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EAN : 9782070711031
238 pages
Gallimard (10/09/1987)
3.55/5   48 notes
Résumé :
« Tout ce qui s’était passé à Paris pendant mes années d’absence confirmait la révolution des mœurs amorcée en 1917. Une génération revenait de la guerre, écœurée d’hier, curieuse de demain, de ceux qui sauraient l’expliquer à elle-même, lui révéler le monde nouveau, lui faire l’inventaire géographique de son logis, la planète ». Paul Morand.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« Je suis venu te raconter quelques nuits avec des dames.
- Des nuits d'amour ? demandai-je.
Avec colère, Pierre se mit à rire. »

Paru en 1922, ce recueil de nouvelles bénéficie de deux préfaces de l'auteur. La première fut écrite en 1921 et est présentée sous forme d'un dialogue entre l'auteur et Pierre, le narrateur des « quelques nuits avec des dames » qui constituent le recueil. La seconde préface de Morand est écrite en 1957 et ne ressemble en rien à la première. On entre dans le dur puisqu'il reprend en quelques mots son histoire personnelle « aujourd'hui des gens qui me veulent du bien me disent : ''c'est le moment de se taire'' », mais surtout il défend le genre littéraire que constitue la nouvelle : « on peut tout mettre dans une nouvelle, même le désespoir le plus profond (...) mais pas la philosophie du désespoir » parce qu'il « n'y a pas de quoi se nourrir dans la nouvelle, c'est un os. »  Elle « opère à chaud, le roman, à froid. »

Il estime que la nouvelle est un « bouillon concentré, d'une saveur incomparable, cet art de dessein formé qui sait où il va et, sans se ménager jamais, mène le lecteur battant. » J'étais ravie de lire ses pensées car il mettait des mots sur une partie de mon ressenti lors de la lecture de nouvelles, une forme que j'affectionne tout particulièrement.

Ce recueil, publié alors que Paul Morand à 34 ans (suivi de « Fermé la nuit » paru un an plus tard), est composé de huit ''nuits'' (catalane, turque, écossaise, romaine, des Six-Jours, hongroise, dalmate et nordique) qui utilisent le prétexte de huit rencontres féminines pour parler de l'Europe du début du 20ème siècle, de ses moeurs et du monde cosmopolite (par choix ou par obligation). Toutes les chutes sont intéressantes, certaines drôles (« Je la pris dans mes bras. Elle y demeura tout le reste de la nuit, c'est-à-dire dix minutes à peine, car le soleil, après une rapide ablution s'empressait déjà » -je laisse deviner la nouvelle afférente-) mais d'autres sont terribles, dures ou émouvantes, voire cinglantes. Je parle des chutes car c'est souvent le meilleur dans la nouvelle, mais tous ces adjectifs peuvent s'appliquer aux corps des huit textes qui nous font traverser l'Europe, après la première guerre mondiale, après la révolution de 17, croisant ainsi des personnages haut en couleur : une camarade espagnole luttant pour la cause, des regroupements de nobles russes devenus serveurs dans un hôtel turc ou encore des cyclistes courant six jours durant ...et bien d'autres encore dont je ne parlerai pas afin de laisser la surprise. La plume est riche, j'aime lire cet auteur (même s'il m'arrive de trier -parfois-) reconnu dans l'art de la nouvelle, et pour qui La Femme abandonnée, La Fille aux yeux d'or ou La Fanfarlo sont des « modèles parfaits » de longues nouvelles. Encore de belles lectures à découvrir !
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Il s'agir d'un recueil de huit nouvelles, publies par Paul Morand au début des années 1920. L'ambiance est celle d'un Europe qui, assommée par une guerre meurtrière, tente de s'en relever en oubliant les drames et en cherchant à vivre une vie normale, faite de contacts et de plaisirs. Quitte à pratiquer une absurde fuite en avant.
