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EAN : 9782246785286
176 pages
Grasset (25/03/2015)
3.91/5   125 notes
Résumé :
Montgomery, Alabama. Ici, être noir ne donne aucun droit mais beaucoup de devoirs. Le 2 mars 1955, dans le bus où elle a pris place, Claudette Colvin refuse de se lever pour céder sa place à une femme blanche. Malgré les menaces du chauffeur armé, des autres passagers blancs et de certains passagers noirs, elle reste assise. Neuf mois avant la célèbre Rosa Parks, Claudette Colvin, jeune afro-américaine de quinze ans est arrêtée. Elle est la première à plaider non-co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
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Imaginez que vous êtes un noir, un noir de l'Alabama, dans la "Cotton Belt", dans les années 1950... Imaginez que vous vous appelez Claudette Colvin, que vous habitez à King Hill, l'un des quartiers les plus pauvres de Montgomery et que vous êtes âgée aujourd'hui d'une quinzaine d'années... A Montgomery, dans ce bus qu'elle prend quotidiennement, une règle et une seule s'applique: les blancs ont la mainmise sur les noirs. S'il n'y a plus de place parmi les sièges réservés aux blancs, un noir doit obligatoirement laisser sa place. C'est le jeu des chaises musicales. Or, un jour, Claudette, qui aurait normalement dû se lever et laisser son siège, ne le fait pas, malgré les protestations du chauffeur qui lui ordonne de se lever et les regards accusateurs des autres noirs. Arrêtée puis jugée, elle plaidera tout de même non-coupable et attaquera la ville en justice. Elle ne sait pas encore qu'une autre femme noire, Rosa Parks, agira de la même façon, quelques mois plus tard... et l'histoire écrira le reste...

Tania de Montaigne dresse le portrait de Claudette Colvin, certes moins connue que Rosa Parks mais au geste tout aussi courageux, qui décida de ne pas laisser sa place dans le bus. Une personne qui aura marqué l'histoire même si elle restera toujours dans l'ombre. L'auteur nous plonge dans cette Amérique des années 50 et nous offre une belle leçon d'histoire. de Rosa Parks qui devient malgré elle le symbole de la lutte contre la ségrégation raciale à Martin Luther King qui n'était alors qu'un tout jeune pasteur, en passant par E.D. Nixon ou Jo Ann Gibson Robinson, elle n'en oublie pas Claudette Colvin. Elle met en lumière le rôle important qu'ont joué ces femmes pour lutter contre toutes ces inégalités.
Tania de Montaigne dénonce également le racisme quotidien auquel les noirs sont encore confrontés de nos jours... avec l'espoir que tout cela s'améliorera.

Imaginez que vous êtes Noire...
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Tout se passe en Alabama, à Montgomery, dans les années 1950. L'ouvrage retrace la vie que Colette Colvin, jeune fille « noire » alors âgée de 15 ans, qui décide un jour de ne pas laisser sa place dans le bus à une personne « blanche ».
On suit ensuite le parcours de vie courageux, inquiétant car multipliant les jugements (juges, « noirs », « blancs ») et éprouvant de cette femme.
En effet, si Colette Colvin est à l'initiative du mouvement de protestation des lois de ségrégation, à travers le bus, elle paye le prix de son audace et de son courage et ne bénéficier quasiment pas de la reconnaissance du mouvement qu'elle provoque.
L'auteure présente donc la trajectoire de cette héroïne qui rencontre la dureté, la solitude puis l'oubli en voulant lutter pour ses valeurs.
L'histoire de Colette Colvin est contemporaine des débuts de Martin Luther King comme pasteur, et de Rosa Parks comme emblème de la lutte anti-ségrégationnisme.

Premièrement, ce document possède une richesse, celle de mettre en lumière une héroïne de société, de l'Histoire, comme elle se construit réellement, c'est-à-dire par des combats à taille humaine.
Les illustrations et anecdotes dramatiques de la ségrégation et du racisme qui constellent le livre permettent, malheureusement, de se rendre compte du fonctionnement de cette société des années 1950.
En effet, si le racisme reste un fléau conséquent de nos jours, la loi ne le protège plus.

