Nightwork

.Patrick, 14 ans, fan de jeux vidéos, vit dans une cité, avec son frère Abdel qui sort de prison et sa mère alcoolique. Souffre-douleur au collège, il n'a qu'une seule amie, rejetée aussi par les autres, et tous deux échappent à la morosité en imaginant l'univers d'un jeu vidéo qu'ils aimeraient mettre au point, Nightwork. Mais, un événement inattendu va faire prendre un tour macabre au quotidien de Patrick.
On peut qualifier ce roman de roman noir. J'ai d'abord beaucoup aimé les personnages, tous, le principal comme les autres, pas de manichéisme, tous ont leur part d'ombre et leurs côtés touchants. J'ai aimé ensuite l'ambiance, où le suspense monte peu à peu, où des non-dits entretiennent le doute, où le lecteur est averti du pire alors qu'on aimerait tellement l'inverse !

Un réel talent littéraire ce Mondiot : à partir d'une histoire familiale compliquée (et c'est un euphémisme) dans une cité de banlieue, il donne vie à une série de personnages attachants dont le héros narrateur nous dévoile progressivement l'humanité, sans jamais tomber dans le pathos ou le cliché. En parallèle à l'intrigue, Patrick, le narrateur, se livre à une introspection parfois vertigineuse jusqu'au chapitre final, sorte d'épilogue qui annonce la renaissance.
On se trouve pris par l'histoire dont on veut absolument connaître la fin, même si on se doute que ça ne finira pas comme dans un conte de fée... Et le style superbe, l'humour et le regard décalé du héros aident à supporter la dureté du récit qui ne sombre jamais dans le misérabilisme ou la complaisance.
Bref une réussite, sur tous les plans, pour un public grand ado/jeune adulte.