La grand mérite de ce livre est son écriture: fine, subtile, faite de tournures et de qualificatifs aussi pertinents qu'inattendus: un véritable régal. Plus personne, aujourd'hui, ne sait ainsi utiliser la langue française, ou alors, personne ne se donne la peine d'égaler ces auteurs de la première moitié du XX° siècle, hélas.
Au-delà, on pourra juger les thèmes abordés, et leur contexte, un peu, ou beaucoup, surannés. La relation homme-femme notamment, si on la juge au travers du "progressisme" de ce XXI° siècle, parait aujourd'hui simpliste. Mais, quoiqu'on en pense, l'homme ne faisait déjà que se soumettre à la décision finale et fatale de l'objet de son désir, qui détenait ainsi le pouvoir suprême.
Après le régal de cette découverte littéraire, il me reste une chose simple à faire, d'urgence: lire la suite, "Fermé la nuit".
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Huit nouvelles, huit portraits de femmes, huit pays différents.
Paul Morand nous fait voyager dans l'Europe de l'après première guerre mondiale en compagnie d'un narrateur guidé par son amour des femmes.
D'une terroriste espagnole à une aristocrate russe en exil en passant par une lolita anglaise, le lecteur est emporté dans des univers à chaque fois différents et surprenants qui reflètent l'ambiance si particulière de cet entre-deux guerres où l'insouciance et la désespérance font la pair.
Ce livre est un pur joyau stylistique ! Mais ce besoin de conquête féminine inlassable m'a un peu déçue.
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Paul Morand né en 1888 et décédé en 1976, s'est fait connaître en tant qu'écrivain avec ce livre Ouvert la nuit écrit en 1922. Diplomate de formation il voyage beaucoup et s'imprègne de l'air du temps. La Grande Guerre s'est achevée il y a peu, l'Europe est en effervescence, les hommes et les femmes de cette époque ne savent pas encore ce que l'Histoire leur réserve mais le pressentant inconsciemment évacuent leurs angoisses par un relâchement des moeurs. Ce livre, recueil de huit nouvelles, sous couvert de la relation de conquêtes amoureuses aux quatre coins de l'Europe, évoque l'inquiétude de l'entre deux guerres et les permissivités que s'offrent certaines classes de la société. Une écriture et un style, tout le charme de Paul Morand qui finira académicien en 1969.
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Trois étoiles et demi pour le style, pour cette écriture associative limite surréaliste mais fluide et qui reste traçable. En effet, peu d'auteurs actuels ont encore un style, comme des Morand, des Celine, des Vialatte, et j'en oublie, tous ces auteurs du passé qui nous filent des claques quand on s'ouvre à leurs pages.
Sinon ces nouvelles sont étranges, certaines finissent mal, certaines finissent un peu en eau-de-boudin, certaines ne finissent pas.
C'est plutôt triste une ville la nuit, pour paraphraser un autre type étrange.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Le train éveilla des gares suisses, de style gothique, dont les vitraux tremblèrent. Le Simplon, durant vingt-neuf minutes, donna l’audition d’une grande symphonie de fer, puis, sur des chaussées, on passa les rizières du Piémont jusqu’à une station qui finissait sur rien, sur une grande citerne d’ombre, de silence, et ce fut Venise. Au réveil, une bise de zinc faucha les maïs de la plaine croate. La Serbie s’annonçait par ses porcs, rayés noir et blanc comme des coureurs, et qui dévoraient, renversée dans le fossé, une carcasse de wagon dont ne restaient que les roues et le signal d’alarme. On échangea contre les fleuves d’autres fleuves passés sur des barrages flexibles comme un osier, tandis que, voisines, les piles de l’ancien pont décapité dans les retraites, émergeaient. A Vinkopje, les Roumains en velours furent détachés du train, dans la nuit glacée. Après Sofia, les maisons portèrent leurs piments qui séchaient, frères des vignes vierges. Éclairées par le soleil levant, labourées par les bœufs, les plaines bulgares affichaient une prospérité symbolique, comme sur les vignettes des timbres-poste ou au revers des monnaies. Enfin, après la traversée du désert de Thrace, sous un ciel d’étoiles mais où nos yeux, habitués aux constellations d’Occident, cherchaient en vain l’étoile polaire, ne reconnaissaient plus le Chariot qui au ras du sol prenait cette fois une route terrestre, dans une brèche de la muraille byzantine, la mer de Marmara s’élargit.
