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3,77

sur 198 notes
Dans La grande épreuve, Étienne de Montety s'attaque à un sujet qui a fait l'actualité, l'assassinat du Père Hamel dans son église en 2016 au nom de l'islam par deux paumés. le livre décrit leur processus de radicalisation, au fil des rencontres, des lectures, de la consultation des sites de Daech. L'un est un enfant adopté, l'autre un beur élevé par des parents intégrés, et tous deux vont glisser progressivement vers une attitude radicale et criminelle. Un des points communs est que leur famille voit qu'il se passe quelque chose mais n'arrive pas à appréhender la transformation de leur enfant.

L'histoire est intéressante parce qu'elle nous montre comment ces deux jeunes que rien ne prédestinait à la violence vont adopter une idéologie qui repend la haine et massacrer de sang-froid deux personnes âgées dont le prêtre. Mais le style n'est pas à la hauteur de l'enjeu, l'auteur complique l'histoire en ajoutant des personnages qui n'ont que peu d'intérêt, et le rythme est lent, très lent. Est-ce un parti pris pour montrer le lent processus de radicalisation ? Je ne sais pas, mais la tentation de lire certaines pages en diagonale est grande, et j'avoue que je ne m'en suis pas privé.
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Un grand roman choral !
Il n'y a pas tellement d'intrigue, nous connaissons la triste fin donnée dès le premier chapitre. Mais l'originalité de ce livre est de justement nous éclairer sur tous les évènements, petits ou grands, et réactions qui vont permettre à ce drame d'arriver.
5 protagonistes, chacun très différents et avec des parcours éloignés, vont se retrouver dans la grande scène finale.
Le processus de radicalisation est très bien retranscrit, et explique comment, petit à petit, des hommes finissent renverser leur système de valeur. L'auteur ne porte aucun jugement, mais explique.
Chaque personnage a une foi chevillée au corps, et agit en son nom, que ce soit la foi en l'Islam, en la République, ou en la foi catholique. Ce livre propose donc beaucoup de questionnements, sur l'endoctrinement, la perte de repères et ses conséquences, appuyées par les dangers d'internet. Les mots sont justes et emprunts de délicatesse.
Grosse pensée pour le Père Jacques Hamel en lisant ces pages.
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Comme pour chaque livre, la seule question qui subsite une fois la lecture achevée est de savoir s'il m'a suffisamment plu, interpellé, questionné ou émerveillé pour que je souhaite me replonger un jour dedans et parcourir une nouvelle fois ses pages. La réponse est oui, pour tout le travail autour de la psychologie des personnages, la reconstition de certaines scènes. Je recommande ce livre que je ne pensais pas lire un jour.
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L'église Saint-Michel, dans un quartier de Brandes. A l'intérieur, le père George Tellier donne la messe devant un petit groupe de religieuses et quelques fidèles. Soudain Daoud et Hicham, deux hommes en djellabas, surgissent.

Le préambule rappelle évidemment l'assassinat du père Hamel dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray le 26 juillet 2016.
L'originalité du roman est de chercher à reconstituer le parcours des principaux acteurs du drame : David, enfant adopté par une famille chrétienne, qui deviendra Daoud le révolté, converti à l'Islam ; Frédéric, petit-fils d'un migrant vietnamien, enfant sans père qui a choisi la police ; Agnès, la jeune fille libérée, qui inexplicablement a choisi de devenir nonne ; Georges, l'instituteur devenu prêtre après la guerre d'Algérie ; Hicham, petit délinquant, enfant rebelle d'une famille marocaine plutôt bien intégrée...
L'auteur nous fait pénétrer dans ces vies par les faits, sans porter de jugement. Il n'explique pas, mais fournit les clés pour que chacun essaie de comprendre. le sujet est sensible, mais il est traité avec pudeur pour ne pas risquer de blesser le lecteur.
C'est écrit simplement, sans recherche de fioriture ou d'effet de manche. L'alternance des personnages donne du rythme, de l'élan, à une narration qui aurait pu être monotone. le livre, relativement court, se lit donc facilement.
Une très belle découverte.


Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
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Ce titre est tiré d'un verset de l'Apocalypse :
« L'un des anciens prit alors la parole et me dit : Ces gens vêtus de robe blanche, qui sont-ils et d'où sont-ils venus ? Je lui réponds : Mon Seigneur, tu le sais ! Il me dit : Ils viennent de la grande épreuve. Ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'agneau. » Apocalypse 7, 13-14.
La Grande Epreuve, c'est ici, transposé dans un roman, le récit de l'assassinat du Père Hamel en 2016, dans l'Eglise Saint-Etienne du Rouvray. Mais c'est aussi celle de tous les personnages du roman et de la société en général, où des valeurs telles que la paix et la tolérance sont contestées.
L'aspect romanesque permet de prendre des distances avec l'événement. L'auteur raconte, avec subtilité, le parcours de chaque personnages sans le caricaturer ni prendre parti. Ce qui est un exercice difficile, car il ne se laisse pas submerger par l'émotion et ne se permet pas d'émettre un jugement personnel. C'est au lecteur de le faire.
Il raconte comment des destins peuvent basculer et comment la violence peut s'installer dans un environnement à priori paisible et confortable.

Les personnages :
Le Père Tellier : curé de paroisse. Un prêtre «normal » comme il en existe beaucoup. Il a fait la guerre d'Algérie, pendant laquelle il a failli perdre la vie. Jeune prêtre, il a accueilli les décisions du Concile Vatican II avec enthousiasme. Dévoué envers ses paroissiens, il se sent parfois seul et désemparé par le nombre décroissant des fidèles, qui ne demandent plus le secours de l'Eglise que pour les baptêmes, les mariages et les enterrements. Il est conforté dans sa vocation par son sacerdoce auprès des malades en soins palliatifs.
Soeur Agnès : « Petite soeur de Jésus », elle était pourtant dans les années 70, une jeune fille bien ancrée dans son époque et dans la société mouvante de ces années là . Sa vocation religieuse l'a poussée à suivre les pas de Charles de Foucauld et c'est ainsi qu'elle s'est retrouvée dans un township de Soweto. de retour en France, elle choisira de vivre dans une cité où elle s'occupera de jeunes mères et de de leurs enfants. Elle sympathisera ainsi avec des musulmanes.
Daoud : adopté par un couple de français qui l'ont fait baptiser sous le nom de David. Ses parents adoptifs l'aiment et le protègent, il a une vie confortable. Quand il découvre ses origines arabes, il les revendique en se faisant désormais appeler Daoud. Il se sent humilié lorsque des personnes lui font ressentir sa différence physique avec des français de souche. Peu à peu, il se radicalise sur internet ainsi que par des rencontres, notamment avec Hicham.
Hicham est un jeune délinquant qui ne trouve pas sa place dans la société. Il s'oppose aux membres de sa famille (ses parents et ses soeurs), lesquels se sont bien intégrés. Il subit de mauvaises influences et se radicalise en prison. Il ne supporte plus sa famille et devient l'instrument de Daech dans lequel il entraîne Daoud, jusqu'à l'assassinat du prêtre.
Frédéric, le policier. C'est le seul personnage de l'événement réel dont les media ne se sont pas préoccupés. Etienne de Montety a dû fabriquer la biographie du personnage de toutes pièces. Il est descendant d'immigrés vietnamiens, dont il est fier mais il ne revendique pas d'attache culturelle. Encouragé par sa compagne, il passe le concours de l'Ecole nationale supérieure des officiers de police. Il est d'abord affecté à la brigade des mineurs où il ne supporte plus de traiter les affaires de maltraitance aux enfants. Sportif et travailleur, il est admis à la BRI (Brigade de Recherche et d'Intervention), ce qui lui convient parfaitement.
Avec les autres personnages, le policier se retrouve brusquement confronté à l'horreur, à l'innommable : un prêtre assassiné dans son église. Comme dans une tragédie au théâtre. Mais , cette fois-ci, c'est du réel.
Tout est là dans ce livre : la société actuelle, les églises qui se vident, le matérialisme ambiant et la montée de l'intégrisme parmi les jeunes musulmans, avec tout ce que les nouveaux médias permettent et engendrent.
Sans céder au pathos, avec ce roman, l'auteur réussit à nous bouleverser et à nous inciter à nous interroger sur ce qui nous menace.



