Donc, il dormait comme un chérubin; certains ont la conscience piquée par la mouche tsé-tsé.
Bien des gens le jugeaient sur son apparence et le croyaient un peu neuneu. Et il aimait ça. Ne pas avoir l’air de ce qu’on est, ça permet de trier les cons.
Ces deux-là s’étaient rencontrés au boulot ; à l’époque, Clarence été l’employée de Charles Bintje -ce qui veut dire Patate-, concessionnaire automobile, spécialisé dans les voitures de sport. Rapidement, vu son savoir-faire en matière de fellation, elle était devenue son bras droit et en était tombée d’autant plus amoureuse qu’il avait un gros zizi dont il était très fier.
Les livres avaient toujours été ses amis, ses compagnons de route, l'aidant à traverser les marécages de la vie. Une fois qu'il les avait lus, il les rangeait dans sa bibliothèque. Ils étaient là, pareils à des anges silencieux qui continuaient à veiller sur lui aussitôt refermés. Et il sentait leur présence bienveillante parce que les écrivains sont immortels.
Pour Marcel Chenu, l'honnêteté menait au désastre, à l'éclat d'une vie en mille morceaux, tels ces oiseaux perdus qui viennent s'écraser contre une vitre.
Avant de repartir, Elvis voulut jeter un dernier coup d'oeil à la toile. Voir ce que l'artiste, tout en parlant, avait continué à peindre. Le bateau avait disparu. Pareil à un vaisseau fantôme.
- Vous 'avez effacé ? interrogea Elvis.
- Non, il est toujours là, caché, dans la brume, comme les morts qui nous entourent. Et comme les réponses aux questions que l'on se pose. Tout est là, bien en évidence, mais vous ne le voyez pas. Il faut retourner dans les petites maisons qui saignent et ouvrir les coffre abandonnés.
On ne se débarrasse pas des clowns, on les protège parce qu'ils sont les seuls à recoller les images de notre enfance.
Ou à les déchirer quand ils ont perdu leur nez rouge...
On devrait se lever chaque matin comme si c’était le premier matin du monde, le dernier de notre vie, et se demander de quelles contraintes il faut se débarrasser pour être heureux. Faire tous les jours un grand nettoyage de printemps… Et zou !
Il savoura cet état de grâce dans lequel il se trouvait à cet instant : un bien-être absolu, en communion avec les éléments de la nature, en empathie avec tous les êtres vivants, comme une immense caresse, un souffle d’énergie qui traverse le corps jusqu’à ne plus le sentir et qui doit être proche de ce que l’on vit au moment de la mort.
Plus aucune douleur, ni rancoeur. Rien qu’une bouffée d’amour pour la vie qui continue sous une autre forme. Poussière d’étoiles. Ou petites misères dans le grand silence des ténèbres.
Quand il avait franchi le portail du village d'art de Guillaume-le-Conquérant, il avait ressenti quelque chose de magique....
Il y avait là quelque chose d'intimement lié à l'enfance. Et donc à l'insouciance. Elvis pensait que si tu as eu une enfance de merde, tu peux toujours t'en créer une autre plus tard. Et si tu as de bons souvenirs de cette époque, ben tu la prolonges. Mais jamais il ne faut entrer dans la fosse aux serpents des adultes...