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Olivier Goussepain, critique littéraire barbu, grimaçant, la bouche pleine d'anciennes anecdotes, écoutait ces propos. Quand Goussepain parlait d'une dame, il disait comme sous Mac Mahon : "C'est du nanan !" Il ressemblait à un de ces masques baroques qui vomissent de l'eau et que les architectes nomment "dégueuleux". Les jeunes écrivains qui, sur la rive gauche, affectent de mépriser ses suffrages, s'empressaient maintenant autour de lui.
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"Qui est cette muchacha ? demanda Fargue.
- C'est la Jolie fille de Perth, sortie tout droit de Walter Scott.
- Je vomis ce troubadour, fit Fargue. Walter Scott est le Violet-le-Duc du roman. Chez lui, tout est volé à Chaucer et à madame Radcliffe. Au revoir. Je vais aller prendre un petit bain d'ombre, avant l'affreux soleil."
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Sans autre vêtement qu’une turquoise au doigt, je devais donc, le front haut, entrer dans la salle des jeux, où deux fois par semaine, les membres du Diana-Bund se dénudaient et passaient la soirée en costume de paradis. J’allais être un des leurs. Il ne suffisait pas que la chose fût autorisée par la police et considérée comme naturelle pour qu’elle m’apparût absolument comme telle. Certes, mon appréhension diminuait au souvenir de mes précédentes expériences nordiques, des bains de soleil mixtes sur les plages allemandes de la Baltique, de l’hydrothérapie suédoise où l’on est livré aux mains douces, et comme usées par le savon, des femmes, et des baignades russes où j’avais vu des hommes et leurs compagnes brûlés et nus se tenir par la taille dans l’eau des Iles, bleue comme une encre stylographique. Cependant l’idée de se trouver soudain au milieu de dames et de demoiselles était inquiétante. J’entrouvris à nouveau la porte.
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Les automobiles arrêtées devant les maisons, préfigurent souvent la société de l'intérieur : Rolls, Hispanos laquées : colonies étrangères ou aristocratie avec mésalliances ; Voisin, Panhard : grosse industrie ; Citroën, Bébés-Peugeot, Renault : jeunes filles affranchies, poulettes, célibataires, collages.
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Videos de Paul Morand (34) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Morand
C'est une histoire française. Elle se passe à Paris pendant l'Occupation, puis dans le maquis du Vercors où les résistants se battent dans la neige, jusqu'au dernier. C'est une histoire qui oppose deux France. Celle des Cossé-Brissac, le côté maternel de l'auteure, dont la grand-mère May, aussi libre de son corps en privé qu'attentive aux conventions en public, reçoit le Tout-Paris de l'Occupation, de Paul Morand à Pierre Drieu La Rochelle, de Josée Laval à Coco Chanel. Une jeune fille grandit là, promise à un mariage de l'entre-soi, bientôt elle sera rebelle. Elle se nomme Marie-Pierre de Cossé-Brissac. L'autre France, c'est celle de la résistance par les idées et par les armes. Un grand médecin juif parisien envoie son fils en province. L'intellectuel rompu aux joutes de l'esprit rejoint le maquis. Il se nomme Simon Nora, rebaptisé « Kim » dans son réseau. À la fin de la guerre, le survivant du Vercors rencontre l'aristocrate en rupture avec sa famille. Les héritiers des deux France s'aiment comme s'ils n'en formaient qu'une. Mais auront-ils le droit à la liberté ?
Ce roman haletant est une fresque guerrière, un amour impossible, une brève libération.
Extrait disponible sur notre site https://www.editions-stock.fr/livres/la-bleue/une-breve-liberation-9782234094024
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