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EAN : 9782234092389
270 pages
Stock (04/01/2023)
3.69/5   40 notes
Résumé :
À la 23e World Rose Convention, en Australie, le narrateur, journaliste français dans un magazine d’art de vivre, et Barbara, reporter allemande du Die Berliner, vont éprouver la même fascination pour la présidente de l’événement, May de Caux. Cette Française au charme insolite cache une part d’ombre qu’ils vont bientôt découvrir : le passé douloureux qui la hante. De leur complicité grandissante va naître le projet d’un livre. Reste à vaincre les réticences de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Elle commence invariablement ainsi son propos : « Bonjour, je m'appelle May de Caux. Mais entre 1944 et 1945, je n'ai été que 55104. Ce n'était pas un code d'agent secret comme James Bond, mais - elle montre alors un triangle de tissu rouge portant ces chiffres - mon matricule de déportée politique à Ravensbrück. ».

Comment l'octogénaire, témoignant dans des écoles au début du XXI siècle, en est-elle arrivée là ?

C'est à Constantia, en Australie, lors de la « World rose convention » qu'un journaliste croise May qui préside la fédération mondiale de la rose. Son autorité, sa douceur, sa majesté subjuguent les participants et interpellent le reporter qui parcourt le monde pour la presse people, commet des publi-reportages touristiques chargés de provoquer un « effet waouh » en respectant la consigne éditoriale « pas de nuage sur les photos ». Son épouse l'a libéré en lui laissant un mot « moi aussi, j'aime voyager ». A Constantia notre homme rencontre Barbara une journaliste allemande.

Quelques mois après, à Paris, lors de la Panthéonisation de Valentine Royer, résistante qui fit passer la ligne de démarcation à des centaines de proscrits en étant fidèle au mot d'ordre « Les nazis, j'en veux pas », le journaliste reconnait May dans les rangs réservés aux déportés. Il se rend au siège de l'AEDF (Association d'Entraide des Déportées de France) où il apprend que la déportée à Ravensbrück le 10 juillet 1944 est née May du Bois de Saint-Rémens.

Le journaliste se rend à Saint-Rémens, dans l'Ain, près de Lyon, pour rencontrer May et Paul, son mari, ancien aviateur de l'escadrille Normandie Niémen, qui expliquent l'action du « réseau des châteaux » (romancée par Malaren dans « le sacre des impostures »), puis l'arrestation de May alors qu'elle convoyait un émetteur, sa déportation et son sauvetage en avril 1945 grâce au médecin d'Himmler qui négocie un accord avec la Suède.

Les rencontres se prolongent au fil des mois, Barbara s'y associe, et May transmet progressivement ses notes et confesse à Barbara les souffrances endurées par ces femmes irrégulières. « Ces textes sont importants, tu sais, ils racontent que la rose n'a pas été la seule cause du retour de May à la vie. Il y a eu autre chose : l'amour. Je les trouve magnifiques. Rédigés sur le vif, ils humanisent Paul et May, ils les dépouillent de - comment dis-tu ? - leur côté « grand genre », héros de la guerre, châtelains, etc. »

Nait alors l'idée d'écrire un livre, la recherche d'un éditeur, qui accepte en demandant au journaliste et à Barbara de s'effacer derrière May, puis le choix déterminant du titre de l'ouvrage … ainsi La Douceur parait et May capte l'attention des médias avant d'être sollicitée pour témoigner devant les écoliers.

Inspiré par la vie de Lily de Gerlache de Gomery, ce roman honore les sacrifices des résistantes et déportées et analyse leur difficile reconstruction physique et psychologique après les épreuves des camps. Il témoigne de la difficulté de témoigner car raconter c'est revivre l'horreur.

Etienne de Montety, en insérant Barbara, une allemande, dans la trame du roman, évoque « La rose blanche » et le sacrifice de Christopher Probst, Hans & Sophie Scholl qui furent victimes aussi du nazisme.

Paul de Caux en demandant au commandant Jean de Pikkendorff d'être son témoin de mariage ressuscite un instant Jean Raspail pour le plus grand bonheur des lecteurs et permet au romancier de montrer la genèse d'une oeuvre (archives, bibliothèques, enquêtes, témoignages).