Cependant, cette quantité d'images tragiques soulève la question du contexte quotidien et relationnel qui existait dans un quartier tel que King Hill pour les habitants. Pouvait-on trouver un semblant de bonheur et de bien-être malgré tout ou était-on totalement phagocyté par la ségrégation ?

Cet ouvrage est méritant d'avoir été consacré à Colette Colvin, qui constitue un sacrifice de l'évolution, de l'Histoire. En lumière, Rosa Parks… Dans l'ombre, la vie entière de Colette Colvin au service, malgré elle parfois, de cette lutte.
Ainsi, ce livre retrace la chronologie et le cheminement de la lutte contre la ségrégation avec le symbole Rosa Parks. L'éclairage est fait sur la construction de cet emblème, soulignant le paradoxe nécessaire pour la lutte : partir d'une situation réelle mais procéder à une idéalisation, à un lissage de figure choisie, notamment ici l'effacement du passé militant de Rosa Parks et la valorisation d'un statut de simple couturière aux pieds fatigués, dans le but de défendre le droit d'exister tel que l'on est.
Le livre rappelle également que derrière ces emblèmes, des vies humaines, des femmes sont brisées personnellement, professionnellement, dans leur dignité et leur respect.

Concernant le style d'écriture, il m'a paru compliqué de cerner de qui et à qui parle l'auteure au début du livre. Nous sommes convoqués en tant que lecteur pour prendre la mesure et être impliqué au maximum dans le contexte historique et la situation de l'époque. Mais cela devient poignant lorsqu'elle finit par s'adresser à Colette Colvin au terme de l'ouvrage.
Celui-ci se termine d'ailleurs sur des éléments biographiques de l'héroïne, qui sont assez peu approfondis… A nous, lecteurs, de choisir l'histoire à laquelle on croit.
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Avec beaucoup de talent Tania de Montaigne donne voix à cette jeune fille des années 50, Claudette Colvin dans ce récit Noire, signé aux éditions Grasset.

" IL fut un temps où je n'étais pas noire. C'était avant la collision, avant l'école maternelle. IL fut un temps où j'étais simplement une petite fille de pas encore trois ans. "

Il faut faire les premiers pas en société, pour que les autres vous renvoient votre couleur. Tout commence sur les bancs de l'école et cela ne se termine plus jamais.

Claudette Colvin était une brillante élève, mais un jour, à quinze ans, son destin a basculé alors qu'elle était tout simplement assise dans un bus. Mais pas à la bonne place.

Certes elle ne fut pas l'unique femme maltraitée, violentée parce qu'elle n'était pas à la bonne place, parce qu'elle n'avait pas la bonne couleur de peau.
D'autres avant elle, d'autres après elle. Mais deux ou trois nom seulement seront retenus.
Pourquoi ?
Tatiana de Montaigne nous raconte les coulisses de l'Histoire. Je l'a remercie infiniment, c'est par des plumes sensibles, que des voix peuvent aujourd'hui être à nouveau entendues. Aujourd'hui quand nous savons mais ne voulons pas voir que le racisme est toujours bien présent parmi nous.

