ce n'est pas la plus drôle. On n'y trouve pas réellement de scènes dignes de rivaliser avec celle de la cassette dans l'Avare, de la galère dans les Fourberies de Scapin ou de tant d'autres scènes comiques inoubliables. Il y manque aussi, sûrement, l'abattage de personnages vraiment drôles (comme Scapin) ou l'impertinence de personnages qui remettent les pendules à l'heure, comme Dorine dans Tartuffe ou Toinette dans le Malade imaginaire. Quoique ce soit une comédie, le ton est plus grinçant que comique. Molière semble y matraquer allègrement les pédants (et les pédantes) de son époque et pointer le ridicule de leurs idées toutes faites.
Le fait qu'elle soit écrite en vers n'aide pas à la rendre très digeste.
Surtout, il me semble que ce qui rend cette pièce assez peu populaire de nos jours, c'est qu'elle semble finalement défendre une thèse selon laquelle la place des femmes est au foyer, à choyer leur mari et leurs enfants et que le savoir ne fait que les rendre insupportables de prétention, ce qui passe assez mal à notre époque. On a beau tordre la pièce dans tous les sens pour la rendre plus politiquement correcte, c'est quand même ce qui semble apparaître au premier abord. Ce serait un dangereux biais de vouloir faire épouser nos idées modernes à Molière, sous prétexte qu'il est l'un des plus grands auteurs de notre littérature et qu'on ne voudrait pas le faire passer pour un vilain phallocrate (ce qu'il était peut-être, malgré tout son talent).
En résumé : Même si ça reste toujours un plaisir de lire Molière, les Femmes savantes n'est pas ma préférée. Elle n'est pas aussi drôle que les pièces plus connues comme Les Fourberies de Scapin, L'Avare ou le Malade imaginaire, que je préfère largement. Son propos paraît beaucoup plus daté que dans d'autres pièces et plus vraiment d'actualité à notre époque.
Challenge solidaire "Des classiques contre l'illettrisme" 2019
Commenter  J’apprécie         40