l’Etat sait anesthésier le peuple, le rendre plus malléable. Toutes sortes de drogues lui sont administrées : télévision, vidéothèque, informatique, sans oublier le tabac et l’alcool qui remplissent les caisses des gouvernements. Il est bien sûr indiqué sous le poison « dangereux pour la santé » et « à consommer avec modération.
Le désert, comme le diocèse, vous ponce l’âme, vous apprend les gestes en symbiose avec le corps, une certaine lenteur intérieure.
Certains disent que la bombe atomique était le seul moyen de mettre fin à la guerre. On oublie l’enchaînement des souffrances génétiques lorsqu’on compare Nagasaki et Hiroshima avec les deux bombardements de Dresde…. Attaquer une population dans son avenir génétique, quelle grande première !
Nous compliquons trop nos existences. Mon père disait : « Nous sommes possédés par nos possessions. » Le désert nous apprend à nous soustraire des futilités et inutilités. Dans son espace, nous sommes à la limite de la survie. Les grandes cités nous submergent de superflu dans tous les domaines. Ces boutiques de gadgets, cette marée de nourriture, de vêtements. Ces maisons envahies par quantité de meubles et de bibelots. Tout cela incite les gens à posséder, acheter tout à crédit, y compris leur vacances. Placés dans une spirale infernale, ils sont dépendants de la société de consommation. Alors que la source du bonheur est en nous-mêmes. Pour certains, je crains que cette nappe phréatique ne soit tarie. Même les enfants sont blasés par un déluge de jouets.
Le nomade ignore les frontières. Sa course est ancestrale. Il suit des traces transversales pour troquer les produits de son élevage, moutons sur pied, viande séchée, fromages, beurre, artisanat du cuir. Le « paiement » se résume en semoule, dattes, sucre, thé, couvertures. Mais maintenant, ils doivent organiser leur voyage en franchissant les frontières des Etats, ce qui signifie des détours clandestins et périlleux. Les points de jonction de ces tribus ont été modifiés. Le peuple du Sahara en général se contente de sa propre culture, de sa propre civilisation. Quand à sa méthode pour se soustraire à l’ennemi, elle consiste à utiliser le terrain, la mobilité, en évitant si possible le combat. Détruire un peuple qui sait vivre en autarcie, qui souhaite l’autodétermination et pouvoir circuler librement sur quelques arpents de sable est un bel exemple de dictature gratuite.
Les gouvernements, pour résoudre le soi-disant problème du sous-développement des nomades, veulent leur sédentarisation ; autrement dit, leur mort mentale. La liberté n’est pas aimée. Parqués, ils seront neutralisés, étouffés.
Le désert, c'est aussi l'apprentissage de la soustraction.
Je fais partie de la race humaine et pourtant je dis : qu'importe si l'homme disparaît du globe. Il l'aura bien mérité ! Sa folie actuelle est telle, tant de stupidités et d'imprudence ! Il existera toujours des relais dans la nature. Dans l'évolution biologique, si une branche disparaît, elle est relayée par une autre. La nature et les animaux existaient avant nous sans avoir à supporter notre rapacité. Et l'évolution peut dessiner un cercle, lequel se refermera sur les origines neuves, c'est à dire préhistoriques.
La jeunesse est pleine de sève. La paix du soir l'habite difficilement. La sagesse est souvent une action vers la guérison.
L'ennui est un rongeur, une plaie pour l'homme. Par cette plaie s'infiltrent toutes les nuisances et non les grâces. Mais ne faut-il pas connaître la fange pour atteindre les cimes, la Lumière ?