L'homme et la mort , le sujet n'est pas facile car il touche pour beaucoup au domaine de la foi , mais aussi à d'innombrables tabous immémoriaux . Aucun humain n'aime en effet imaginer l'idée de la mort et en particulier celle de sa propre disparition .
Dans son ouvrage "l'homme et la mort" , Edgar Morin montre que la mort est ce qui identifie l'homme à l'animal et ce qui l'en diffère aussi . Comme tout être vivant , écrit-il , l'homme subit la mort . A la différence de tout être vivant , il nie la mort dans ses croyances en un au-delà .
L'homme cache sa mort comme il cache son sexe, comme il cache ses excréments. Il se présente bien boutonné, semblant ignorer toutes souillures. On dirait un ange. Il fait l'ange pour refuser la bête. Il a honte de son espèce : elle lui est obscène.
"[...] il faut coperniciser la mort." p. 96
" A trente ans, quarante ans, cinquante ans, commencent seulement à se défaire les nœuds les plus élémentaires, les plus enfouis qui nous empêchaient de bien respirer, bien regarder, bien jouir, bien aimer..." p. 414
Il existe donc une participation intellectuelle capable, en elle-même, de refouler ou supprimer la crainte de la mort. La philosophie est à ce point possédée par le démon de la connaissance, la libido sciendi (que les théologiens dénonce avec un flair sûr, non seulement parce qu'elle détruit la magie et le mythe religieux, mais parce qu'elle est le grand obstacle à la pénétration de l'angoisse), qu'elle lève à peine un regard myope sur la mort. (P. 297)
...la danse est précisément ce qui exprime en même temps l'extase de l'instant, et le mouvement extatique, libre, gratuit de l'"élan vital".
Les cellules vivantes sont potentiellement immortelles, et les unicellulaires ne meurent que par accident. C’est la machinerie complexe des espèces évoluées et sexuées qui porte en elle la mort.
L’homme est le seul animal qui donne la mort à son semblable sans obligation vitale.
Le domaine de la mort demeurera la zone d’ombre où triomphent de la façon la plus catégorique et la plus permanente la magie et le mythe. Les rites, pratiques et croyances de la mort demeurent le secteur le plus « primitif » de nos civilisations.
L’opposition entre l’incinération et l’ensevelissement s’efface quand on remarque que l’incinération ne vise pas à détruire tout le cadavre ; les cendres sont conservées. (…) La crémation joue le même rôle que la décomposition naturelle. Elle ne fait que hâter la libération du double afin d’éliminer le stade impur du pourrissement où le ghost n’est pas encore lui-même.