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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pour son septième ouvrage en sept ans, l'ancien directeur de la Poste de Saint-Etienne devenu auteur nous transporte en Haïti, avec le premier volet d'un diptyque entre roman et documentaire.


Depuis que le grand-père a dû se résigner à quitter son maigre champ pour tenter sa chance en ville, la famille Fontaine vit encore plus misérablement au coeur de la Cité Simone, le plus grand bidonville poussé à proximité de Port-au-Prince, sur son immense décharge sauvage. Pendant que Toussaint, leur père, trime sur le port pour quelques gourdes quotidiennes – soit quelques grosses moitiés de centimes d'euros – et lorsqu'ils n'accompagnent pas leur mère Olivette dans les corvées d'eau ou, pour moins de gourdes encore, dans quelque emploi à l'emblématique Marché en fer de la capitale, Calixte et sa petite soeur Daniya fréquentent à tour de rôle l'école primaire du Père Céleste, la seule classe ouverte et fonctionnant par roulement.


Calixte est intelligent et motivé. Mais, même avec l'aide du Père Céleste et le parrainage d'un couple français – occasion de reconnaître l'auteur sur l'une des photographies qui agrémentent le livre –, réussira-t-il à échapper à la précarité du bidonville, aux gangs qui rendent le pays aussi dangereux qu'une zone de guerre et à la violence des Tontons Macoutes ? Egrenant joies et tragédies, le parcours romancé du garçon est l'occasion d'une immersion haute en couleur, rythmée par le phrasé créole, dans la vie quotidienne haïtienne des années 1970 et 1980, le tout abondamment complété de notes souvent frappantes retraçant le contexte historique et culturel du pays.


Si ce parti-pris narratif pourra laisser le regret purement littéraire d'une documentation un peu trop scolairement visible et pas assez intégrée au roman – écueil déjà rencontré sous une autre forme dans un livre précédent de l'auteur –, l'on est autant emporté par la plume fluide et concise du versant romanesque que par l'intérêt tout journalistique du reportage qui l'accompagne. Il faut dire que les observations saisissantes ne manquent pas au tableau, à la fois dramatique et pittoresque quand il s'agit respectivement de la situation du pays et de ses particularités culturelles. Et puisque le récit s'achève pour certains personnages mais commence pour d'autres, l'on frémit d'avance de leurs futures épreuves, puisque le second tome verra sans nul doute le terrible tremblement de terre de 2010.


Entre roman et reportage, ce livre court et agréable mêle utilement information et agrément pour un panorama sensible et réaliste du Haïti des Duvalier.


Un grand merci à l'auteur et Babéliote Yves Montmartin de m'avoir offert son livre.
Lien : https://leslecturesdecanneti..
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« L'eau est si précieuse que nous l'utilisons avec parcimonie, j'aime bien ce mot 'parcimonie', c'est le père Céleste qui m'a expliqué ce que cela veut dire. Gratitude dit que je parle déjà comme un professeur. Nous devons économiser l'eau, alors le matin avant de partir travailler au port, Toussaint remplit à moitié la cuvette en plastique jaune dans laquelle Manman Olivette lave ses légumes. Il se débarbouille vite fait le visage et les mains. Cette eau servira à toute la famille pour faire une toilette de chat. »

Nous sommes à la cité Simone en Haïti dans les années 1980.

Mon frère aîné a vécu ses cinq premières années avec le même souci d'économie de l'eau dans une toute petite maison sans eau courante en bordure de forêt. Ma mère allait chercher de l'eau potable à une source qui coulait en filet, elle remplissait quelques contenants qu'elle ramenait à l'aide d'une brouette sur un parcours d'environ 1 kilomètre. Une eau rationalisée ensuite dans sa consommation avec la même méthode d'utilisation multiple de la cuvette d'eau au moyen d'un « parcours » allant du moins sale au plus sale. Nous étions en France au début des années 1960.
Je n'ai pas connu cela car j'ai eu la chance de grandir dès ma naissance dans une maison avec eau courante. J'ai toutefois été élevée avec la notion du caractère précieux de l'eau, comme du reste d'ailleurs. Je suis reconnaissante envers mes parents pour la transmission de cette valeur qui, loin d'être ringarde, est essentielle pour le bien-être de notre planète avec une utilisation parcimonieuse de ses ressources. Je pense que nous sommes tous d'accord sur ce point :)

