L’homme qui croit qu’il peut vivre sans les autres se trompe; et l’homme qui pense que les autres ne peuvent pas vivre sans lui se trompe encore plus.
Je ne m'ennuie presque jamais en classe, j'ai trop de trucs contre l'ennui. j'écris des lettres, des poèmes, des débuts de romans. Je fais des gribouillis d'art. Je lis des livres de poche savamment camouflés. Je pense à Rock Hudson et à Paul Newman. Je rêve à une vie indéfinie mais remplie d'amour. Muette, je dialogue avec des écrivains et des peintres, morts ou vivants, que j'admire. J'essaie d'imaginer le prof enfant, en plein adultère, au sauna. Je chante dans ma tête les chansons du hit-parade ou les airs des concertos. En espagnol, je fais mes devoirs de maths, et en maths je réponds aux questions d'histoire, dans une course quotidienne pour finir les devoirs avant d'arriver à la maison. (p. 56)
Grâce à la couche de neige qui paralyse le trafic des voitures et des êtres, l'école est fermée. Voilà littéralement un don du ciel. Je reste alors derrière la fenêtre, en action de grâce silencieuse et béate envers les cieux qui ont expédié cette manne qui s'étale devant la maison en une féérie presque aveuglante.
Chez nous, chacun a le monde entier sur le bout de la langue, un tas de choses à dire se ruant vers la sortie et réclamant le droit d’envahir le terrain de vagues sonores.
Je découvre qu'avec chaque mort aimé, on meurt un peu soi-même.
J’ai l’impression que la vie n’en finit pas de ne pas commencer.
Il aurait pu fumer trois paquets par jour, être sujet aux flatulences en stéréophonie, ronfler à tue-tête. Il aurait pu être radin, salaud, miteux, minable, plouc. Il aurait pu être un rustaud sans un gramme de personnalité. Elle l'avait nommé Amour, et c'est tout.
"Et tu es belle à l’intérieur ", conclue-t-elle.J’ai sans aucun doute la plus belle vésicule biliaire, des poumons adorables, un foie féerique et des ovaires grandioses, quoique non encore en état de marche.