Citations sur Dans la gueule du loup (9)
Rentrer chez soi après une telle période était compliqué. Nan et les filles m'attendaient, mais je n'étais plus le même qu'avant de partir. Nous avions vécu des vies séparées pendant trop longtemps ; tant de choses étaient arrivées à Nan, à moi, c'était comme s'il avait fallu regreffer mes racines. C'est elle qui l'a fait pour moi. Elle a tissé de nouvelles vies pour nous tous, elle s'est occupée de la famille comme d'un jardin bien-aimé, elle en a arraché les mauvaises herbes, elle a veillé sur ses fleurs, elle les a aimées.
(p. 159-160)
(...) tu m'avais répété depuis toujours que c'étaient l'ignorance, les vieilles haines, le pouvoir des hommes politiques qui avaient entraîné l'Europe dans les horreurs de la Grande Guerre et que dans cette guerre, comme dans les autres, il n'y avait pas de gagnants, simplement des gens qui souffraient. Tu m'as mis de bonne heure sur la voie de mon pacifisme, papa. C'est une philosophie qui m'a guidé et tourmenté toute ma vie.
(p. 22)
Il n'y avait plus de vacances familiales dans les Ardennes, plus de promenades ni de conversations juste entre toi et moi, dans la forêt. La guerre civile faisait rage en Espagne, les bombes de Hitler tombaient sur Guernica, sur des familles, sur les vieux comme sur les jeunes. En Allemagne et en Italie, les fascistes étaient à l’œuvre. Le monde résonnait de bruits de bottes et on entendait battre les tambours de la guerre.
( p 26)
Tu nous as fait partir, Christine, et tu avais raison.
- Il faut vivre pour combattre un jour de plus, nous disais-tu. Nous pourrions rester et mourir, mais je préfère vivre. (p.131)
Tu savais mieux que personne qu'il ne fallait pas les affronter directement. Il y avait tant de gens dans la Résistance qui voulaient se soulever et combattre. Tu savais, et je savais moi aussi ce qui se passerait si nous le faisions. Les Allemands avaient des hommes, des armes, des avions, des tanks. Il valait mieux les piquer comme des guêpes furieuses, disais-tu à tout le monde, puis se volatiliser. (p.118-119)
Tandis que je me regardais dans le miroir, je savais que c'était ce que Pieter avait dû ressentir avant de monter sur scène, avant la première représentation de la pièce. Il jouait un rôle. C'était un métier. Maintenant, c'était mon métier à moi. Je le ferais comme je l'avais vu faire. Je ne jouerais pas. Je vivrais mon rôle, je deviendrais mon rôle, je deviendrais un agent secret, laissant derrière moi tout ce que j'étais d'autre : fils, frère, mari, père, pacifiste, professeur - je laisserais tout derrière moi. (p.76-77)
Je devais m'engager, participer au combat, faire ma part. Je ne pouvais plus laisser les autres se battre et mourir à ma place. (p.60)
Depuis la mort de Pieter, j'étais en guerre contre moi-même, tiraillé entre deux voies contraires. Combattre ou pas. (p.58)
Dans cette guerre, comme dans les autres, il n'y avait pas de gagnants, simplement des gens qui souffraient. Tu m'as mis de bonne heure sur la voie de mon pacifisme , papa. C'est une philosophie qui m'a guidé et qui m'a tourmenté toute ma vie. (p.22)