AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,69

sur 27 notes
5
2 avis
4
3 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Alors qu'il est un jeune botaniste, océanographe et ichtyologue de 21 ans étudiant l'écosystème sous-marin côtier près de Port-Étienne, Théodore Monod se voit proposer de prendre part à une caravane devant relier Port-Étienne et Saint-Louis du Sénégal. Ce voyage signera la découverte qui décidera de la vie que mènera dorénavant cet homme passionné de déserts. Il arpentera durant le reste de sa sobre et discrète existence les déserts arides dont il tirera une philosophie féconde mais ô combien négligée, ô combien délaissée.

Ce premier voyage dans le désert décrit et fait sentir combien les conditions spartiates, les détails crus de tous les désagréments de ce périple ne font qu'augmenter la valeur et la force de sa beauté, chantée dans une langue vigoureuse d'un lyrisme mesuré, avare de moyens comme l'homme doit l'être de son énergie lors d'une telle traversée.

Sobrement, il décrit le rituel du thé, la chasse, la préparation des repas, l'avidité avec laquelle il se fait une joie d'étancher sa soif avec une eau dans laquelle, sous nos latitudes tempérées, nous ne daignerions même pas tremper le commencement du bout du petit doigt. Cette eau, il l'avale, il l'engloutit, il s'en délecte ; elle est succulente dans un endroit aussi inhospitalier. Elle grouille de choses qui nous répugnent mais elle est garante de la survie. On ne fait pas le délicat dans le désert. Tout est simple et d'une réalité à l'acuité lancinante. La fantaisie ou la tergiversation n'y ont pas leur place. le désert sait se faire rappeler au bon souvenir de l'étourdi et inscrit au fer rouge sur le corps et dans l'esprit la punition qu'entraîne la moindre infraction à ses lois immémoriales.

La vie au désert est précaire, dure, crue et illuminatrice. Il est le lieu de l'apprentissage de l'humilité et de la sagesse pour des êtres qui se croient puissants et sont en réalité si peu de choses. le voyage dans le désert est un retour aux sources des lois de l'humaine condition que notre époque essaie de nous faire oublier.

À l'heure où le genre humain commence à se dessiller les yeux sur l'urgence qui nous presse, il faut faire découvrir et partager l'oeuvre de cet homme profondément humble autant qu'il était puissamment humaniste.
Commenter  J’apprécie          440
Avant de mourir à la guerre de 14, Ernest a inventé le personnage de Maxence dans le Voyage du Centurion.
Théodore entreprend ce voyage et se met en scéne dans la peau de Maxence.

La scéne , loin dêtre déserte , est peuplée des découvertes botaniques, des perspectives de roti, des puits ou vestiges de puits et des compagnons de route.

Elle est dominée par les horizons qu'on imagine vaste et que décrit changeants le jeune écrivain.

Un livre de jeunesse ? Peut-être . Mais d'un jeune d'une étonnante maturité , singuliérement au regard de notre époque.

Etonnante aussi cette aspiration à (ré)écrire son livre de chevet, fustigé par sa "qualité littéraire" et sans doute aussi la solitude des lieux.
Commenter  J’apprécie          50
Maxence au désert est le récit de voyage d'un jeune auteur de 21 ans parti étudier la faune ichtyologique ( les poissons ) en Mauritanie, dans les années 20. A la fin de son séjour, il entreprend un voyage de 800 km à dos de chameau, de Port Etienne à St Louis du Sénégal. Il s'agit de sa première méharée (Voyage à dos de méhari ).

Maxence, botaniste, ressent l'appel du désert. Son aventure, du 14 octobre au 12 novembre 1923, a une dimension initiatique.

Il part avec une caravane de 20 personnes dont 1 seule femme, quelques esclaves noirs, et 10 chameaux. Sur le chemin, il croisera d'autres voyageurs qui l'accompagneront un moment pour certains pour ensuite poursuivre leur propre route.

Le journal du jeune homme est très précis. Il cite quantité de plantes. On peut regretter qu'il n'aie pas joint un lexique illustré. Les faux gommiers sont facilement identifiables, en revanche, l'askaf, le tarfa, le morkebé et bien d'autres échappent à toute représentation.

Maxence décrit avec force détails la cérémonie du thé à la menthe. Il mentionne le phénomène des dunes mobiles. Il est assez étonnant de le voir remarquer des empreintes d'autruches. Après recherche, il s'agit de l'espèce à collier rouge d'Afrique du Nord.

Le texte de Maxence est celui d'un scientifique. Précis, il fait un véritable catalogue de la flore et de la faune rencontrées et des paysages traversés. Lorsqu'il s'agit des hommes, l'approche est la même, dans un esprit d'anthropologie. On voit le paysage se modifier au fil de la route. Les campements sous tentes sont pittoresques. Les conditions de vie sont spartiates, et les soins aux animaux et aux hommes plutôt brutaux.

Quelques images poétiques ponctuent la narration. le désert est comparé à un océan. Au couchant, le profil des chameaux s'imprime sur le disque rouge du soleil. Des silhouettes de femmes voilées de bleu sont aperçues au loin. le texte est surtout très coloré, avec des descriptions de levés et de couchés de soleil chatoyantes.

Théodore Monod est connu comme l'un des plus grands spécialistes du Sahara au xx ème siècle. Il est aussi philosophe et théologien, antiraciste, pacifiste et écologiste. «Bien que fonctionnaire, je persiste à tort ou à raison, à me considérer comme un homme libre, d'ailleurs si j'ai vendu à l'État une part de mon activité cérébrale, je ne lui ai livré ni mon coeur, ni mon âme…" affirme-t-il. Maxence au désert illustre assez bien sa personnalité, bien qu'on n'ait pas là une oeuvre engagée, mais plutôt une vision d'ouverture sur le monde et de découverte.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (57) Voir plus



Quiz Voir plus

Voyage en Italie

Stendhal a écrit "La Chartreuse de ..." ?

Pavie
Padoue
Parme
Piacenza

14 questions
606 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , voyages , voyage en italieCréer un quiz sur ce livre

{* *}