Récompensé du Prix Jean d'Ormesson 2023, « La Douceur » poursuit une oeuvre dont j'ai déjà apprécié « Honoré d'Estienne d'Orves. Un héros français », « Des hommes irréguliers » et « La grande épreuve ».
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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P 252 May, Barbara et le narrateur se concertent pour trouver un titre au ci présentement livre. La rose de May, la rose m'a sauvé, finalement ce sera la douceur. Ravensbrück m'aurait bien plu, plus simple de compréhension mais moins porteur d'avenir soit, mais n'ayons pas la prétention d'empiéter sur la liberté de l'auteur.

Le narrateur qui n'est pas Etienne de Montety bien qu'ayant le même âge la cinquantaine et le même métier journaliste, en reportage en Australie où on doit élire la plus belle rose de l'année, rencontre une collègue allemande la trentaine, plus que jolie et prénommée Barbara. Les deux futurs tourtereaux du moins le supposai je malgré 20 ans de moins mais l'auteur est libre de son titre tout autant que de ses désirs, les deux futurs co-auteurs tombent en fascination devant May de Caux.

May, 70 ans mais en en faisant 15 de moins, altière, belle, charismatique, présidente du nom de la rose, tait un mystère que le narrateur et Barbara réussiront à percer. le temps a passé et devoir de mémoire bien que l'éducation nationale ait tendance à maltraiter entre autres et justement l'histoire.
May faisait partie d'un réseau dit des châteaux. Proche de la Suisse, des châtelains avaient en effet organisé une filière de passation. Messagère May fut bêtement arrêtée lors d'un contrôle et déportée à Ravensbrück. La douceur raconte ses 9 mois de calvaire avant sa libération par la croix rouge. Hommage d' Etienne de Montety à Kersten médecin qui soignait Himmler et réussit à obtenir de lui le salut de nombreux convois de déportés.

Quelle est la part de fiction dans les récits transmis au narrateur par May. Ecoutant une interview Etienne de Montety, c'est en effet largement inspiré des écrits de Lily de Gerlache et de Yves de Belloy.

Quelques commentaires.

Intéressante l'idée de trois générations, 70, 50, et 30 ans, mais guère si ce n'est pas du tout exploitée.

Peut on tout dire, tout écrire assurément non pour différentes raisons, culpabilité à divers niveaux dont celle telles les victimes d'attentats de se sentir responsable de ce qui leur est arrivé ou encore de s'en être réchappé et pas les autres, choix du silence afin de ne pas raviver la souffrance. Raisons du ressort de l'intime chacun ayant ses limites le concernant. Peur de ne pas être compris et autres raisons encore. Entre en savoir plus et respect des témoignages, le respect s'impose.

La trame. La coalition narrateur Barbara pour convaincre May et écrire un livre. Pourquoi pas.

Le côté fleur bleue narrateur Barbara, pourquoi pas.

La sensibilité d'un homme est elle suffisante pour raconter le calvaire des femmes en camp de concentration ?

La douceur. Je vous laisse découvrir le pourquoi du titre.
Un témoignage de jusqu'où peut aller l'atrocité humaine. Mais témoignage aussi et à contrario de ces valeurs d'entraide et de fraternité sans lesquelles nous n'existerions plus.
Et une description des psychologies humaines allant du pire au meilleur.

La phrase de la fin comme j'aime bien à les citer.
La douceur, c'est ce qui nous pousse aujourd'hui l'un vers l'autre ( les tourtereaux ) dans un élan dont j'avais oublié la force. On peut lui donner un autre nom.
Fleur bleue vous disai je.
PS la rose peut avoir toutes les couleurs sauf le bleu.
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Le personnage principal et narrateur est journaliste. Il se rend à la Convention Internationale de la Rose en Australie. Il y rencontre Barbara, une journaliste allemande, et tous deux sont happés par le charisme de la présidente française de l'événement, May de Caux.
Ils vont s'atteler à découvrir les mystères qui l'entourent, elle, la résistante, la survivante de Ravensbruck qui n'a jamais parlé...

"La douceur" est un condensé de douceur certes.
La plume est fluide. L'intrigue est finement menée. L'histoire est racontée de manière très sensible sans mièvreries.
"La douceur" est également un condensé de douleur.
Celle qu'ont endurée tous les hommes et femmes persécutés pendant la 2eme guerre mondiale. Celle de l'horreur des camps. Celle de May de Caux, enfouie. Celle que May de Caux va devoir surmonter pour libérer sa parole, se libérer.

