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Citations sur Pain, éducation, liberté (34)

En rentrant dans mon bureau, j’ai juste le temps de décrocher.
– Ici le centre d’opérations, monsieur le commissaire. La patrouille nous a prévenus, on a trouvé un mort au Centre olympique.
Le mauvais pressentiment était juste. J’appelle mes collaborateurs. Koula, Vlassopoulos et Dermitzakis arrivent, sans Papadakis, soit qu’il se sente encore étranger, soit qu’il se planque pour éviter les tâches difficiles.
– Koula, appelle Stavropoulos, le médecin légiste, et dis-lui d’aller tout de suite au Centre olympique de Faliro. Préviens aussi Dimitriou de l’Identité judiciaire.
– Un meurtre ?
– Oui.
– Qui est-ce ?
– On ne sait pas officiellement. Selon un appel anonyme, ce serait l’entrepreneur Yerassimos Demertzis. Vlassopoulos et Dermitzakis viennent avec moi. Toi, Koula, tu restes avec Papadakis pour assurer nos arrières.
– Je serai seule. Papadakis ne s’est pas encore pointé.
– Quelle heure est-il ?
– Onze heures.
Les deux autres lui jettent un regard réprobateur.
– Ne me regardez pas comme ça, dit-elle, furieuse. À partir d’aujourd’hui je ne ferme plus les yeux pour personne ! Nous ne sommes pas les bonnes poires qui viennent tous les matins à huit heures, tandis que l’autre nous fait l’honneur de venir quand ça lui chante. Aucun de nous n’est payé. Il n’y a pas que lui.
– Il a fait ça souvent ? dis-je à Dermitzakis.
– Plusieurs fois.
– Et vous ne m’avez rien dit ?
– Voilà, je le dis, répond Koula, tandis que les regards des deux autres expriment leur solidarité professionnelle.
– À notre retour, je veux le voir dans mon bureau. Koula, tu iras sur le Net ramasser tout ce que tu peux trouver sur Yerassimos Demertzis.
L’avenue Vassilissis Sofias est assez encombrée, mais Vlassopoulos met la sirène et nous passons. À Syntagma, nous tombons sur une banderole, à l’endroit où trois ans plus tôt les Indignés avaient déployé la leur déclarant que « La dictature des Colonels continue ». Celle d’aujourd’hui dit : « Aux USA, le Sud a perdu la guerre. Nous la gagnerons. »
– C’est parti pour la guerre ? dit Dermitzakis en riant.
– Ne t’étonne pas si demain tu vois l’armée dans les rues, répond Vlassopoulos.
– Qu’est-ce qu’on aura ? Un nouveau 1940 ?
– Ou une nouvelle dictature, répond sérieusement Vlassopoulos.
– En 40, dis-je à Dermitzakis, nous n’avons pas vaincu les Allemands, mais les Italiens, qui sont du Sud. Quand à un deuxième putsch, oublie. Les chars ne descendront sûrement pas dans la rue.
– Pourquoi ? demande Vlassopoulos.
– La moitié n’a pas de pièces de rechange et l’autre moitié manque de carburant. Donc nous sommes à l’abri, nous surtout, qui aurions été les porteurs d’eau de l’armée.
La circulation dans l’avenue Syngrou est sporadique et nous arrivons en un rien de temps. La voiture de patrouille barre l’entrée du Centre olympique. – Vous le trouverez à côté du gymnase, monsieur le commissaire, me dit le conducteur. Sur un tas d’ordures. Ce n’est pas beau à voir.
Pas besoin de chercher, le tas se voit de loin. Un homme est couché dessus, le visage enfoncé dans les ordures.
J’envoie mes adjoints jeter un coup d’œil aux ruines des installations olympiques et je reste examiner tranquillement le corps.
Je reconnais Yerassimos Demertzis aussitôt, non à son visage, mais aux vêtements. Il les portait lors de la visite à son fils.
Il faut que j’attende Stavropoulos pour me faire une idée, mais même sans lui je vois que la mort a été causée par une blessure : la balle a traversé l’omoplate, puis le cœur avant de ressortir. La mort a dû être immédiate.
Dimitriou de l’Identité judiciaire arrive le premier avec son équipe.
– On cherche quelque chose de précis ?
– La douille. Mais je ne pense pas que vous la trouverez. On a dû le tuer ailleurs et le transporter ici.
