Dans un champ situé entre Auschwitz et Birkenau, ils doivent transporter d'énormes pierres d'un lieu à un autre, puis les reprendre pour les rapporter à l'endroit initial. Voilà en quoi consiste leur travail, des allers et retours incessants tout au long de la journée.
La politique t'aide à comprendre le monde, jusqu'à ce que tu ne le comprennes plus du tout ; puis à cause de la politique, tu te retrouves dans un camp de prisonniers. À cause de la politique et de la religion, les deux.
Vous voulez que je tatoue d’autres hommes ?
— Il faut bien que quelqu’un le fasse.
— Je ne sais pas si j’en serais capable. Incruster un numéro dans la peau d’un être humain, le faire souffrir. Ça fait mal vous savez ? Pepan remonte sa manche pour lui montrer son numéro de matricule.
— Ça fait un mal de chien. Mais si tu ne prends pas ce travail, quelqu’un d’autre le fera à ta place, quelqu’un dont l’âme est moins belle que la tienne, quelqu’un qui fera encore plus mal aux détenus. —
Travailler pour un Kapo, c’est une chose, mais marquer dans leur chair des centaines d’innocents…
Un long silence s’ensuit. Lale pénètre à nouveau dans sa zone d’ombre. Ceux qui prennent ces décisions ont-ils une famille, une femme, des enfants, des parents ? C’est impossible.
celui qui sauve une vie sauve le monde entier.
C'est la mort qui a toujours le dernier mot ici.
Celui qui sauve une vie, sauve l'humanité entière
"Celui qui sauve une vie, sauve l'humanité entière."
Lale quitte le bâtiment et jette un coup d'oeil vers la zone cloturée. Elle est vide. Il tombe à genoux saisi de haut-le-coeur. Mais il n'a rien à vomir. Le seul fluide qu'il arrive à expulser de son corps, c'est les larmes qu'il verse pour ces filles.
Lale vient d'assister à l'inimaginable. Il se relève tant bien que mal, au seuil de l'enfer, tandis qu'une tempête fait rage dans son corps.
C'est la mort qui a toujours le dernier mot ici
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