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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Là-bas c'est l'Italie. La narratrice de ce récit est une jeune ethnomusicologue qui vient enquêter sur les chants des bergers de Crottarda, un village de montagne enfoui dans une vallée privée de soleil. Elle veut étudier ces mystérieux chants dont elle a gardé le souvenir lorsqu'elle est venue ici passer quelques jours de vacances avec ses parents alors qu'elle était encore une enfant.
Elle s'installe dans une pension lugubre et humide. Un énorme champignon auréole le plafond au-dessus du lit. Bien qu'étant quasiment l'unique pensionnaire du lieu, elle doit partager sa chambre avec une adolescente sauvage, impertinente et quelque peu vulgaire, Bernardetta, qui est de la famille de Mme Verdiana, la propriétaire du lieu. Une insolite amitié va se nouer entre elles deux, l'adolescente se proposant même de guider la jeune femme dans ses pérégrinations et sa quête vers les alpages, vers les chants venus de là-haut, à la recherche des mystérieux bergers mélodieux...
La jeune chercheuse est tout d'abord accueillie plutôt avec convivialité par les habitants du village. Elle découvre ainsi une de leurs coutumes, ceux-ci se grimant derrière des déguisements outranciers pour venir à l'arrivée des rares visiteurs qui s'égarent ici, comme s'il s'agissait de rompre un instant l'humidité froide des jours sans fin par quelques gestes facétieux...
Rejoindre les alpages, découvrir le mystère de ces chants qui résonnent dans le coeur de la vallée comme un dialogue... Qui résonnent aussi dans le coeur de la narratrice depuis son enfance.
Je suis entré dans ce roman par ses premières pages baignées d'enchantement et d'étrangeté. Je suis entré pas à pas avec la curiosité d'un enfant qui pénètre une forêt peuplée d'oiseaux avec des yeux étonnés.
Le grotesque se mêle à ce monde presque magique des premières pages.
Sur l'autre versant de la vallée, un peu plus haut, il y a un autre village qui s'appelle Autelor, il est sur le versant inondé de soleil. Les deux villages semblent s'observer, se défier dans cet affrontement minéral. La narratrice découvre vite que des rancoeurs séculaires habitent les habitants de chacun des deux villages. Mais là-bas dans cette vallée retirée du monde, on ne nomme pas les villages et leurs habitants, on dit simplement : Ceux d'En-Bas, Ceux d'En-Haut...
Peu à peu l'étrangeté laisse place à l'inquiétude, puis à l'angoisse. Les pitreries des Crottardais font de moins en moins rire. J'ai commencé à perdre pied comme l'héroïne de l'histoire dans un monde au bord du fantastique...
Des détails qu'on croyait sans importance surgissent dans cet imaginaire débridé, par exemple cette question presque banale qu'on se surprend à poser : « Tiens, ils n'ont pas de cimetière, on se demande bien ce qu'ils font de leur défunts... »
Perdre pied, la plus belle des aventures d'un lecteur. Trébucher au bord de l'abîme...
Peu à peu la population qui accueillait naguère la jeune chercheuse avec des facéties commence à montrer des signes d'hostilité. Elle finit par ne plus rien comprendre... Avoir peur...
Même les intentions de sa jeune colocataire semble lui échapper et elle finit par se demander si la proposition de celle-ci de l'aider dans ses recherches ne recèle pas une volonté cachée de mieux l'égarer...
Dans cette inquiétude que j'éprouvais moi aussi, je me suis retrouvé en totale empathie avec la personnage principale.
Certains personnages semblent tout droit sortis d'un conte gothique. À commencer justement par Bernardetta, agaçante, possessive, imprévisible, touchante aussi dans les aspérités qu'elle porte déjà si jeune au travers de son histoire. Je l'ai adorée.