" IL faudrait être fou pour penser que depuis les années 1950 tout a changé, que le racisme n'existe plus, que chacun avance sans préjugés; mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir que cent reculs il y a mille avancées. "
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Cet ouvrage n'est pas un roman mais plutôt un essai historique tentant d'expliquer les faits s'étant déroulés dans les années 50 en Alabama, dans la ville de Montgomery.
Qui n'a jamais entendu parler de Rosa Parks ou de Martin Luther King ? Mais qui se souvient de Claudette Colvin ou encore Jo Ann Gibson Robinson ? Ces deux femmes ont pourtant beaucoup oeuvré pour la cause des droits humains mais leurs noms n'ont pas été retenus. La jeune Claudette Colvin est la première à avoir refusé de se lever dans un bus et à avoir plaidé non coupable ! Mais son nom est tombé dans l'oubli très vite… Tania de Montaigne a souhaité lui rendre hommage et rétablir la vérité historique sur les faits qui se sont produits.
Un gros travail documentaire a été mené et l'auteure a vraiment le souci d'expliciter les conditions de l'époque, les tenants et les aboutissants de ces affaires retentissantes. Elle retrace les faits et donnent des précisions, cite ses sources clairement, sources qu'elle a pris soin de diversifier. Elle tente de nous « mettre dans la peau » de son personnage en nous prenant directement à parti et nous poussant à réfléchir comme elle.
Le ton est original, factuel et explicatif à la fois.
Le texte est court, un format de 164 pages, donc il ne rebute pas le lecteur.
Toutefois, publié dans une collection jeunesse, je regrette qu'il ne soit pas un roman. Il me semble plus facile pour un adolescent de se sentir proche d'un personnage de roman en étant immergé dans une histoire. Je ne suis pas convaincue que le jeune lectorat ira au bout de ces pages, le style risque de le décourager. Peut-être en lycée mais difficilement avant…

Cela reste un texte instructif qui déconstruit une ou deux légendes et nous montre comment la vérité est parfois manipulée pour défendre une cause et se donner les moyens de la gagner.
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On sent l'autrice animée de la volonté de faire sortir Claudette Colvin de l'oubli et son intention est fort louable. le résultat, cependant, est un peu désordonné. le sujet est bien documenté, les sources sont abondantes et fréquemment citées, ce qui entretient malgré tout l'ambiguïté sur la place de la fiction dans ce récit.
En effet, dès le début, l'autrice s'adresse directement à nous pour nous faire voir l'Amérique des années 1950 comme si nous étions noirs. Ce parti pris intéressant est pourtant rapidement délaissé pour faire connaissance avec Claudette Colvin, qui, comme Rosa Parks mais avant elle, a aussi refusé de céder sa place à un blanc dans un bus de Montgomery, Alabama, en 1954. Elle aurait pu aussi devenir célèbre, mais toutes les conditions pour cela n'étaient pas encore réunies.
Mettre en lumière Claudette Colvin, placer le lecteur dans la peau d'un noir d'Amérique sudiste, évoquer le contexte historique et social, faire le portrait de personnalités connues ou tombées dans l'anonymat, citer ses sources authentiques, cela fait beaucoup d'objectifs pour un texte relativement court qui semble d'ailleurs plutôt destiné à la jeunesse. Peut-être que certains seront égarés en route. Cela dit, cette lecture peut être profitable à beaucoup, au moins pour donner envie d'en savoir et d'en lire plus.
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critiques presse (3)
Actualitte
10 juin 2019
Les illustrations simples et le texte très clair faciliteront l’accès à ce portrait et à cette lutte d’un autre siècle, mais cruellement d’actualité.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LaPresse
11 avril 2019
L'histoire l'a oubliée ; Noire la réhabilite. Il était grand temps. À dévorer des yeux, comme autant de petits bijoux : les dessins tout en délicatesse d'Émilie Plateau, en noir, blanc et ocre...
Lire la critique sur le site : LaPresse
BDGest
05 février 2019
Sans fard ni effet de manche, Émilie Plateau livre une adaptation réussie d'un texte dont le but est de rappeler qu'un mouvement ne naît pas spontanément et ne tient pas sur les épaules d'un seul. Mais bien par le courage et la force d'anonymes qui vivent l'injustice au quotidien.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Dans mon enfance, il n'y avait plus le visage passé au cirage noir ni la bouche peinte en rouge, Jim crow n'existait pas, c'était la France, la France des années 1980, mais un comique, blanc, qu'on voyait souvent, et que les femmes trouvaient très séduisant, avait pour habitude d'imiter un "Africain". Le personnage n'avait pas de nom, on ne disait pas de quel pays il était, c'était inutile, c'était simplement "L'Africain". Bien sûr, je pense que ce comique n'aurait jamais pensé à imiter un personnage appelé "L'Européen". D'ailleurs, si on le lui avait suggéré, il aurait ri en disant: "Ne soyez pas ridicule, l'Europe est un continent, pas un pays, un Norvégien n'a rien à voir avec un Portugais." Mais, pour l'Afrique, c'était différent, ça semblait aller de soi. Il y avait une évidence à penser qu'en ces lieux étaient regroupés des gens semblables en tout point, puisque noirs, une masse compacte et uniforme qui, d'un bout à l'autre du continent, parlait la même langue, avait la même histoire, la même géographie, le même visage.
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Pendant que j'écrivais ces pages, des policiers blancs ont fait l'objet d'une enquête pour avoir publié des photos de soirées "négros" où ils se peignent le visage en noir, portent des boubous et des bananes autour du cou ou de la taille.
Pendant que j'écrivais ces pages, le propriétaire blanc d'une équipe de basket a enjoint à sa petite amie, pourtant pas franchement blanche, de ne pas fréquenter de noirs.
Pendant que j'écrivais ces lignes, une ministre s'est fait traiter de guenon, (...) un grand jury, majoritairement blanc, a décidé de ne pas renvoyer devant la justice un policier blanc ayant abattu de six balles à bout portant un jeune noir non armé.
Pendant que j'écrivais ces mots, des milliers, des millions de gens, de couleurs, de cultures différentes, se sont rencontrés, aimés et ont fait des enfants qui brouilleront les pistes, pourtant bien balisées, de la pensée raciste.
Pendant que j'écrivais ces mots, un homme blanc marié à une femme noire et père de deux enfants métis est devenu le maire de New-York. Il faudrait être fou pour penser que depuis les années 1950 tout a changé, que le racisme n'existe plus, que chacun avance sans préjugés; mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir que pour cent reculs il y a mille avancées. C'est sur elles que je mise.