Cependant, le parallèle que je cite en exemple s'arrête là car le tome 1 d'Hispaniola, c'est tout autre chose. C'est un voyage en Haïti dans les années 1980 au coeur de la cité Simone, un bidonville fait de kabanns à l'image de celle que l'on voit en couverture. Mais cela n'a rien d'un circuit touristique, c'est plutôt un reportage en zone sensible, un territoire francophone en proie à une dictature où règnent corruption, violence, grande pauvreté.
L'auteur nous plonge avec brio dans cette ambiance au moyen de l'histoire de Calixte, un enfant de ce bidonville, qui forme le désir de s'extirper non seulement de sa condition mais surtout d'un avenir tout tracé où il ne ferait que vivoter sans jamais nourrir l'espoir d'une vie meilleure. Il rêve de devenir professeur. Mais selon son copain Gratitude, « pas besoin d'être pwofesè pour vendre du poisson séché ou pour laver des légumes. Il suffit de savoir compter et de sourire ! ». Quant à sa Manman Olivette, elle lui dit que « personne dans le quartier n'a le certificat d'études, ce n'est pas avec des bouts de papier qu'on fait bouillir la marmite ». Elle pense que « sètifika a nan syans, li fè slackers ! (le certificat d'études, ça fait des fainéants !) ».

Le roman est court mais très riche en informations car il dresse un portrait très complet de la vie à Haïti, les croyances, les coutumes, le créole (toujours traduit dans le texte), l'insécurité, l'école etc...
Il est complété d'une partie documentaire dont chaque portion figure en fin de chapitre venant éclairer le texte. Riches et passionnants, ces passages documentaires ont toutefois rompu le fil de ma lecture du roman, me maintenant un peu à distance des personnages et des émotions. Au bout de plusieurs chapitres, j'ai donc décidé de laisser reposer le livre pour le reprendre quelques jours plus tard dans sa partie roman uniquement, puis documentaire ensuite. le tout, lu de cette manière, m'a emportée, l'histoire de Calixte est particulièrement touchante, celle d'Haïti également. C'est le coeur serré que j'ai refermé ce livre, j'ai poursuivi avec des recherches sur le net pour en savoir encore plus. Guère plus finalement, car l'auteur a réussi son objectif cité en 4e de couverture.
J'ai également consulté les clichés de la photojournaliste Maghan Dhaliwal réalisés à la cité Soleil (anciennement cité Simone) en 2012. Des images saisissantes qui complètent ce docu-roman.

Je remercie @magielivre en particulier pour ce voyage que j'ai réservé sitôt lecture faite de son billet, ainsi que les babelcopines dont les billets ont suivi:)
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J'attendais un roman, c'est différent. A la fois, roman, témoignage et documentaire sur cette île en perdition, Haïti, à travers l'histoire romancée de Calixte Fontaine, jeune garçon né en 1960.

J'ai regretté au départ cette alternance de pages consacrées à l'histoire de Calixte et de ces notes qui documentent des points de l'histoire d'Haïti en relation avec le chapitre qui précède. Je trouvais aussi que l'histoire de Calixte était un peu dépourvue d'épaisseur, se limitant trop à l'énoncé de faits, abordant trop peu les sentiments, les émotions.

J'ai vite changé d'avis et j'ai été servie en matière d'émotions. J'ai eu souvent le coeur serré en lisant et je suis admirative devant le courage de ce petit bonhomme qui va suivre son rêve, et les quelques photos et documents qui enrichissent le texte me l'ont rendu encore plus réel.

