Toute expérience humaine est intégralement autocréée. Chacun de nous est l’auteur de ses pensées et de ses émotions. Il faut savoir s’arrêter de s’identifier à tout ce que l’on a accumulé par le passé et arrêter de croire que le futur sera ceci ou cela. Il n’existe pas. La seule chose que nous avons s’appelle le présent. Vivre, c’est prendre conscience de ce qu’on est à l’instant. Être humain, c’est pouvoir façonner les situations dans lesquelles on vit comme on veut les vivre. Pour façonner nos situations, il faut comprendre qui on est. Ensuite seulement on peut envisager d’être bien où nous sommes. C’est tout. Les gens ne savent pas qui ils sont. C’est pour ça qu’ils sont malheureux et courent après un hypothétique bonheur qui ne dépend jamais d’eux. Il est là, le piège.
La séparation est une mort qui vous laisse en vie.
Enfant battu. Chaque fois que nous faisons du mal, nous le faisons à tous nos descendants qui le porteront sans en être conscients jusqu’à leur mort. Ce qui empêche l’amour, c’est la peur. La violence naît d’un vide intérieur.
On peut n’avoir manqué de rien sur le papier et vivre complètement démuni. Alexandre ressemble à un cheval battu par son propriétaire dans l’obscurité de son box. À la racine de ses peurs, il y a son père. Ce père et ses exigences.
Il le sait, avec eux, les présentations débutent bien avant que les regards se croisent. Un cheval vous scanne au moment où il vous entend approcher et peut vous sonder jusqu’à l’âme.
Il n’y a pas d’âge pour renaître.
Nous passons trop de temps à faire des plans pour l’avenir, à dépendre d’événements qui n’arriveront pas, ou trop tard, à nous souvenir. On réprime trop de choses par crainte des représailles et de l’humiliation, et il faut parfois beaucoup de courage pour exprimer ses sentiments. La seule chose que nous ayons réellement, c’est aujourd’hui, et personne ne nous doit rien.
Ce n’est pas ta faute, mon enfant, si ta femme est morte. Se sentir coupable est ce qu’il y a de pire. Traîner sa culpabilité, ce n’est pas respecter sa vie. Le cœur a besoin d’amour pour guérir et cet amour doit avant tout émaner de soi.
Aucun cheval n’accepte pour chef quelqu’un qu’il ne respecte pas.
Les chevaux ne mettent pas de frontière entre leurs émotions et leurs actions, ils cherchent avant toute chose de la cohérence chez un partenaire. Alexandre avait compris très vite qu’un cheval calme et confiant, qu’une monture courageuse appelait un cavalier calme, confiant et courageux. Une bête de quatre cents kilos est le miroir de celui qui la chevauche. Elle peut le tuer d’un coup ou le sauver. Ce qu’un cheval apprend doit s’appliquer à celui qui le monte en premier. Avec lui, on travaille d’abord sur soi ; l’âme, le corps et l’esprit.
Une cinquantaine d’écuries sont installées autour de l’hippodrome, des allées cavalières bordent les routes. D’autres essaims de pur-sang apparaissent : cinq cents sortent chaque matin de leur box pour le travail sur les pistes. Les cavaleries se croisent sur le gazon ou dans les arènes de sable, plus profondes et plus difficiles pour les athlètes, qui, en s’y enfonçant, s’y musclent au trot et au galop, conquièrent et améliorent, chaque jour, conditions physique et morale, indispensables pour voler sur les hippodromes.
Le travail du matin permet de gagner l’après-midi sur les champs de courses. La victoire, c’est la finalité.
Tout est nouveau pour lui. Sophie lui explique le théâtre et le fonctionnement du centre et d’une écurie. À Maisons-Laffitte ou à Chantilly, tout est pensé pour les courses. Les cours sont collées les unes aux autres, les nuits sont bercées par les hennissements et les rêves des chevaux. Derrière chaque portail, un mystère, un monde bruisse. Chaque maison a sa méthode, une manière de penser l’entraînement, de préparer les futurs champions, de croire en ses chances et de convoquer le destin. Les après-midi sont dédiés aux compétitions, aux luttes à mort et aux corps-à-corps avec les adversaires.
Les cracks traversent la France en camion pour une chance de victoire sur un hippodrome. Dans ce monde dur et sans pitié, on ne compte ni ses heures ni sa sueur. La routine et la discipline sont les conditions du succès, le courage et la grâce s’occupent du reste.
La prise de risque est le meilleur remède à la souffrance.
On n'a plus peur quand on n'a rien à perdre.