Ce n'est pas un roman alambiqué.
Ce n'est pas un thriller.
C'est un roman porté par le rythme doux de l'éclosion des fleurs, par la douceur du parfum des roses.
C'est un roman qui met la littérature, l'écriture, la mémoire indispensable en avant. Et c'est beau, et c'est doux.

Je conclurai en citant une phrase du roman prononcée par le narrateur : "Aujourd'hui, les livres forment les jalons de ma vie. Après tant d'années, je me souviens des meilleurs moments de ma carrière grâce à eux, comme d'autres se rappellent leurs vacances grâce au tube d'un été."
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Un très beau livre et une histoire terrible. Cela commence avec les roses et peu à peu, nous entraîne dans un camp de concentration.
C'est l'histoire d'une rencontre entre un français voyageur dans le cadre de son métier de journaliste (un ex petit garçon trimballé par son père, toujours en pensionnat pour cause de divorce et une mère, repartie dans son pays natal), d'une journaliste allemande d'un grand quotidien et d'une belle dame âgée qui aime les roses et qui les aime pour une raison très précise: elles l'ont sauvé.
J'ai beaucoup aimé ce livre : l'écriture est élégante, le vocabulaire précis, les mots justes. Je remercie les Editions Stock et NetGalley de m'avoir permis de découvrir ce texte.
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Le narrateur, un journaliste français, est envoyé en Australie afin d'assister à la 23ème convention mondiale des roses (Word Rose Convention). Il y fait la connaissance de Barbara, une jeune femme allemande, reporter au journal « Die Berliner ». Tous deux vont être fascinés par May de Caux, présidente de cet évènement, dont l'élégance et la personnalité ne les laisseront pas indifférents. Peu à peu, ils parviendront à faire plus ample connaissance avec cette femme dont ils vont découvrir le passé de résistante puis de déportée. La richesse de ses souvenirs et le devoir de mémoire vont inciter ces deux journalistes à convaincre May de la nécessité de témoigner, ce qui lui était jusqu'alors impossible. Grâce à de longs entretiens et à la lecture du journal qu'elle a tenu depuis son retour de Ravensbrück, va s'esquisser la rédaction d'un livre pour lequel les « co-auteurs » vont chercher un titre adéquat: ce sera « la douceur ».
Un très beau livre inspiré de l'histoire de Lily de Gerlache de Goméry, qui évoque avec respect et pudeur le courage de ces femmes entrées en résistance ainsi que les séquelles morales qu'a entraîné leur déportation et qui ont impacté toute leur existence. Une plume claire et fluide au service d'un très bel hommage.
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critiques presse (1)
Lexpress
23 janvier 2023
Le Parti socialiste n’a pas le monopole de la rose. Dans La Douceur, le dernier livre d’Etienne de Montety, une certaine May de Caux est l’une des meilleures spécialistes de cette fleur.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Alors que nous finissions la rédaction d'un premier jet, May ma envoyé un court texte de sa composition. Le titre m’a sauté aux yeux : « Merci Ravensbruck». Une cinquantaine de lignes denses où elle exprime avec ses mots ce que cette expérience lui a apporté. J'y ai retrouvé l'écho de nos conversations.

«Dans l'univers concentrationnaire, les règles de la vie en société n’existent plus, les détenus sont contraints d'en réinventer d'autres, dans l'urgence, parfois la violence. Ceux qui espéraient que le bon sens et la justice prévaudraient ont déchanté, souvent ils sont morts. La vie m'a conduite à côtoyer des gens modestes et des princes. La fermeté, la droiture de l'âme ne sont pas toujours là où l'on serait en droit de les attendre. Encore aujourd'hui, je ne suis pas longue à juger ceux que j'ai en face de moi. Après tant d'épreuves, j'ai placé très haut la fraternité et la solidarité, ces deux notions grâce à quoi je dois d'avoir survécu. Mon carnet d'adresses est composé d'amis des années de la déportation mais aussi du retour. Ceux qui m'ont tendu la main, ceux qui ont accepté mes silences et ma fragilité, ceux qui m'ont aidée à franchir un à un les paliers de la renaissance. Ils ne sont pas si nombreux.