J'ai aimé découvrir ces mots de créole et les dictons savoureux, j'ai aimé découvrir le vodou, vaudou haïtien, qui est loin des images horrifiantes que l'on a souvent en tête en entendant ce mot, j'ai aimé les visites du grand-père à son petit-fils et les conseils judicieux qu'il lui donne. J'ai aimé le gout pour la fête des Haïtiens de ce bidonville , même lors des enterrements. J'ai aimé malgré tout ce que l'environnement a de sordide, l'atmosphère de ce village où la solidarité n'est pas un vain mot.

J'ai frémi devant la toute puissance de ceux qui possèdent et réduisent quasiment en esclavage ceux qui travaillent pour eux, j'ai frémi devant la brutalité et l'inhumanité des sbires des présidents Duvalier, les tristement célèbres Tontons Macoutes, j'ai été horrifiée par les chiffres donnés par Yves, sur la scolarisation, les détournements des Duvaliers, l'accès à l'eau potable, et bien d'autres.

Grace à Yves que je remercie pour sa confiance renouvelée, j'ai réappris dans ces pages l'histoire de cette ile, martyrisée, appauvrie, désolée, elle qui fut couverte à 80% de forets, elle qui fut la plus riche des colonies françaises au 18ème siècle, aujourd'hui dénudée et le pays le plus pauvre du continent américain.
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Après le destin tragique de Samira dans « le mauvaise herbe », l'émouvante histoire à hauteur d'enfant de « Brindille », le suspense de son roman policier « le code », je retrouve Yves Montmartin avec son dernier livre, « Calixte ».
Je vous remercie Yves pour votre confiance une nouvelle fois renouvelée. Je peux vous avouer que je suis admirative des nombreuses facettes de votre talent d'écrivain et que je suis à chaque fois surprise par votre facilité à vous exprimer dans tous les genres littéraires.

Cette fois-ci, vous avez choisi d'emmener vos lecteurs sur l'île d'Haïti qui se classe parmi les pays les plus dangereux et les plus pauvres au monde et de raconter l'histoire de Calixte Fontaine.

Il m'a fallu quelques pages pour entrer dans l'histoire, pour me sentir à l'aise avec la narration au présent qui mélange fiction et non fiction. Ce choix de votre part de parler au présent est, je trouve, particulièrement astucieux car il permet, à mon sens, de lier le récit à la documentation associée. Il assène aussi une vision très réaliste de la vulnérabilité de la population haïtienne soumise à la dictature de la famille Duvalier entre 1957 et 1986, à la violence des Tontons Macoutes et des gangs.

*
Calixte est né dans les années 80 dans la cité Simone de Port-au-Prince, un immense bidonville. Il vit dans un minuscule appartement avec ses parents, Toussaint Fontaine et Manman Olivette, sa petite soeur Daniya et sa grand-mère Ma'Umtiti.

Petit garçon vif et intelligent, Calixte rêve d'enseigner.
Le père Céleste le prend sous son aile, il croit en lui et surtout, il a la confiance de ses parents. Alors que son meilleur ami Gratitude travaille avec sa mère chaque jour au marché, la seule école primaire de la cité Simone, la maison bleue, devient sa seconde maison.

« le père Céleste dit qu'il faut toujours croire en ses rêves ... Dans la cité, on ne rêve pas trop. Tout le monde est préoccupé par le lendemain, et surtout savoir s'il aura assez de gourdes pour acheter de quoi nourrir sa famille. »

Avec Calixte, se dessine un monde sombre et sans avenir, où chacun s'use pour quelques misérables gourdes ; où chacun rêve d'un futur heureux, d'une vie agréable et douce dans laquelle les enfants pourraient jouer innocemment dans la rue et ne mouraient pas de sous-nutrition, par manque de soins médicaux ou faute d'un réseau d'assainissement correct.

« … notre île n'a aucun avenir, trop de misère, trop de corruption, trop de violence, et surtout un manque total de liberté. »

Mais avec Calixte, c'est aussi la beauté de l'enfance et la magie de l'innocence. Calixte s'émerveille de ce monde frémissant de vie, baigné de couleurs, de saveurs et de senteurs ; un monde bruyant, joyeux et chaleureux vibrant au rythme des fêtes et des traditions, des plats traditionnels, des chants et des tambours.

