Citations sur Enseigner à vivre (39)
L'enseignement de la littérature, de l'histoire, des mathématiques, des sciences, contribue à l'insertion dans la vie sociale ; l'enseignement de la littérature est d'autant plus utile qu'il développe en même temps sensibilité et connaissance ; l'enseignement de la philosophie stimule en chaque esprit réceptif la capacité réflexive.
Nos moments de plénitude ne sont-ils pas ceux où nous nous sentons "être bien" ? Être bien et bien-être sont alors synonymes : nous sommes en bien-être près d'une personne aimée, dans une commensalité amicale, après une belle action, au sein d'un beau paysage.
Mais le mot bien-être s'est dégradé en s'identifiant aux conforts matériels et aux facilités techniques que produit notre civilisation. C'est le bien-être des fauteuils profonds, des télécommandes, des vacances polynésiennes, de l'argent toujours disponible.
Ce livre prolonge une trilogie vouée, non tant à une réforme de notre système d’éducation, mais à son dépassement, terme qui signifie non seulement que ce qui doit être dépassé doit être aussi conservé, mais aussi que tout ce qui doit être conservé doit être revitalisé. Il oblige à repenser non seulement la fonction, je dirais même la mission enseignante, mais aussi ce qui est enseigné. Si enseigner, c’est enseigner à vivre, selon la juste formule de Jean-Jacques Rousseau, il est nécessaire de détecter les carences et lacunes de notre enseignement actuel pour affronter des problèmes vitaux comme ceux de l’erreur, de l’illusion, de la partialité, de la compréhension humaine, des incertitudes que rencontre toute existence.
Le mode de pensée ou de connaissance parcellaire, compartimenté, monodisciplinaire, quantificateur nous conduit à une intelligence aveugle, dans la mesure même où l'aptitude humaine normale à relier les connaissances s'y trouve sacrifiée au profit de l'aptitude non moins normale à séparer. Nous devons penser l'enseignement à partir de la considération des effets de plus en plus graves de l'hyper spécialisation des savoirs et de l'incapacité à les articuler les uns aux autres. L'hyper spécialisation empêche de voir le global ainsi que l'essentiel. Or les problèmes essentiels ne sont jamais parcellaires et les problèmes globaux sont de plus en plus essentiels. Nous perdons l'aptitude à globaliser, c'est-à-dire à introduire les connaissances dans un ensemble plus ou moins organisé. Or les conditions de toute connaissance pertinente sont justement la contextualisation, la globalisation.
Enseigner à vivre n'est pas seulement enseigner à lire, écrire, compter, ni seulement enseigner les connaissance basiques utiles de l'histoire, de la géographie, des sciences sociales, des sciences naturelles. Ce n'est pas se concentrer sur les savoirs quantitatifs ni privilégier les formations professionnelles spécialisées, c'est introduire une culture de base qui comporte la connaissance de la connaissance.
Il faut savoir aussi que le doute incontrôlé et illimité se transforme en la certitude paranoïaque que tout est faux ou mensonger. Il faut savoir douter du doute.
....on peut enseigner à relier les savoirs à la vie.
L'éthique, dont les sources à la fois très diverses mais universelles sont solidarité et responsabilité, ne saurait être enseignée par des leçons de morale. Elle doit se former dans les esprits à partir de la conscience que l'humain est à la fois individu, partie d'une société, partie d'une espèce. Nous portons en chacun de nous cette triple réalité. Aussi, tout développement vraiment humain doit-il comporter le développement conjoint des autonomies individuelles, des solidarités communautaires et de la conscience d'appartenir à l'espèce humaine.
Et quand est-il de la sagesse aujourd'hui ? Le monde, sous l'impulsion occidentale , a pris un modèle prométhéen, activiste, de maîtrise, de conquête du pouvoir sur la nature et cette maîtrise refoule toute idée de sagesse. Le problème de la mort et de la vie (que faire?) est occulté par l'agitation dans laquelle nous sommes emportés.
La crise de l'enseignement est inséparable d'une crise de la culture.