Au cours d'une balade à bicyclette il parcourut l'île de Chatou, face à Rueil et Bougival. L'île était quasi déserte , c'était une île morte, mais sans la fascination étrange de l'île de la Mort. Pourtant, le soir, au retour, il se trouva en arrêt devant une maison sinistre, abandonnée, aveugle, sans vitres. Soudain une lune énorme et rougeâtre apparut derrière la maison morte de l'île morte. Elle s'éleva lentement dans la nuit et devint d'une blancheur immaculée. Il eut le sentiment inouïe que sa mère se faisait Lune, abandonnait la terre pour le protéger du ciel. Il regarda la lune avec adoration. La Mère était partie à jamais, il serait à jamais son orphelin, mais elle serait pour toujours sa Déesse. (p. 179-180)
Et ce visage pétrifié, hermétique comme un oeuf, sentait cette attente, comme une araignée, comme dix araignées grêles, visqueuses, cherchant et errant sur lui. Pas un instant Mercier ne regarda son père. Il y eut un silence éternel pendant lequel ils furent séparés à jamais.
Il entra dans la salle à manger comme un lacédémonien cachant son renard. Ses yeux aussitôt se baissèrent, il vit les assiettes, les mains posés sur la table, le noir des costumes avec la tache rouge de la robe de Lucette, les pochettes, les cols. Il ne pouvait pas voir les visages, jamais plus il ne les regarderait. Il les devinait trop, les regards faisaient semblant de ne pas l observer. Ils le fouillaient en douce, comme des vicieux cherchant un tiroir interdit ou sont les lettres d'amour.