*
Au-delà de l'histoire de Calixte, c'est un voyage dans le temps et dans l'Histoire d'Haïti. On découvre aussi la géographie de cette île autrefois magnifique, on pénètre au coeur des bidonvilles, on est invité à entrer à l'intérieur les Kabann de la cité et à partager l'intimité des foyers au rythme mélodieux des mots créoles.
Surnommée autrefois « la perle des Antilles », son beau visage a bien changé depuis sa découverte par Christophe Colomb. Il devait être bon d'y vivre ! Mais aujourd'hui, la déforestation a ravagé la terre, la laissant exsangue et stérile. La dictature et l'escalade de l'insécurité ont opprimé les hommes.

« La terre est comme lui, épuisée. L'érosion emporte peu à peu la mince couche de terre arable, la chair vivante, celle qui nourrit depuis toujours sa famille. »

*
La cité Simone est un monde à part où règnent la misère et les privations : chacun y vit comme il peut au milieu de gangs qui ont pris la place d'un état défectueux. C'est la système de la débrouille dans cette sorte de no man's land où règnent la corruption et la répression, les violences urbaines, le trafic d'organes, les passages à tabac et les exécutions.

Pourtant, au coeur de cette misère et de cette violence quotidiennes, on sent poindre une douce lumière. L'émotion est présente dans la générosité, l'entraide et la bonté chez ceux qui n'ont quasiment rien.

« Un monde de vies invisibles, un assemblage hétéroclite d'abris de fortune, une architecture de la survie. Un mélange charnel où la discrimination n'a pas de place. Une précarité ciment d'une solidarité de tous les instants. Un toit qui s'envole et aussitôt des dizaines de bras qui viennent prêter main forte. Une semaine difficile faute de travail et voilà un sac de riz offert qu'on rendra quand on le pourra. »

Calixte vit dans cette ambiance de violence et de dénuement, d'insécurité et de peur, mais il veut s'en sortir et croit qu'un futur est possible. C'est un enfant courageux, gai, particulièrement sensible et attachant.
Un autre personnage m'a beaucoup plu, c'est celui du grand-père Charlemagne. Son esprit accompagne le récit tout du long en s'invitant dans les rêves des siens et les guidant de ses belles réflexions sur la vie.

