De son vrai nom Pierre-Jacques Roulliot (1810- 1838), Hégésippe publiera ses premiers vers à Paris, sa ville natale, en 1829. C'est à cette occasion qu'il adoptera ce pseudonyme constitué du prénom d'un écrivain chrétien du IIème siècle et du nom de son père naturel. Ce dernier, Claude-François Moreau, professeur au
Collège de France, mourra de la tuberculose en 1814. Sa mère,
Jeanne-Marie, sera alors obligée de subvenir à leurs besoins et se placera chez Camille Guérard, qui tenait l'hôtel de la Fontaine à Provins. Cette dernière décidera même de payer les études du petit Pierre-Jacques qui sera envoyé au collège de Provins, puis, à partir de 1822, au petit séminaire de Meaux, qui fut transporté ensuite à Avon, près de Fontainebleau. C'est là qu'il apprendra le décès de sa mère, en 1823, morte également de tuberculose. Camille Guérard et sa belle-mère, Mme Favier, le prendront alors complètement en charge.
Il poursuivit ses études de Rhétorique jusqu'au prix d'excellence, qu'il décrocha en 1826. Il apprit ensuite le métier d'imprimeur-correcteur chez le libraire Lebeau. Il tomba amoureux de sa fille, Louise, qu'Hégésippe appela "ma soeur" et que l'on retrouve dans quelques textes. 1828 est une année déterminante pour lui puisqu'il fait la connaissance de l'académicien Pierre Lebrun. Celui-ci l'encourage à écrire une Epître sur l'Imprimerie qui est envoyée à l'imprimeur parisien
Firmin Didot; celui-ci, en 1829, embaucha le jeune poète dans son atelier mais le futur écrivain n'y resta que quelques mois, puis passa dans une imprimerie concurrente. Il vivait alors très modestement : "Ma chambre est petite, écrit-il à Louise dans l'hiver de 1829; mais la nuit j'enveloppe mon cou dans un mouchoir qui a touché le vôtre, et je n'ai plus froid." En juillet 1830, Hégésippe mène le combat sur les barricades. Il sera blessé.
S'ensuit une période de misère. Ses textes ne rencontrent pas le succès escompté. Nostalgique de Provins, il retourna dans cette ville et essaya d'y créer un journal satirique en vers, Diogène. Cependant, les habitants de Provins n'apprécièrent guère le style. Il retourna à Paris de 1834 à 1838 et tenta de survivre. Aux étrennes de 1836, il adressa un poème nostalgique à Mme Guérard, la "fermière" de Provins. Il devait trouver enfin un éditeur pour l'ensemble de ses vers, publiés en 1838 sous le titre le Myosotis, et pour ses cinq contes en prose.
Quelques semaines plus tard, il entrait sans ressources à l'hospice de la Charité, où il mourut le 10 décembre 1838 à l'âge de 28 ans, de la même maladie que ses parents.
Je ne peux que conseiller de lire les oeuvres de ce poète maudit qui tenta vainement de se faire connaître et qui mourut si prématurément, à l'image de
Thomas Chatterton, autre poète qui figurera dans un de ses textes.