(postface)
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Mais poursuivons, suivez votre serviteur, suivez-moi, car désormais, vous êtes noir. Etre noir, contrairement à ce que l'on imagine, ça n'est pas une question de peau, c'est une question de regard, de ressenti. Ça vient de l'extérieur d'abord, de l'autre, puis le problème d'infiltre, comme une inondation sournoise, ça perce la cuirasse goutte à goutte, ça effrite par imprégnation. Il fut un temps où je n'étais pas noire. C'était avant la collision, avant l'école maternelle. Il fut un temps où j'étais simplement une petite fille de pas encore trois ans.
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Lorsque j'ai voulu vous parler, vous voir peut-être, vous m'avez fait répondre que vous ne souhaitiez plus être dérangée, que tout avait été dit, et jusqu'à présent, vous comptiez retourner dans le silence qui vous avait toujours accompagnée. Vous souhaitiez redevenir une de ces silhouettes qui parcourent les rues, sans éclat, sans susciter rien d 'autre que l'indifférence, désireuse de ne pas être à nouveau maltraitée par l'Histoire".
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Nous ne serons pas égaux tant que nous ne nous serons pas enlevé la peau l'un à l'autre.
Heiner Mülller,
La mission
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Vidéo de Tania de Montaigne
Lecture par l'autrice & rencontre animée par Sylvia Minne Festival Paris en toutes lettres
Il était une fois une femme qui avait décidé de faire le BIEN. Cette femme travaillait dans une prestigieuse maison d'édition cotée en bourse, Feel Good. Elle se disait que les livres devaient être la première étape du chemin qui mènerait au bonheur. Déterminée, méthodique, rigoureuse, elle avait décidé que sa mission serait de nettoyer chaque mot de chaque texte pour que plus jamais personne ne soit heurté dans sa sensibilité. Mais on n'efface pas les maux de la société comme on efface les mots des manuscrits. Dehors, le monde est en colère, chaque jour apporte son nouveau lot de violence, de haine, de racisme… Être Feel Good ? Quitte à se laisser aveugler par le soleil du Bien et retirer des rayons les livres qui dérangent ? Quel en sera le prix ?
« Êtres heureux et calmes, c'est ce que nous voulons tous, n'est-ce pas ? » Tania de Montaigne, Sensibilités
À lire – Tania de Montaigne, Sensibilités, Grasset, 2023.
Son : François Turpin Lumière : Valérie Allouche, assistée de Hannah Droulin Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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