Tous les souvenirs, toutes les sensations, toute la connaissance, toutes les émotions que je garde de mes grands-parents sont liés aux fleurs. Toutes mes pensées...
Des fleurs de toutes sortes et de toutes les couleurs. Des fleurs qui nous disaient que la vie était fragile, éphémère mais qu'elle était belle.
le houx c'est pour dire ta méfiance, que tu es sur la défensive. Et si tu veux vraiment être désagréable, tu offre de l'ortie blanche jaunâtre... Je ne sais pas moi mais il y a quand même deux ou trois choses à savoir dans la vie.
le mieux, je vais te dire c'est d'offrir des fleurs n'importe lesquelles, celles que tu trouves jolies et puis de te servir de ton langage à toi pour essayer de l'embobiner.
L'univers, les mystères de la création, l'espace, l'infini... Hyacinthe et Rose n'étaient pas des spécialistes. Le ciel, le mouvement des galaxies, ça leur passait au-dessus de la tête. Mais ils ne regardaient jamais une fleur de cosmos sans une sorte de penchant philosophique, l'étonnement d'être au monde.
Près du puits se trouvaient des désespoirs du peintre. Des petites fleurs minuscules, si légères qu'elles étaient toujours frissonnantes. Pour essayer de contredire leur nom, je tentais de les peindre mais c'était effectivement désespérant. Trop petites, trop légères. Je renonçais. Mais je pris l'habitude de saisir mes pinceaux pour représenter des coquelicots, des roses, des narcisses. C'était quand même un peu plus concluant. Juste des fleurs peintes mais aussi le souvenir ému de mes grands- parents , le parfum de l'enfance, l'envie que le monde soit ouvert, généreux, coloré, porteur de promesses et de beauté. Des espoirs du peintre que je ne deviendrais jamais.
Dans le ciel, je ne détecte jamais aucun présage pour les haricots, aucune promesse pour les crocus. Je vois juste des nuages en forme d'éléphants ou de caravelles, des avions, des ULM, un soleil, quelques rêves, une lune en croissant et des nuages en forme de mélancolie. Et l'absence inconsolable de Rose et Hyacinthe.
"Des coquelicots, des pissenlits, des fleurs de rien, des fleurs de peu..."
"C’est bien simple : Rose et Hyacinthe, mariés depuis quarante-cinq ans, ensemble depuis toujours, ne s’entendaient sur rien. Hyacinthe était coco, Rose était catho. Hyacinthe aimait boire, Rose aimait manger. Hyacinthe aimait la bicyclette, la pêche à la ligne, le vin rouge, la belote et les chants révolutionnaires. Rose préférait les mots croisés, le tricot, l’eau de mélisse, les dominos et les cantiques. Hyacinthe aimait traîner… à table, au lit, au bistrot, avec les copains, sur un banc, dans un champ, sur les talus, à observer les nuages… "Tu n’es qu’un Traînard", lui disait Rose qui était toujours la première debout, la première couchée, la première assise à table, la première levée de table, le repas à peine terminé déjà devant l’évier à nettoyer la vaisselle. "Madame Gonzales" l’avait surnommée Hyacinthe. En souvenir de Speedy.
Ils avaient dû s’aimer mais c’était il y a longtemps.
Il est même probable qu’ils aient pu faire l’amour. L’existence d’une descendance de douze enfants, de neuf petits-enfants le laisserait fortement supposer…"
L'univers, les mystères de la création, l'espace, l'infini...
Hyacinthe et Rose n'étaient pas des specialistes. Le ciel, le mouvement des galaxies, ça leur passait au-dessus de la tête. Mais ils ne regardaient jamais une fleur de cosmos sans une sorte de penchant philosophique, l'étonnement d'être au monde.