*
J'ai aimé ce voyage particulièrement riche et instructif, ce témoignage sensible d'une culture, d'une histoire, d'une époque.
Ce premier tome m'a littéralement transportée à Haïti dans les années 80. Son jeune héros Calixte est attachant, son récit empreint d'une profonde humanité. Il me tarde maintenant de poursuivre avec l'histoire de Victoire, sa fille.
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Il est des territoires marqués par le sceau du malheur, comme si une malédiction les possédait depuis la nuit des temps.
Ainsi, cela ne vous aura pas échappé dans le flux de l'actualité quotidienne, Haïti connaît de nouveau le chaos politique, l'instabilité, la violence des rues, livrant ce petit territoire caribéen aux mains de gangs criminels qui n'ont jamais cessé de le contrôler : terreur, ratonnades, kidnappings, assassinats sont le lot quotidien qui embrase le pays depuis des décennies.
Et quand ce n'est pas le fait des hommes, ce sont les éléments naturels qui s'acharnent sur ce morceau de l'île d'Hispaniola : ouragans, séismes, inondations…
Surnommée autrefois la perle des Antilles, Haïti a perdu aujourd'hui de son éclat, sauf peut-être dans le coeur de ses habitants.
Le hasard a voulu que ma lecture des tous derniers jours me conduise là-bas par la plume attentionnée, généreuse, sensible d'Yves Montmartin.
Là-bas, c'est une histoire comme les autres, presque banale, celle de Calixte Fontaine et des siens, Calixte, ce petit garçon que nous allons voir grandir dans son paysage quotidien façonné d'amour mais gangrené par la misère et l'insécurité... Yves Montmartin nous délivre un récit fictif certes, mais tellement empreint d'une réalité palpable, celle de la violence qui régente le pays comme un véritable état de droit.
Le grand-père de Calixte, - un certain Charlemagne mais oui, un jour quitta son champ, la terre de ses ancêtres, comme des milliers de paysans, croyant trouver l'eldorado, quittant la campagne pour la capitale.
J'ai suivi le fameux Charlemagne, Ma'Umtiti sa femme, son fils Toussaint et Manman Olivette sa belle-fille avec le petit qui bouge déjà dans son ventre... L'eldorado s'appelle la cité Simone, ce sera le début d'une autre vie, une terre promise en cette nouvelle année 1960, l'ère du président François Duvalier... Mais pourquoi Simone, me demanderez-vous ? Tout simplement parce que c'est le prénom de la femme du Président.
Mais voilà, la cité Simone, ce n'est rien d'autre qu'un immense bidonville.
Le désenchantement va vite venir, la désillusion, la résignation, les habitudes, puis la vie ordinaire prendra le dessus avec ses nouvelles règles... Calixte grandit. Pour un enfant qui court dans les ruelles de la cité Simone, le choix est vite limité : les bancs de l'école ou bien suivre le chemin des gangs...
Les premières pages se déroulent au sein de la cité Simone, des scènes quotidiennes nous disent autant la solidarité que la violence à fleur de peau.
Ici les vivants communiquent avec les esprits des morts et j'aime entendre cela.
Le récit évoque sans cesse la désillusion, mais dit pourtant et toujours qu'il faut croire en ses rêves.
Parmi la fatalité et les gangs criminels, ici surgit l'école, apprendre, enseigner, inverser le cours des choses, toujours. Ne jamais céder à la barbarie.
Au-delà de l'histoire de Calixte, Yves Montmartin nous entraîne dans un texte qui alterne d'un chapitre à l'autre entre fiction et non-fiction, l'auteur se voulant pédagogue, didactique et cette oscillation permanente du texte entre l'histoire de Calixte et des notes de documentation, très scolaires du reste, c'est peut-être cette démarche généreuse et louable d'expliquer, qui m'a paradoxalement fait m'éloigner d'un ressenti fort.
J'ai donc parfois regretté que le versant romanesque du livre ne prenne pas davantage le pas sur le volet documentaire, essentiel, mais qui m'a empêché d'apprécier l'émotion et le souffle que j'attendais, qui auraient pu m'emporter jusqu'à son ultime dénouement. À tout prendre, j'aurais préféré un texte romanesque qui se suffise à lui seul sans explication, c'est ainsi que je définis mon approche d'un roman pour qu'il m'emporte, d'autant plus que la plume d'Yves Montmartin est merveilleusement belle et fluide lorsqu'elle nous embarque vers l'imaginaire.
À la fin de cette lecture il demeure cependant longtemps après un très beau message de fraternité dans lequel j'ai senti battre l'âme de tout un peuple brisé, mais aussi celui d'un bel homme devenu écrivain.
Plus qu'un roman, ce livre traduit pour moi un magnifique engagement humaniste de son auteur et je le cueille ainsi.
Je remercie Yves Montmartin pour sa confiance et son désir de m'avoir partagé ce texte.

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De mon premier voyage littéraire en Haïti "Avant que les ombres ne s'effacent" j'avais retenu :
Sa déclaration de guerre au troisième reich, à l'Italie fasciste et ce décret-loi autorisant l'accueil des juifs.
Cela m'avait plu car peu de pays agirent ainsi !
Dans ce roman CALIXTE, j'ai appris beaucoup ! Tellement d'informations, une multitude de connaissances de la part de l'auteur que je remercie.

Cette perle des Antilles est le pays le plus pauvre, affamé et malmené par les ouragans, tremblements de terre et inondations, dans une dictature "à vie".
Dans ce pays, les habitants, comme leur terre sont épuisés. Et nourrir sa famille est le mot d'ordre de tous !
J'ai alors fait la connaissance de Calixte. Il m'a présenté sa famille . le grand-père Charlemagne, prêtre vaudou, sa femme Ma'Umtiti, son fils Toussaint, Maman Olivette sa belle-fille et puis Galixte, sa petite soeur Daniya et son meilleur ami Gratitude.
Les présentations sont faites.
Il vivent dans la cité Simone, un immense bidonville. de nombreux orphelins deviennent délinquants, quelques hommes boivent leur maigre salaire, finissent au bordel et les gangs font régner la terreur.
Les hommes travaillent au port, les femmes au marché au coeur de Port-au-Prince, heureuses de se retrouver entre les commérages, crêpages de chignon et les invectives "Va promener tes grosses fesses plus loin!" Un langage fleuri pour des personnages hauts en couleur !
Elles essaient de gagner quelques gourdes, la monnaie officielle d'Haïti. Et c'est si peu !

