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Citations sur La Storia (98)

« Toutes les graines n’ont rien donné sauf une : je ne sais pas ce qu’elle peut être, mais c’est probablement une fleur et non une mauvaise herbe »
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Les nouvelles de l’explosion atomique étaient telles qu’on en parlait à contrecœur, comme d’abstractions répugnantes. On ne pouvait pas parler de temps, car la durée (si l’on peut dire) du phénomène était d’une grandeur si minime qu’elle devenait incalculable (on tentait de la calculer en vingt millièmes de secondes). Pendant cette durée, les deux villes en question avec leurs habitants avaient, y compris les molécules de leur matière, cessé d’exister. On ne pouvait parler ni de destruction ni de mort. On parlait d’un champignon de lumière, tel que des aveugles de naissance en avaient perçu, à distance, l’éclat irréel. Et de tout ce qui existait auparavant dans son périmètre, ce champignon n’avait laissé, çà et là, sur le sol, que des ombres, comme des images de spectres imprimées sur une plaque.
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Là, les hommes (il y en avait des centaines) ne pouvaient même pas être comptés par âmes, comme cela se faisait encore à l’époque féodale. Au service des machines, qui, avec leurs corps excessifs, séquestraient et comme engloutissaient leurs petits corps, ils étaient réduits à des fragments d’un matériau à bon marché, ne se distinguant de la ferraille des machines que par leur pauvre fragilité et leur capacité de souffrir. Le frénétique organisme d’acier qui ne les asservissait pas moins que la fin directe elle-même de leur propre fonction, restait pour eux une énigme dépourvue de sens. A eux, en effet, on ne donnait pas d’explications, et eux-mêmes, d’ailleurs n’en demandaient pas, les sachant inutiles. Et plutôt, pour le maximum de rendement matériel (qui était tout ce qu’on leur demandait et qui leur était imposé comme un pacte de vie ou de mort), leur unique défense était une expression obtuse allant jusqu’à l’hébétude. Leur loi quotidienne était la nécessité suprême de survivre. Et ils portaient dans le monde leur corps comme un stigmate de cette loi inexorable, qui nie la possibilité de se manifester même aux instincts animaux du plaisir et plus encore aux simples exigences humaines.
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Et cela fit comprendre à Ida que son petit garçon se refusait même à un bonheur promis par terreur de le perdre ! Elle en éprouva un choc excessif, avec la sensation étrange, éprouvée ce jour-là pour la première fois, d’une présence physique : comme si là dans leur chambre, s’était installé un Ogre, qui menaçait Useppe avec d’innombrables bouches et d’innombrables mains.
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La nuit, quand elle se retirait avec lui dans la chambre matrimoniale, Ida contemplait, charmée, le sommeil de ces petits yeux, si béat qu’il semblait ignorer les rêves. Quant à elle, par contre, plus encore que les insomnies qui depuis quelque temps l’incommodaient, elle redoutait les rêves, qui s’étaient mis à la fréquenter avec une profusion inusitée, la ballottant dans des aventures absurdes, comme Alice au Pays des Merveilles. Il semblait que pour elle la vraie veille fût devenue le sommeil ; et peut-être ses présentes et longues insomnies lui servaient-elles inconsciemment à repousser cette veille chimérique. Aussitôt qu’elle s’endormait, comme à l’écroulement d’un mur de séparation, recommençait sur-le-champ son nocturne voyage labyrinthique, sans vides ni repos. La voici qui arrive dans un terrain vague, une sorte de banlieue, avec quelques silhouettes de constructions provisoires. Elle est la seule à être habillée au milieu d’une foule de gens tout nus, tous debout, leurs corps entassés l’un contre l’autre sans espace pour respirer. Et bien que personne ne semble faire attention à elle, elle a honte d’être habillée. Tous ces gens semblent aveuglés, avec des visages plâtreux et figés dans une absence de regards et de voix, comme si tout moyen de communiquer avec eux avait expiré. Elle pleure, si bien que son sanglot très haut est l’unique son présent ; mais précisément parce qu’il est le seul, on dirait qu’elle rit …
… mais voici que ce rire ne vient plus d’elle ; en réalité, c’est quelqu’un qui, caché, rit d’elle qui est là, seule et aussi droite qu’une marionnette, au milieu d’un tas de poutres et de gravats. On ne voit personne, mais sous ces tas on entend un fracas comme des milliers de dents en train de mastiquer ; et en-dessous de celles-ci la plainte d’un petit enfant qu’elle ne peut pas secourir, bien qu’elle s’y efforce, car ses gestes sont raides, comme si son corps était en bois.
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L'humanité, de par sa nature, tend à se donner une explication du monde dans lequel elle est née. Et c'est là ce qui la distingue des autres espèces. Chaque individu, même le moins intelligent et le dernier des parias, se donne dès son enfance une quelconque explication du monde. Et il s'arrange à vivre dans celle-ci. Et sans elle il sombrerait dans la folie.
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È curioso come certi occhi serbino visibilmente l'ombra di chi sa quali immagini, già impresse, chi sa quando e dove, nella retina, a modo di una scrittura incancellabile che gli altri non sanno leggere - e spesso non vogliono. Quest'ultimo era il caso per i giudii. Presto essi impararono che nessuno voleva ascoltare i loro racconti : c'era chi se ne distraeva fin dal principio, e chi li interrompeva prontamente con un pretesto, o chi addirittura li scansava ridacchiando, quasi a dirgli : "Fratello ti compatisco, ma in questo momento ho altro da fare."
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Un jour de janvier de l'an
1941
un soldat allemand marchait
dans le quartier de San Lorenzo à Rome.
Il savait en tout 4 mots d'italien
et du monde ne savait que peu de choses ou rien.
Son prénom était Gunther.
Son nom de famille demeure inconnu.
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Mais non seulement l’heure terrible qui avait précédé son accès, mais aussi
toute l’époque antérieure, son passé tout entier se présentait à reculons à son
souvenir comme un point en marche, encore brouillé par un immense
éloignement. Elle s’était détachée du continent plein de monde et vociférant
de sa mémoire, à bord d’une barque qui, pendant cet intervalle, avait fait le
tour du globe ; et à présent, remontant à son port de départ, elle retrouvait
ce continent silencieux et calme. Il n’y avait plus ni foules hurlantes ni le
moindre lynchage. Les objets familiers, dépouillés de toute affection,
n’étaient plus des instruments, mais des créatures végétales ou aquatiques,
algues, coraux, étoiles de mer, qui respiraient dans le repos de la mer,
n’appartenant plus à personne.
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De plus en plus s'étend sur les territoires du monde le cancer industriel qui empoisonne l'air, l'eau et les organismes et dévaste les centres habités, de même qu'il dénature et détruit les hommes condamnés à la chaîne à l'intérieur des usines.
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