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Citations sur Un obus dans le coeur (6)

[ mère atteinte d'un cancer ]
Dans le meilleur des cas, elle s'évanouissait ; dans le ire, elle pleurait. La douleur était grande et il n'y avait rien à faire. Rien. Je restais là à la regarder brûler et je ne savais plus qui j'étais. Et parce que le silence qui s'installait était à vomir, à tuer, à égorger sans pitié, à écraser, je finissais par lui demander : 'Qu'est-ce que je peux faire ? Mais qu'est-ce que je peux faire ?' et c'était comme lorsque j'étais petit et que je revenais en pleurant pour trouver consolation entre ses bras. Mais là, ses bras étaient coupés et il n'y avait plus de consolation possible. Plus de consolation. Simplement le métal foudroyant de la réalité. Elle, avec son visage inconnu, elle me regardait, et je pense qu'elle était peinée par ma peine. Touchée par ma peine, comme si elle venait d'apprendre qu'elle était quelqu'un pour qui on peut éprouver de la pitié.
(p. 27-28)
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On ne sait jamais quand une histoire commence. Je veux dire que lorsqu'une histoire commence et que cette histoire vous arrive à vous, vous ne savez pas, au moment où elle commence, qu'elle commence. Je veux dire... Je veux dire que vous n'êtes pas là, à marcher, tranquillement dans la rue et tout à coup, vous vous dites: tiens, voilà une histoire qui commence. Je veux dire, on ne le sait pas...puis, lorsqu'on réalise qu'on est embarqué dans une histoire, on ne sait pas comment ça va se terminer. Personne ne peut savoir. C'est seulement à la fin. Lorsque tout est consommé, qu'on ouvre les yeux et qu'on se dit: l'histoire est terminée. Elle est terminée et parce qu'elle est terminée, vous vous mettez à entendre le silence, le grand silence qui a failli vous noyer. C'est comme ça. Alors, pour conjurer le silence, on tente de trouver les mots. Pour raconter. Même si c'est n'importe quoi, mais un mot qu'on trouve au fond de soi, c'est une oasis au milieu du désert . On se précipite dessus et on le boit. On boit le mot.
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Un jour, ma mère s'est mise à avoir un autre visage. C'est peut-être ça le début de mon histoire. Le jour de mon quatorzième anniversaire, ma mère s'est retrouvé avec un visage tout autre. Je veux dire du tout au tout. Et personne ne s'en est étonné. Et personne ne m'a rien dit. Alors j'ai fugué.
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Ma mère râle. Elle râle et j'ai honte. C'est comme ça. Au dernier moment, la vie se raccroche et pour les autres, les vivants, attendre que la mort vienne, c'est long comme l'éternité. Je n'en peux plus. Je sors de la chambre.
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je regarde le ventre de ma mère, son ventre qui s’étire et se détend pour les toutes dernières fois de sa courte existence. Je regarde son ventre. Il n’y a pas si longtemps, j’y étais. Elle m’a porté et a accouché de moi en poussant les mêmes cris que son agonie arrache de ses entrailles, et parce que j’ai connu ses entrailles, pour un instant, je deviens frère de l’agonie. Je la vois mourir. Je vois son ventre mourir. Plus rien ne peut m’y faire entrer à nouveau, m’y faire retourner. L’histoire est désormais ancienne. J’ai le sentiment qu’en assistant à sa mort, j’assiste aussi à ma propre naissance
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Plein de mots, plein de phrases dans la bouche pour couvrir la tempête de mon cerveau, de ma conscience, de mon esprit, mon âme ou peu importe quoi d’autre qui est à l’intérieur, car quelque chose dans ma tête murmure très bas, très très bas, des mots violents, et malgré tout le bruit de l’autobus et de ma colère et le grincement de mes dents, malgré le vent et la neige et la tempête et la rage, je les entends ces mots, venus de la nuit du temps : "Ma mère meurt, elle meurt, la salope, et elle ne me fera plus chier !" Si j’avais un flingue, je me logerais une balle pour calmer la dispersion. Une vague immense me prend de l’intérieur et m’emporte et me fracasse contre les récifs de ma douleur. Elle jette mon cœur sur le plancher noir de l’autobus. [...] Et j’étouffe seul au fond de mon autobus, étranglé par l’obligation dans laquelle je suis d’aimer ma mère parce qu’elle meurt, alors que depuis si longtemps, son visage, le visage de ma mère, est resté oublié, enfoui quelque part au fond du désert de ma mémoire [...]
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