La maison bleue, l'école du père Céleste est la seule maison en dur, la seule école primaire de la cité, où tout est gratuit, même le repas.
J'ai été sensible à cette école, comme dans une précédente lecture l'école de la plage à Barcelone car l'instruction permet de lutter contre la pauvreté, une porte ouverte sur le monde et ne pas être condamnés à vivre une vie de misère.
Et ce sera le rêve de Calixte, il est intelligent, veut passer son certificat d'études, aidé par le père Céleste et parrainé par un couple Français.
Ce jeune m'a touchée par sa volonté à vouloir s'instruire, construire son avenir. J'ai aimé son désir de devenir professeur afin de donner une chance aux enfants de sa cité et un avenir meilleur : la transmission !
Redonner tout simplement un peu de ce qu'il a reçu !
J'ai été admirative de son engagement contre la répression de son pays.
" Un vent de liberté souffle dans les rues des Gonaïves. Des manifestations se sont organisées spontanément, les professeurs ont rejoint les élèves dans la rue sous un même slogan : « contre la misère et l'injustice ». Des cellules de combattants se sont constituées à l'université. "

Je remercie Yves Montmartin pour ce beau voyage, pour la partie pédagogique très instructive.
J'ai trouvé les deux parties roman/documentaire passionnantes.
Mon regret se situe dans la forme de cette narration.
Le premier tiers du récit concerne la partie documentaire, puis l'histoire entrecoupée de notes.
Cette alternance m'a quelque peu gênée dans la fluidité de la lecture. Mais ce n'est que mon ressenti de lectrice
et je présume que c'est le parti pris de l'auteur.
 

