Citations sur L'allure de Chanel (21)
Il vaut mieux suivre la mode, même si elle est laide. S’en éloigner, c’est devenir aussitôt un personnage comique, ce qui est terrifiant. Personne n’est assez fort pour être plus fort que la mode.
La simplicité, ce n'est pas de marcher pieds nus ou de chausser des sabots, elle vient de l'esprit, elle naît du cœur.
La beauté dure, la joliesse passe. Or aucune femme ne veut être belle ; elles veulent être jolies, jolies.
Pleurer sur soi, c'est bercer avec complaisance l'enfant qui continue à vivre à l'intérieur de chacun de nous, et qui n'intéresse personne. Quant au vrai secret, qui est de faire passer la beauté physique au moral, c'est le seul tour de passe-passe dont la plupart des femmes sont incapables.
Une femme = envie + vanité + besoin de bavarder + confusion d'esprit. Ceci dit, j'adore la coquetterie des femmes. Tant d'hommes, tant de pauvres filles, tant d'industries en vivent ! Il y a bien plus de gens qui vivent du gaspillage des femmes que des gens qui en meurent.
J'ai fait des robes. J'aurais pu faire bien autre chose. Ce fut le hasard. Je n'aimais pas les robes, mais le travail. Je lui ai tout sacrifié, même l'amour. Le travail a mangé ma vie.
J'achetais surtout des livres ; pour les lire. Les livres ont été mes meilleurs amis. Autant la radio est une boîte à mensonges, autant chaque livre est un trésor. Le plus mauvais livre a toujours quelque chose à vous dire, quelque chose de vrai. Les romans les plus stupides sont des monuments d'expérience humaine.
J'ai vu beaucoup de gens très intelligents et de haute culture ; ils ont été étonnés de ce que je savais ; il l'eussent été bien plus encore si je leur avais dit que j'avais appris la vie dans les romans.
Si j'avais des filles, je leur donnerais, pour toute instruction, des romans. On y trouve écrites les grandes lois non écrites qui régissent l'homme.
Dans ma province on ne parlait pas ; on n'enseignait pas par tradition orale. Depuis les romans feuilletons, lus dans le grenier, à la lueur d'une bougie volée à la bonne, jusqu'à ceux des plus grands classiques, tous les romans sont de la réalité habillés en rêve.
Enfant, je lisais d'instinct les catalogues comme des romans : les romans ne sont pas autre chose que de grands catalogues.
C'est la solitude qui m'a trempé le caractère, que j'ai mauvais, bronzé l'âme, que j'ai fière, et le corps, que j'ai solide. Ma vie, c'est l'histoire - et souvent le drame - de la femme seule, ses misères, sa grandeur, le combat inégal et passionnant qu'elle doit mener contre elle-même, contre les hommes, contre les séductions, les faiblesses et les dangers qui surgissent de toutes parts.
La richesse n'est pas accumulation ; c'est tout le contraire : elle sert à nous libérer ; c'est ce " j'ai tout eu et ce tout n'est rien" de philosophe. De même que la vraie culture consiste à flanquer par dessus bord un certain nombre de choses ; de même que dans la mode, on commence généralement par la chose trop belle, pour arriver au simple.
Je reviendrais là-dessus en parlant de la mode; je dirai seulement en passant que l'on peut être élégant sans argent.
Je déteste qu'on me mette la main dessus, comme les chats. Je prends droit la route que je me suis tracée, même quand elle m'ennuie; j'en suis l'esclave, parce que je l'ai librement choisie.
C'est parce qu'il est une chose maudite que l'argent doit être gaspillé.
Je juge les gens à la façon dont ils dépensent. Je dirais aux femmes : n'épousez jamais un homme qui a un porte-monnaie.