Comment ne pas songer alors à certains romans de Charles-Ferdinand Ramuz, qui a raconté la montagne comme personne d'autre et qui avait un sens très profond, très marqué, de l'inquiétude et de l'angoisse ?
Ce roman a été pour moi l'occasion de découvrir un auteur italien que je ne connaissais pas, Claudio Morandini.
D'ailleurs, l'auteur convie pour ma plus grande joie le grand écrivain montagnard suisse en le mêlant à l'étrangeté du récit :
« Quiconque se retrouve à Crottarda pense forcément au roman de Charles-Ferdinand Ramuz, Si le soleil ne revenait pas, où il est question d'une communauté alpine qui regrette le soleil pendant tous les mois d'hiver, et d'un vieux fou qui raconte à la ronde que le soleil est malade et ne reviendra pas, qu'il passera ailleurs pour toujours. Va savoir, en vient-on à penser, si, à l'instar des personnages de Ramuz, les Crottardais craignent pendant les longs mois d'ombre que le soleil ait disparu pour toujours. Va savoir si, au printemps, à l'instar des montagnards du roman tâchant de résister à leur angoisse devant les prédictions du vieil Anzévui, ils s'élancent, impatients, sur des sentiers impraticables pour dénicher l'astre solaire et le prier de revenir éclairer les hommes. »
On est loin ici comme chez Charles-Ferdinand Ramuz des clichés de la littérature de montagne, Claudio Morandini les fait voler en éclats et c'est jubilatoire.
Très vite alors l'effroi s'installe. La folie menace...
La trame du récit est faite d'oscillations entre deux versants d'une même vallée, entre l'adret et l'ubac, entre le ciel des oiseaux et les choses souterraines, entre chemins oniriques et mystères spongieux, entre alpages verdoyants et dolines ténébreuses, entre l'absurde et l'inquiétant, entre ce qui se dit et ce qui ne se dit pas, entre ce qu'on révèle au grand jour et qu'on enfouit de manière abyssale dans les entrailles de la terre ou peut-être encore plus profondément, c'est-à-dire en nous-mêmes... Dans ses contrepoints, des chemins se dessinent dans le fond d'une vallée oubliée du reste du monde...
Peur de trébucher, de tomber dans une de ses dolines, ces gouffres débouchant sur des boyaux étroits et tortueux où il est si difficile de s'y glisser comme de s'y extirper... On se demande bien ce qu'ils peuvent cacher.
Mais bientôt, un autre chant s'élève dans la vallée, une voix venue de sous terre que la narratrice semble seule à entendre, comme un appel dans la nuit.
« Cette voix se déplace en même temps que nous. Elle s'est manifestée depuis des espaces lointains, mais aussi depuis une proximité insoupçonnée. Peut-être qu'elle résonne le long des boyaux qui percent la montagne, qu'elle les exploite comme la coulisse d'un trombone. J'ai la sensation de plus en plus vive que c'est à nous – à moi – qu'elle s'adresse. Peut-être qu'elle me suit, me cherche. Cependant, je ne sais pas comment lui répondre. Je ne connais pas son langage, je ne peux qu'essayer de le transposer, de le mettre en musique, sans saisir son sens profond. Mais le cri qu'elle a poussé il y a peu n'a pas besoin de traduction : un cri est un cri, il ne renvoie à rien d'autre qu'à lui-même. »
J'ai aimé la singularité de ce roman. Elle est venue à moi comme un rêve éveillé, hypnotique, durant deux cent vingt-quatre pages.
Envoûtant.
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C'est une étrange sensation qui m'accompagne au moment de rédiger ce billet, celle de revenir d'un voyage lointain, étrange et quelque peu inquiétant.
Dans ce récit, Claudio Morandini évoque à un grand auteur qui décrit comme nul autre pareil la montagne, c'est Charles-Ferdinand Ramuz. On retrouve dans ces deux écrivains le sens du tragique, une forme de fatalité et bien sûr l'amour de la montagne, majestueuse et toute puissante.