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L'histoire se passe en Haïti, pays pauvre et malade s'il en est.
Calixte est un petit garçon qui vit avec sa petite soeur Daniya et ses parents ( Charlemagne , son grand père a du quitter son champ à la terre stérile) dans un immense bidonville situé à proximité de Port -au -Prince .
Il fréquente une école quand c'est son tour et là le père Céleste entrevoit un possible avenir pour ce petit garçon intelligent  et ce avec l'aide d'un couple de Français (Montmartin sûrement).
Mais «  La perle des Antilles » de C.Colomb n'est plus dans les années 80 qu'un monde de misère , de violence et de corruption où règne la loi des gangs. J.C Duvalier dit Bébé Doc inflige aux Haïtiens une féroce dictature .
Mais l'enfance a parfois cette grâce de rire et de s'extasier ce que fait Calixte et son copain Gratitude ; mais quel avenir pour ces enfants ?
C'est sous la forme d'un roman mâtiné de documentaire qu'Yves Montmartin (queje remercie vivement) a entrepris son livre à l ‘écriture si agréable à lire, en fait si pleine de tendresse pour le genre humain.
Premier tome de l'histoire d'Haïti et de Calixte.
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Hispaniola, Calixte tome 1 – Yves Montmartin****
lecture mars 2024
Une famille et ses générations au fil du temps, un pays l'Haïti, un livre fiction, un livre document sur une histoire de courage, d'amour, de résistance, de transmission de valeurs sacrées de droits à la vie, de liberté, d'appartenance à une terre et à une culture en danger de mort.
Un livre, une voix qui s'adresse aux autres, les très chers, les opprimés, à tous ceux qui veulent découvrir et connaître plus sur des peuples lointains, si proches de nous.
Une première dédicace, émouvante par le rappel du chemin parcouru ensemble, et une citation qui synthétise une réalité effrayante, un résumé de l'histoire d'un pays. le livre se présente déjà comme une belle harmonie entre documentation, imagination, émotion.
Trois générations de haïtiens, de labeur, de foi, d'amour. L'espoir est faible, mais la force de la vie époustouflante.
Ça commence par le grand-père, Charlemagne, nom glorieux, qui peine sur la terre sèche, s'essouffle au labeur, mais la famille est unie, elle tient bon grâce à l'amour immense et à la tradition séculaire.
Le jeune Calixte, né dans les années 60, est le petit fils qui raconte la vie des trois générations en suivant la passation du flambeau, geste sacré pour garder l'histoire d'une famille, de son combat et des liens tissés par chacun.
Yves Montmartin fait de son livre un document historique qui ne s'adresse à personne en particulier et en même temps à tout le monde, à ceux qui veulent s'arrêter un instant, écouter l'invraisemblable du XXe siècle de civilisation !
« Aujourd'hui, dans ce pays exsangue à tout point de vue, l'économie criminelle est la seule qui fonctionne encore, et elle est particulièrement lucrative. » p.46
Bien après le temps de la lecture, le livre continua à me parler de plusieurs manières très surprenantes : la voix du personnage de fiction devint réelle et attachante, tandis que l'histoire vraie du pays, relatée par des notes bien documentées des dates et des faits, se présenta à mes yeux dans son invraisemblance cruelle, insoutenable et inconcevable ; à ce jeu de vraisemblances l'émotion était, elle aussi, dans une dualité guerrière, celle devant la force de la vie et l'autre une révolte impuissante, une incompréhension d'une injustice brutale dont les sacrifiés sont laissés pour compte. La dictature des Duvalier, les crimes des gangs Les Tontons Macoutes.
C'est tout le talent de l'écrivain, faire entendre sa voix comme témoin de l'histoire, et tisser en parallèle un canevas dont les fils résistent au passage du temps et à ses lourds coups sous ceinture, grâce à un amour pour les siens, pour les semblables, pour des droits et la liberté, c'est un amour qui ne peut se définir, il faut pouvoir le ressentir le vivre et le transmettre. A chaque génération il devient plus fort.
Le passé historique, religieux, de traditions ancestrales rencontre le présent, accepte ses transformations mais pas son injustice et pas ses crimes. La révolte trouve dans la force de vie son grand allié. Révolte veut dire aussi éducation, études, connaissances, réflexion, et le jeune Calixte avec sa femme et des amis de leur génération allument la flamme de la rébellion.
Calixte prend ce que la vie lui donne, garde dans son coeur ce qu'elle lui a enlevé, avance, gagne en force, reste le même, vrai.
Le sort est écrit d'avance et pourtant ils se battent pour le changer ! La famille Fontaine du village Démocratie, la cité Simone, est un exemple de courage, une conscience en éveil ! Des noms symboliques, surprenants par leur force évocatrice, et dont le livre abonde, forment comme une famille aux résonances venant de la nuit de l'histoire d'un peuple.
Dans l'île où il n'y a pratiquement plus de forêts, il y a un immense coeur qui bat et la plume d'Yves Montmartin nous le fait entendre.
Un livre comme un message d'amitié, un appel à la lecture et à la découverte, et « Un message d'amitié c'est toujours urgent ! » p.34
Un très grand merci à Yves Montmartin qui m'a donné l'occasion de lire le premier tome d'un ouvrage document-émotion.
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Une immersion tendre et impitoyable dans la vie du jeune haïtien Calixte. Un bon roman qui allie l'utile, une bonne dose de savoir, à l'agréable, un bon moment de lecture. Yves n'est définitivement jamais à court d'inspiration et nous transporte hors de nos sentiers battus et bien loin de nos préoccupations d'enfants parfois trop gâtés ! À découvrir sans délai !
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Un voyage passionnant et touchant en Haïti dans les années 80.