Effet pratique d'une épreuve : nous révéler à nous-même. Je n'ai pas suivi d'études supérieures, à l'époque rares étaient les jeunes filles qui allaient à l'université. Les mois que j'ai passés à Ravensbrùck m'ont servi de formation, dans la souffrance. J'y ai connu la cruauté et la plus haute humanité, j’ai côtoyé des monstres, des héroïnes et des saintes. J'y ai appris ce qui fait la valeur d'une vie. Alors, au terme de mon existence déjà longue, tandis que les ombres s'allongent, je veux risquer un mot : Merci Ravensbrùck. »
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Je n'ai pas encore parlé de ce compagnon important de mon existence d'alors : mon chapelet. Lors de mon arrestation, j'avais ma médaille de baptême autour du cou. Pendant l'interminable voyage vers l'Allemagne, alors que nous mourions de chaud, je la suçais comme un enfant et ça me faisait venir la salive à la gorge. Elle m'a été confisquée en arrivant au camp.

Je me suis alors fabriqué un chapelet avec des brins de laine bleu clair et blancs (les couleurs de la Vierge) que j’avais troqués, tressés, noués, Chaque noeud représentait une dizaine d'Ave Maria. À l'extrémité, j'avais attaché une petite croix de bois sculptée le soir, après la journée de travail. Une croix de Lorraine. Renée s'en était bien amusée.

- Une croix avec deux traverses; ton chapelet est-il bien catholiqne ?

- Parfaitement. (J'avais répondu sans hésiter à Renée.) La première, ce sont les bras de Dieu enserrant l'humanité; la seconde, ceux des hommes. Ce sont les nôtres, Renée, ils sont grands comme notre amitié.

- Ceux de Dieu sont donc plus petits que ceux des hommes, m'avait-elle fait remarquer. Ta théologie est bizarre. May. Ce que j'en dis... moi, je suis communiste.

- C'est un effet de perspective, Renée. Dieu est plus loin, mais il n'est pas moins présent.
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Le soir, nouvel appel, puis retour au block. Je me débarbouillais tant bien que mal, la sueur, la saleté s'étaient infiltrées partout, dans mes vêtements, mes ongles, dans les plis du corps, les cheveux. Avec les poux, c'était mon souci quotidien. Il régnait une animation pas ordinaire, chacune vaquait.

Après coup, je dirais qu'un petit air de gaieté flottait. Et puis soudain, une haie se forma. Henriette, Lucienne, Renée, Manette, Suzanne, Jeanne entonnèrent un «Joyeux anniversaire ». Sourires, tapes affectueuses sur les épaules, embrassades. Et dans une Schussel, notre précieuse gamelle d'émail rouge, un « gâteau » : nous appelions ainsi des morceaux de pain recouverts de margarine et de marmelade par-dessus quoi étaient plantées des allumettes. Sur un morceau de papier, des brins d'herbe formant le chiffre 20. Quel cadeau ! Mes amies avaient patiemment récupéré des ingrèdients, pour me réserver cette belle surprise. J’en pleurais. « Ce n’est pas le jour, May. »
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- Vous avez dit « Normandie-Niémen » ?

- Ce nom ne vous dit rien, bien sûr...

- Si : les aviateurs français engagés aux côtés des Russes. Disons que je découvre que vous n'avez pas fait la guerre comme tout le monde. Paul de Caux a éclaté de rire.

- Qu'est-ce que c'est que « la guerre comme tout le monde » ? Chacun l’a faite comme il a pu, selon les circonstances, et plus rarement, selon sa conscience.
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Avant de passer à table, Paul m’a servi un verre de whisky. Il me parle de ce qu'on a appelé dans la région le « réseau des châteaux». Un groupe de résistance constitué par des propriétaires terriens farouchement anti-allemands. Le chef en était Gilbert Terrail, un royaliste, militant de l'Action française. Après l'armistice, tous croyaient au partage des rôles entre le maréchal Pétain et le général de Gaulle : à l'un, la négociation avec les Allemands ; à l'autre, la poursuite de la guerre. De Gaulle n'avait-il pas dédié son premier livre à son chef ? Paul se rappelait l'envoi :
- C'est curieux la mémoire, quand on est jeune on imprime à vie, même des choses subalternes : « Car rien ne montre, mieux que votre gloire, quelle vertu l'action peut tirer des lumières de la pensée. »
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