Lorsqu'il avait poussé la grille, il était resté un long moment pétrifié, fasciné par le spectacle qui s'offrait à lui : tant de perfection ! C'était trop beau pour être vrai.
Entre les dalles de l'allée et la maison, un jardin luxuriant prospérait : les digitales se balançaient, rouges et vives, dans la brise; les marguerites et les violettes conversaient de part et d'autre du chemin de pierre.
Le jasmin qui couvrait le mur d'enceinte s'étendait jusqu'à la façade, assiégeant les fenêtres à petits carreaux pour s'allier aux fleurs écarlates et voraces du chèvrefeuille qui poussait sous l'auvent du porche.
Le jardin vibrait de mille insectes, de mille oiseaux, et la maison, à l'arrière-plan, parut soudain aussi silencieuse, aussi immobile que le château de la Belle au bois dormant.
La lumière...
J'ai pris l’habitude de la chercher dans les arbres au printemps, où elle magnifiait le vert des jeunes feuilles délicates.
Mais aussi dans les ombres qu'elle répandait sur les murs, les poussières d'étoile qu'elle jetait à la surface de l'eau, les filigranes qu'elle traçait sur le sol à l'ombre des grillages...
L'atelier de mon père était un lieu merveilleux. Il y avait, sous la fenêtre, un établi haut sur pieds, dont la surface était un océan de ressorts, de rivets, de balances, de fils, de clochettes, de pendules et de fines aiguilles.
Le temps ne connaît qu’une direction. Le temps ne s’arrête jamais. Il coule, fleuve inlassable, et ne laisse à personne le temps de réfléchir. La seule manière de le remonter est de se souvenir.
Sa prédiction s'est réalisée : l'appareil photographique est partout. Tous en possèdent au moins un maintenant. Au moment même où je vous parle, ils se traînent d'une pièce à l'autre du musée, braquant leur objectif vers tel ou tel fauteuil, tel ou tel carreau de faïence. Faisant l'expérience du monde par ce filtre, par les écrans de leurs téléphones, fabriquant des images pour le lendemain de manière à ne pas prendre la peine de voir ni de sentir les choses dans l'instant.
Parents, enfants. La relation la plus simple du monde, et la plus compliquée.
Poser pour un artiste est l'une des expériences les plus intimes que l'on puisse vivre. C'est sentir le poids de l'attention pleine et entière d'une autre personne et l'affronter, les yeux dans les yeux.
La magie et la science ne sont pas contradictoires à mes yeux. Toutes deux sont des tentatives respectables et valables pour comprendre le fonctionnement du monde.
Maintenant que je la connais, toutes les autres me semblent vivre dans l'imposture. Elle est vérité ; la vérité est beauté : et la beauté est divine.
Sa physionomie était étrangement contemporaine : elle aurait pu être une de ces jeunes passantes des rues ensoleillées de Londres, bavardant, hilare, avec ses amies et jouissant de la caresse de l'été sur sa peau nue. Elle avait une expression assurée, joyeuse, fixait l'objectif avec une familiarité qui finissait par mettre presque mal à l'aise. Comme si Élodie faisait intrusion dans une conversation intime.