Haïti, « La perle des Antilles ». Plus riche colonie française du 18ème siècle, avant de devenir le pays le plus pauvre de la planète à la fin du 20ème. Passer d'une extrême à l'autre…

Calixte Fontaine est né en 1960. Il sera notre narrateur tout au long de ce récit. Il vit avec sa famille à la Cité Simone, plus grand bidonville de Port-au-Prince. Calixte souhaite quitter la cité, avoir un vrai travail, une maison en pierre, une famille. le lecteur découvre la vie de Calixte et de sa famille, les conditions de vie déplorables, la misère, la saleté. le meilleur ami de Calixte, Gratitude, est passionné de foot. Les études, ce n'est pas pour lui. Calixte, lui, est plutôt bon élève, et il a très vite compris que l'éducation est un puissant levier pour l'aider à sortir de la misère en lui offrant des opportunités d'emploi. Lui ouvrir les portes vers un autre monde…

« A l'hôpital il faut venir avec ses propres médicaments, se soigner est un luxe qu'on ne peut pas se permettre. Si tu ne peux pas acheter les médicaments et si tu ne veux pas croire aux pouvoirs du médecin feuille, tu meurs tout simplement d'infection faute de soin. »

A 12 ans, la vie de Calixte change : une famille française décide de le parrainer et de subvenir à ses frais de scolarité. Il va pouvoir étudier, se construire un avenir, aider sa famille.

J'ai beaucoup apprécié ce roman, cette plongée dans la vie des haïtiens a été une totale découverte pour moi. Yves a su être instructif sans entrer trop dans le détail. Page après page, on se prend au jeu des phrases en créole, on s'imagine un autre prénom, une autre vie. Les coutumes et les traditions prennent une grande place dans la vie des locaux. Pour les haïtiens, le respect des aînés est crucial, au même titre que les traditions familiales. Leur rapport avec la mort m'a surprise. J'ai aimé découvrir la solidarité communautaire régnant au sein de la Cité Simone, les voisins et les membres de la famille se soutiennent mutuellement au quotidien, et encore plus dans les moments difficiles.

Quant au volet politique, la décadence généralisée, les milices faisant régner la terreur dénoncent un constat affligeant. le régime du dictateur Duvalier (père, puis fils) se caractérise par une répression politique brutale et une corruption systématique. Tout cela a contribué à l'appauvrissement de la population et à l'aggravation des inégalités sociales. Ce roman est une mine d'information. Et c'est tout ce que j'aime : me détendre avec une belle histoire et apprendre des choses. Mission accomplie !

La plume d'Yves est fluide, agréable, captivante. Il a su développer des personnages attachants, riches, humains. J'ai littéralement dévoré ce roman, avide de voir comment Calixte allait s'en sortir, j'avais même envie de l'aider, j'ai admiré sa volonté de s'accrocher et de tout faire pour se sortir de sa condition misérable. Il a fait preuve d'énormément de résilience pour surmonter les obstacles et essayer d'atteindre son but.

Calixte est un personnage lumineux au milieu d'un environnement bien sombre. Tout au long du roman, Yves met en avant ces contrastes, jouant avec, créant une atmosphère captivante, enrichissant la narration.

La construction est linéaire, la préface permet de situer Haïti dans le contexte, le prologue pointe la famille de Calixte et nous explique comment elle est arrivée à la Cité Simone. La suite est racontée sous l'oeil de Calixte, ce qui immerge totalement le lecteur dans l'histoire. Les notes en fin de chapitre expliquent et développent certains points. Des photos illustrent le tout, c'est agréable. Ne reconnait-on pas l'auteur, d'ailleurs ? J'ai été happée par le récit du début à la fin. Mon attention n'a jamais faibli.

La fin m'a frustrée, bien sûr, suis-je bête, sur la couverture il est mentionné « Tome 1 ». Yves, j'attends la suite avec une impatience difficilement contenue !

N'hésitez pas à vous plonger dans la vie de Calixte et de sa famille, les émotions seront au rendez-vous !

« La compagnie entre femmes est joyeuse, malgré les soucis de la vie quotidienne, elles sont heureuses de se retrouver chaque matin et la bonne humeur règne dans les allées. »

Je remercie Yves pour cette lecture.

#Hispaniola #Calixte #YvesMontmartin
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