Vous devez vous demander où ma lecture m'a emportée.
Difficile à dire. Cet endroit paraît bien réel, à quelques heures à peine en voiture, mais en même temps, c'est un lieu reculé, inhospitalier, sombre, sauvage, impénétrable.
Un endroit hors du temps.
Un endroit où l'ombre recouvre presque entièrement les lieux et semble influencer l'humeur des habitants, les rendant moroses, taciturnes et fermés.
Un endroit où la rancoeur et une haine viscérale nourrissent les habitants de Crottarda pour le village voisin d'Autelor qui lui, situé en face, est baigné, par la lumière et la chaleur du soleil toute la journée.
Un endroit en définitive fait de contrastes, sublime et angoissant, fascinant et oppressant.

En y repensant, je trouve que le titre est bien choisi, car le récit oscille également entre rêve et réalité, éveil et cauchemars, espoir et peur, soleil et ombre, lumière et ténèbres, visible et caché, jusqu'à ce que tout se confonde dans une troublante attirance.
Mais si le décor vous semble atemporel et étrange, qu'en est-il de cette histoire ?

*
Enfant, lorsque la narratrice partait en vacances avec ses parents à Crottarda, et, la nuit, elle entendait des chants étranges, mystérieux provenant de la montagne.

« de l'extérieur provenaient des sons étranges, lointains et pourtant nets, qui pénétraient sans difficulté par la fenêtre, comme émis par un haut-parleur : ils étaient à mi-chemin entre un cri et un chant, et modulés – me disais-je alors, repensant à des documentaires sur les milieux marins – comme les longs bramements dignes d'un opéra par lesquels les baleines communiquent d'un point à l'autre de l'océan. »

Aujourd'hui adulte, elle garde le souvenir vivace de ces nuits à les écouter et si elle est devenue ethnomusicologue, c'est sûrement en raison de la fascination exercée par la beauté de ces chants et le mystère qui les entoure.
Elle décide alors, dans le cadre de ses études universitaires, de satisfaire sa curiosité et de se rendre dans ce village perdu dans les montagnes alpines pour étudier ce langage complexe et insolite que les bergers se transmettent entre eux depuis de nombreuses générations.

L'accueil des Crottardais, tout d'abord amical et facétieux, va progressivement évoluer, devenant froid, distant pour se faire franchement hostile et menaçant. En effet, la narratrice est une étrangère et ses recherches sont vécues par les villageois comme une intrusion dans leur vie privée.
Ainsi, très rapidement, elle comprend qu'il va lui être difficile de découvrir l'origine de ces chants et de comprendre leur signification.
Le récit est prenant, intrigant, l'atmosphère magnifiquement rendue pour une immersion totale.



*
Les personnages sont magnifiquement décrits dans toutes leurs particularités, entretenant une atmosphère authentique, mais aussi étrange et dérangeante autour des Crottardais.
Sa façon de décrire ses personnages comme s'ils vivaient en symbiose avec leur milieu participe à cet effet de miroir. L'auteur glisse d'un personnage à un autre avec une fluidité remarquable, les fondant dans le décor.
Ils sont tous parfaitement bien décrits, on les voit se dessiner dans notre esprit au fil de la lecture : la narratrice de plus en plus perdue dans un monde qu'elle ne comprend pas et qui la rejette ; Mme Verdiana, la logeuse, femme revêche et secrète ; ou encore, l'énigmatique Bernadetta, une adolescente candide, primesautière, effrontée et un peu tordue.

« Elle est belle, Bernardetta, d'une manière qui lui est propre : je comprends que ses amis de la forêt se la disputent quand le froid la rend vive, la colore comme le soleil colore les fruits sauvages. »

*
La beauté du récit provient en grande partie de la très belle écriture de Claudio Marandini dont les descriptions très réalistes, pleines de beauté et de poésie, saisissent avec une intensité croissante, les ombres et la froideur de cette vallée, l'atmosphère écrasante des montagnes, le vertige abyssal des gouffres sous nos pieds, ainsi que l'attitude des habitants envers la jeune femme.

L'auteur n'a pas son pareil pour nous immerger dans un environnement montagneux percé de profondes dolines, parcouru d'ombres difformes et de présences inquiétantes. Il l'esquisse par petites touches de couleurs ternes et sombres, en prenant son temps, malgré le format court du roman.
Dans ce décor gris et opaque, on ressent, au côté de la narratrice, cette impression que tout peut arriver, qu'une menace plane. Même si le danger reste flou, indéfini, le lecteur reste malgré tout sur le qui-vive, méfiant.

« J'ai déjà remarqué l'endroit de la forêt où elle m'emmène, plus touffu et impénétrable que d'autres. Pourtant, à bien y regarder, ici aussi un étroit sentier se cache sous les branches et les volutes des plantes à feuillage persistant. À chaque pas, on a la sensation d'être touché : les feuilles épaisses et humides ont la même consistance que la chair, et elles ne se bornent pas à effleurer, elles semblent palper, non contentes de vous retenir, elles vous inspectent, se faufilant entre les plis de vos vêtements, s'insinuant jusqu'à votre peau.
Bernardetta, qui me précède de quelques pas, aime cela : elle se laisse caresser par la végétation sans écarter les branches, au contraire elle se jette sur elles avec une sorte de volupté, elle recherche l'étreinte, s'y livre avec transport. »

*
Pour conclure, bercée par les chants de ces bergers d'un autre temps, je me suis régalée et je ne manquerai pas de lire les autres romans de Claudio Morandini.
Dès les premières pages, son talent de conteur et la richesse de sa plume m'ont embarquée dans ce récit teinté de réalisme magique. L'auteur entremêle subtilement l'obscurité des paysages à des personnages fuyants et taiseux, le tout dans une langue superbe, musicale, visuelle et sensorielle qui transmet de belles sensations.
Me restera « la voix dolente et secrète venue de la forêt ou des profondes cavités du sol qui continue de psalmodier dans ma tête ».

