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Citations sur Le Récif maudit (9)

On le sait incorruptible car il est l'homme le plus riche de la terre étant sans besoins ...
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Page 17 - Sur un signe de Kamès je m'avançai vers la couche de Saïd, suivi d'Abdi et de Kassim. Ce dernier portait un volumineux turban blanc qu'il avait mis pour honorer celui qu'il venait visiter, sans se douter que sa blancheur allait fixer son destin : en avançant à ma suite, il traversa un rayon de soleil et le reflet de son turban illumina tout à coup la sombre alcôve. La gracieuse infirmière leva ses grand yeux vers celui qui l'enveloppait ainsi de sa lumière et leurs regards se rencontrèrent, mais un pas de plus et l'ombre retomba sur la vision. Elle avait été brève mais elle se prolongea dans leur souvenir comme l'éclatement sec de la foudre roule de longs échos à travers la forêt angoissée. Ce bref éclair avait suffi pour graver en leur cœur une image que rien n'effacerait plus. Jamais l'expression de coup de foudre ne fut mieux justifiée.
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Mon navire, en ce temps-là, n'était qu'une assez médiocre barque de huit à dix tonneaux, je n'ai jamais su au juste, un "boutre" comme disent les européens, croyant lui donner un nom africain alors qu'il n'est que la déformation du mot anglais "boat" ...
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Il est vrai que bien des crimes les liaient l'un à l'autre mais en général ce lien devient un jour corde de pendu ...
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Tandis que je regardais défiler lentement ces paysages dantesques peuplés selon mon rêve d'ombres de trépassés, je sentis passer sur ma figure un souffle qui n'était pas celui de la brise et, levant la tête, je vis tournoyer dans le rivolin de la grand-voile un oiseau noir. Je reconnus aussitôt cette silencieuse hirondelle de nuit que les marins redoutent et vénèrent comme l'incarnation d'une âme errante.
Ce curieux oiseau, de la taille d'une mouette, rappelle un peu l'hirondelle avec sa queue fourchue et ses longues ailes noires croisées sur le dos. Il semble ignorer la présence des hommes et ne pas les voir, comme si vraiment ils n'appartenaient pas au monde des vivants.Il se pose près du timonier et souvent même sur sa tête ou sur son épaule ; là il se laisse caresser et saisir sans manifester aucune crainte, ni la moindre velléité de fuite. Puis, sans hâte, il déploie ses ailes silencieuses de papillon de nuit et, comme une feuille morte emportée par le vent, disparaît dans la nuit.
Je me souviens d'un soir où, l'un d'eux s'étant posé sur mon épaule, je le pris délicatement à la main. Je ne puis oublier l'étrange impression que me fit son extrême légèreté. C'était vraiment une ombre d'oiseau, un fantôme, un être immatériel et je ne pus me défendre d'une crainte superstitieuse comme si mon geste eût été sacrilège.
Mes marins me regardèrent effrayés car aucun d'eux n'aurait osé retenir cet oiseau de l'empire des morts. Quand il se pose ainsi sur un timonier, celui-ci se garde de le chasser, car à la manière dont il prendra son vol on saura si le navire suit la bonne route. Dans ce cas il s'envolera vers l'avant ; s'il prend une autre direction il faut immédiatement y mettre le cap.
Je n'ai jamais osé en capturer un, remettant toujours à plus tard ce sacrilège, de sorte que j'ignore de quel nom latin on insulte cette mystérieuse hirondelle nocturne.
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Chacun a sa chimère qui toujours et partout nous soutient dans la misérable réalité ...
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Les cris stridents des mouettes m'éveillèrent et j'ouvris les yeux sur la profondeur du ciel où leur vol chatoyait dans le soleil levant comme une nuée d'étincelles. Les plus hardies se laissaient tomber en piqué et repartaient en frôlant le pont pour saisir au passage un morceau de poisson en dépit des cris et des menaces du mousse qui nettoyait la pêche de nuit.
Je revis les ruines de Moka d'où s'exhalait la légère fumée des feux de bois, car c'était l'heure où les femmes cuisent les galettes de dourah, et avec délices j'en respirais le parfum mêlé aux senteurs de la brousse portées par la brise de terre. Un troupeau de chèvres blanches courait sur la plage avec son escorte criarde de petits bergers tout nus, tandis que les pêcheurs chantaient leur mélopée en poussant à la mer leurs zarougs.
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Sous les voûtes de ces tables de corail vont et viennent des quantités de poissons de roche aux flamboyantes couleurs et, dans les parties où l'eau est parfaitement calme et ensoleillée, se pavanent les digails. C'est le paradisier de la mer. Il plane sur ses larges nageoires nacrées et si finement ornées qu'elles semblent vraiment être faites de plumes. Sa queue plus longue que le corps ondule comme un long voile aux couleurs changeantes tandis que la nageoire dorsale s'ouvre en éventail, irisée comme un morceau d'arc-en-ciel. Ses mouvements sont lents et rien ne semble troubler sa quiétude ; il ne s'effraie pas à l'approche d'un plongeur, mais ceux-ci savent quel piège dissimule tant de splendeur et s'éloignent en hâte. Il porte en effet de longues épines à toutes ses nageoires ; toutes sont recouvertes d'un mucilage très venimeux qui rend la piqûre très douloureuse et souvent inguérissable, mais à la queue et sur le dos il en est plusieurs qui sont creuses à ,la manière d'une aiguille de Pravaz, et celles-là sont mortelles par le venin qu'elles injectent. Il n'agit pas comme celui du serpent, bien qu'il provoque aussi des troubles cardiaques, mais il est funeste par nécrose des tissus, une sorte de gangrène propagée avec une effrayante rapidité. En moins de vingt-quatre heures, un empoisonnement du sang entraîne la mort.
Que de fois j'ai admiré ces digails dans un creux de roche où ils s'épanouissent dans l'eau claire comme une gigantesque fleur de rêve. Qui ne serait tenté de prendre à la main cette merveille qui semble s'offrir ?
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Dans ces pays primitifs, sans hôpitaux ni Assistance Publique, nul ne parle de charité, mais le passant trouve partout un gîte.
Le mendiant est inconnu, chacun partageant son pain sans attendre la prière.
Il a fallu le contact des Blancs pour créer les "Malheureux", alors qu'il n'y avait jusque là que des pauvres ; ainsi est née la Révolte
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