Amours et autres obsessions

Elle avait toujours considéré ces amours ratées comme des échecs. À présent, elle se demandait si elles ne constituaient pas en réalité des étapes essentielles sur une trajectoire prédestinée menant à cet instant précis, sur cette plage.

Le recul… ça arrive toujours une fraction de seconde trop tard.

Ah, les gentils ! Comment deviennent-ils si serviables ? Et surtout, comment font-ils pour tenir sur la longueur ? Tous ces sourires, ces attentions, ces largesses ! Ça doit être éreintant et tellement chronophage - toujours garder un œil ouvert au cas où des inconnus auraient besoin qu'on leur porte secours.

Peut-être que tout le monde jouait un rôle. Jusqu'à un certain point en tout cas. Et si les adultes n'étaient que des enfants qui chaque jour enfilaient soigneusement leur déguisement de grand et agissaient en conséquence ? Peut-être était-ce une caractéristique incontournable de la vie d'adulte ?

Et si les adultes n'étaient que des enfants qui chaque jour enfilaient soigneusement leur déguisement de grand et agissaient en conséquence ? Peut-être était-ce une caractéristique incontournable de la vie d'adulte ?

Ellen se rallongea, inondée de bonheur. L'amour ne devrait pas être autrement que comme ça : simple, paisible, drôle. Evident. Rien à décortiquer.

Des gens mouraient, des enfants mouraient, dans des accidents stupides, il suffisait de quelques secondes, et ensuite vous continuiez de respirer, votre coeur continuait de battre, tout restait exactement comme avant. L'inacceptable se produisait et vous étiez censé l’accepter.

Etre sa femme, non merci, mais pas question qu'il en épouse une autre.

Ils se fréquentaient depuis trois semaines à présent, et tout avait encore cette odeur de voiture flambant neuve. Même la façon dont ils parlaient tout en baillant avait ce lustre affecté : " Tu entends , ça c'est ma voix quand je suis fatiguée."

Invincible ! Sa vie semblait couler, onduler dans un mouvement d'exquise harmonie, comme si elle avait atteint l'état de grâce.