Une belle découverte que je dois à Bernard (Berni_29). Je vous engage à aller lire sa superbe critique et à lire ce beau roman pour vous faire votre propre idée.
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Quand la narratrice se rend à Crottarda, une vallée retirée de tout en Italie, elle sait qu'elle va dans un endroit où le soleil n'apparait que quelques heures par jour, et encore, pas toute l'année. En effet, la vallée (qui se révèlera être une doline effondrée) est encaissée et exposée de telle sorte que le village ne reçoit que quelques rayons de soleil alors que le village d'en face, Autélor, bénéficie d'une ensoleillement exceptionnel.
Pourtant, elle s'y rend de son plein gré pour un séjour d'études comme ethnomusicologue. Elle se souvient que lors de ses vacances d'enfant elle écoutait le chant des bergers qui, d'un sommet à l'autre, échangeaient des nouvelles, blaguaient, discutaient. Elle se souvient de l'envoutement que produisait ces chants. Elle tient donc là un merveilleux sujet d'études.

Elle trouve à se loger chez une habitante, Mme Verdiana et partage quasiment sa chambre avec une orpheline de 16 ans, Bernardetta. Sauvage, fantasque, la jeune fille court la montagne, court surtout la forêt moussue, humide, pleine de champignons, s'introduit dans des cavernes et raconte des histoires à dormir debout.
Si sa présence étonne les villageois qui ont l'habitude de se déguiser en monstres pour accueillir les rares visiteurs, on la reçoit avec de la bienveillance jusqu'à elle commette l'impair de se rendre à Autélor, chez Ceux-là.
Immergée dans cet environnement froid, humide, sombre, elle finit par ne plus savoir quoi croire. Que sont ces chants ? Si ce ne sont pas les bergers, qui est-ce ?
Voici un récit que j'ai trouvé envoutant comme le chant mystérieux qui résonne dans les nuits de Crottarda. Il est envoutant par son étrangeté, par les personnages rencontrés au fil du séjour de la chercheuse, par la complicité et peut être même l'amitié qui se noue entre elle et Bernardetta, par les querelles ancestrales qu'entretiennent les habitants des deux versants pourtant absolument isolés du reste du monde, par les non-dits et les rejets des Crottardais qu'on ne comprend pas trop et qui créent un malaise de plus en plus pesant jusqu'à laisser penser que le lieu est menaçant.

Alors des oscillations, il y en a.
Celles des chants d'abord qui semblent si beaux bien qu'inquiétants. Celles des habitants du village qui oscillent entre bon accueil et exclusion. Celles de la forêt où se balance des mousses ancestrales accrochées aux branches des arbres. Celles des expéditions vengeresses entre Ceux d'en haut et Ceux d'en bas.
J'avais déjà beaucoup aimé le chien, la neige, un pied du même auteur mais je dois dire que le côté irréel de ce récit, sa dimension fantastique voire fantasmagorique m'ont beaucoup plu. L'ambiance est glauque au possible et pourtant il y a aussi quelque chose de féérique, de merveilleux…

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Quelle merveille que ce roman italien, et quel bonheur que de découvrir un tel auteur !

Dans "Les Oscillants", Claudio Morandini nous emmène à Crottarda, un hameau niché "dans un repli profond et sauvage" de montagne, à une époque où l'on peut encore passer un coup de fil depuis une cabine téléphonique et enregistrer des sons suspects sur cassette audio.

Ce très curieux village a la caractéristique d'être quasiment tout le temps plongé dans l'ombre, même en été : ses habitants y allument leurs cheminées toute l'année, la mousse y prolifère, les légumes restent pâlichons et les flaques de pluie ne s'évaporent pas.

La principale protagoniste, une ethnomusicologue, s'y rend pour étudier les chants pastoraux du coin. Très motivée, elle va rapidement rencontrer des résistances chez les villageois, qui se montrent à la fois étranges, farceurs, menaçants, têtus et lunatiques. Quels secrets protègent-ils ? Pourquoi ne voit-on jamais d'enfants dans leurs rues ? Quel lien entretiennent-ils avec les "Ensoleillés", ces habitants du hameau d'en face, Audelor, perpétuellement chauffé par le soleil ?

Les jours passent et la jeune femme, en même temps que le lecteur, se laisse progressivement ensorceler…

J'ai littéralement adoré ce récit à la fois cocasse, poétique, inquiétant et, bien sûr, extrêmement bien écrit. Au point, quand je suis arrivée à la première page du dernier chapitre, de reprendre le livre par le début pour faire durer encore le plaisir !
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