Nous prenons à la ligne traînante d’énormes poissons carnassiers, des monstres aux mâchoires terribles et vêtus d’arc-en-ciel. On les assomme à coups de barre de fer sur leur tête osseuse ; leur puissante queue frappe le pont, tout visqueux de leur sang et l’état nacré de leurs écailles s’éteint sur l’ordure où se débat leur agonie.
Un homme indifférent les entaillez, tout palpitant encore, pour arracher à leur ventre blanc les lambeaux de chair qui feront des appâts. D’un dernier soubresaut, ils sautent et répandent leurs tripes.
Toute la nuit, le vent s’abat sur nous par rafales rageuses faisant vibrer le navire ; je dors mal, craignant toujours que l’encre chasse, malgré qu’elle soit bien enfoncée dans le sable du rivage. Il serait peu agréable de partir en dérive de notre abri pour aller bourlinguer dans une nuit noire.
Aussitôt que l’aube commence à blanchir le ciel, nous appareillons sous un simple foc, car le vent sera violent aujourd’hui.
Pourquoi les mets-tu dans l'eau ?
- Cette eau est de l'eau de pluie absolument pure, de l'eau qui n'a jamais touché la terre, et telle qu'elle est née de l'union du feu et du ciel et des nuages blancs. Tu sais que les perles sont des gouttes de rosée tombées du ciel pendant les nuits de lune, et qui emportent avec elles, dans la mer profonde, un peu de cette lumière merveilleuse et douce de l'astre qui compte notre temps....
Nous défilons entre les grands cônes volcaniques noirs et rouges qui sortent de la mer comme des pyramides de fer. Dans l’intérieur des terres, un autre grand cône volcanique de 3000 mètres est en activité et s’entoure de vapeurs blanches. Pas un arbre sur le cône, pas une habitation aussi loin que la vue porte ; partout des champs de scories escaladent les pentes du continent. Le vent est furieux. La mer est devenue jaune à cause du mauvais temps qui remue les fonds.