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D'un côté une religion qui doute d'elle-même, raillée, vilipendée. Une communauté de fidèles qui s'étiole, quand les vieux seront morts qui restera dans les églises, dans les monastères ?
De l'autre, une religion sûre d'elle-même et de sa puissance, qui n'accepte aucune remise en question, aucune contestation.
Celle-ci attire des paumés, ceux qui ont besoin à la fois d'obéir et de se sentir dominants, le doute, la réflexion leur sont étrangers. Les immams raisonnables, les aumoniers, sont considérés comme des vendus.
Et entre les deux, des autorités qui n'en ont que le nom.
Ce roman montre bien l'évolution des esprits, l'enchaînement des rencontres et des faits.
Dans la religion catholique, il est à remarquer que les monastères et les séminaires traditionnalistes Saint-Pie-X, dont les futurs prêtres, soutanes au vent, semblent eux aussi partager la même certitude et attirer de plus en plus de jeunes (enfin, tout est relatif...)
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Sans doute inspiré de l'assassinat du Père Hamel par deux terroristes, ce roman se lit comme un compte rendu dans le journal mais, sans susciter d'émotion avec des personnages trop superficiels pour qu'on s'émeuve de leur destin.

L'intérêt de ce livre réside dans son sujet tristement d'actualité et dans la démonstration du processus d'endoctrinement des martyrs islamistes à partir de la France.
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Un très bon roman que j'ai choisi car il a remporté le Grand Prix du Roman de l'Académie Française et que le sujet m'intéressait car très d'actualité. On suit en fait la vie quelques personnages au fil des chapitres et c'est l'aspect le plus intéressant du livre, d'où ils viennent, comment ils ont évolué, leurs joies et leurs peines, ce qui les a façonné et comment au final le destin va les réunir dans des circonstances, on s'en doute, dramatiques, dans une petite ville de France. le personnage du père George Tellier est particulièrement bien développé et les chapitres qui lui sont consacrés sont fascinants, pour qui s'intéresse un tant soit peu à la religion.
C'est très bien écrit, mené à un rythme qui nous tient en haleine, on a hâte de commencer le chapitre suivant. Je recommande fortement !
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Un roman saisissant. Étienne de Montety s'inspire de l'attentat de l'église de Saint-Etienne-de-Rouvray, l'assasinat du père Hamel. 

Le roman s'ouvre sur une église dans une petite ville paisible du Sud-Ouest de la France alors que deux jeunes hommes surgissent… Un drame se joue. Après cet incipit in medias res, l'histoire revient quelques semaines plutôt. Comment ces jeunes ont-ils basculé dans l'extrémisme ? 

On suit l'histoire d'un couple et de leur fils adoptif, Daoud renommé David. David s'interroge sur ses origines et va s'intéresser à la religion de ses origines. On suit aussi l'histoire d'HIcham, un adolescent perdu, qui à force de frime et de trafics se retrouve en prison. La prison, le lieux des mauvaises rencontres… Des insultes, des mauvaises rencontres, David et Hicham vont basculer dans la colère, la violence et l'islamisme. Aucun retour en arrière ne sera possible. 

En parallèle, on suit aussi l'histoire du prêtre, qui garde la foi malgré les épreuves de la vie, d'une religieuse et celle du policier, passionné par son métier. 

Tout se précipite jusqu'à ce que la violence éclate au milieu de cette église, un lieu de culte sacré… 

L'auteur s'interroge et nous pousse à réfléchir sur des sujets importants. L'engagement, la vie des prêtres dans la société moderne, leurs convictions et leurs tentations. La perte de repères, le malaise identitaire. Les conditions de travail des policiers et les violences auxquelles ils sont confrontés. Les dérives de notre époque. 

La grande épreuve a reçu le Grand prix du roman 2020 de l'Académie française. Un prix amplement mérité !

J'ai adoré ce roman. Poignant, percutant, intéressant… On a du mal à le lâcher et je pense qu'il va me rester longtemps en tête. 

https://www.instagram.com/ludialu/
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Que dire ? Comme le Goncourt 2018, ce roman dresse un portrait de la France contemporaine. Mais cette fois, il n'est plus question de désindustrialisation mais de désaffiliation et de terrorisme. Tirée de faits réels, la fin du roman est un coup de poing qui m'a laissé sans voix.
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