Je lui laisse faire son boulot et vais retrouver mes adjoints. Des bâtiments il ne reste que les murs. L’intérieur est vide. Tout ce qui pouvait se revendre a été volé. Il n’y a plus que des sièges cassés, des portes brisées, des filets de but déchirés. Les projecteurs qu’on n’a pas emportés gisent par terre en morceaux. Les débris d’une grandeur passée, qui n’impressionne plus personne : la Grèce entière n’est plus qu’un débris.
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- Je dois vous dire aussi, poursuit le ministre, que les banques resteront fermées le temps d'effectuer un passage en douceur de l'euro à la drachme. Les retraits aux distributeurs de billets sont autorisés pour des sommes ne dépassant pas cinquante mille drachmes, soit cent euros. Je comprends à quel point tout cela est difficile, mais nous n'avons pas le choix.
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On ne peut combattre la pauvreté si on ne l'accepte pas d'abord. Ces jeunes l'ont acceptée, ils peuvent la combattre. Ton père fait la même chose: il admet qu'il est pauvre et qu'il ne peut plus se payer le luxe d'une voiture. La plupart des Grecs pleurent encore leur richesse perdue, qui n'a jamais existé. Tant qu'ils le feront, ils ne pourront pas combattre leur pauvreté.
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Je ne suis pas marié, monsieur le commissaire. Mais j'ai deux parents malades. Ma mère est alitée. La retraite de mon père n'arrête pas de fondre. Quant à nous, on nous a sucré les indemnités, puis les primes, et maintenant on ne nous paie plus. Mes parents ont besoin de médicaments. Les pharmacies nous en donnent quand l'Etat paie les soins. Qu'est-ce que je fais? Je laisse mourir mes parents?
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Vous savez ce que je fais en dehors du travail? J'enseigne les maths dans une boîte à bac qui donne des cours gratuits à des enfants de quartiers défavorisés. C'était une idée de Kyriakos. On a trouvé un bâtiment inoccupé dans Attiki, on a squatté. Comme on n'a pas de sous, on a juste installé des tableaux noirs, et les mômes s'assoient sur les coussins qu'il apportent...Il accepte la situation: des études qui ne lui permettront pas de gagner sa vie, un boulot subalterne qui permet le bénévolat.
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En Grèce, la magouille est devenue un métier, ou du moins un art, exercé partout -ministères, police, université.
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- Ici Polytechnique. Ici Polytechnique. La radio des étudiants en lutte, des Grecs en lutte pour la liberté.
- Pain, éducation, liberté. Nous n’avons pas d’éducation.
- Tous avec toi ! Recommençons Polytechnique !
- Les Colonels sont toujours là !
- Nos Colonels à nous, c’est la Troïka !
- Non, non, non. Non au Mémorandum.
p. 140
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- Croyez-vous vraiment qu’il existe encore en Grèce des citoyens qui font confiance aux hommes politiques, monsieur le ministre ? demande le commentateur sans dissimuler son ironie.
- Je veux le croire, déclare le ministre, l’air important.
Adriani elle-même, qui d’habitude regarde la télévision plus pour commenter que pour s’informer, ne relève même pas. Que dire ? Elle éteint le poste. p. 78
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- .... Pour moi, ces types -là, c'étaient des bandits rouges, qui voulaient faire de nous des compagnons de route des soviets. C' est ce que nous disaient nos supérieurs. Et aujourd'hui, je vois la même chose que toi.
- Tout s’effiloche, monsieur le commissaire, philosophe Papadakis. Les draps, les couvertures, les humains, les générations... tout...Vanité des vanités...
Il faut l'envoyer à Adriani, me dis-je, pour un master en sagesse populaire. Ce jeune homme a de l'avenir.
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- Ecoute commissaire. J'ai rejoins les communistes parce qu'ils se battaient pour une société plus humaine. Ils l'ont cherchée pendant soixante-dix ans, mais en cherchant les hommes ils ont perdu les chiffres et ont sombré. Maintenant je vis dans une société qui cherche les chiffres et perd les hommes. Elle va sombrer elle aussi. Quand tu as une grande entreprise et qu'elle sombre, qu'est-ce que tu fais ? Tu sauves ce que tu peux et tu recommences avec une petite boutique. C'est ce que je fais là.
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