Citations sur Trois jours (42)
lundi 5 septembre 1955 [...]
Il s'installa devant le poste de radio et attendit anxieusement les nouvelles de Londres. Il entendit Fatin Rüştü Zorlu, le ministre des Affaires étrangères turc, affirmer que l'insistance des Grecs à demander le rattachement de Chypre à la Grèce était le plus grand obstacle à la sortie de crise, et que la Turquie défendrait toujours les droits de "ses frères, les Chypriotes turcs".
p74
D'un autre côté, nous nous connaissons de façon superficielle, malgré des effusions exagérées. Vous vous rappelez peut-être ce vieux mot : "minauder". Eh bien dans ce milieu nous minaudons tous.
p169
Avec l'embrasement du conflit chypriote, les affaires se mirent à décliner, les trucs boycottant tacitement les magasins grecs et les grecs préférant garder leur argent pour l'envoyer secrètement au pays.
- Décampez ! hurlait-il en s'accrochant aux grilles. Les loups sont entrés dans la bergerie. Depuis septembre 1955, ils vous font venir ici pour nous terroriser, nous tabasser et nous forcer à fuir. Mais il est hors de question que nous partions ! C'est notre pays, ici ! C'est vous les étrangers : c'est vous qui venez du fond de l'Anatolie !
P141
Trois jours
-Ton mari savait ce qui allait se passer ? demanda Marika avec la méfiance innée des Grecs envers les Turcs dans les moments importants de l'Histoire. (p. 92)
Vassilis se moquait bien de savoir si son grand père était un héros ou un lâche.
Ce qui le terrorisait, c'était le retour des jours sombres qui avaient fait de lui un héros ou un lâche et qui avaient plongé sa famille dans une longue période de deuils, cette ronde macabre qui reprenait.
L'Assassinat d'un Immortel
N'importe qui peut devenir membre de l'Académie. Il suffit d'avoir les bonnes relations. C'était cela le vrai talent de Spakhis : les relations. De plus, il représentait la parfaite médiocrité. Il possédait donc les deux qualités indispensables pour devenir aujourd'hui académicien. (p. 21)
- Tes imbéciles de compatriotes ont lancé une bombe dans la maison d’Ataturk à Thessalonique.
Vassilis n’arrivait pas à parler. Il se contentait de hocher la tête, entre indignation et abattement.
- Je ne sais pas ce qui me fait le plus enrager, continua le commissaire. La bombe qu’ils ont lancé dans la maison natale du fondateur de la République turque ou de devoir passer toute la nuit dehors pour tenter de contenir la foule en colère.
Trois jours.
- Mon oncle avait deux visages, monsieur le commissaire. Un pour sa famille et un pour les étrangers. Avec les étrangers, toujours amical et poli. Avec sa famille, vaniteux et prétentieux. C’était pareil avec ma tante. Devant les étrangers, il était tout miel avec elle. Mais une fois seuls, il n’arrêtait pas de l’humilier du matin au soir.
L’assassinat d’un Immortel.
Trois jours
Il ne voulait pas parler grec en pleine rue.
-Un cousin d'Athènes m'a téléphoné, poursuivit Horozoglou, mais Vassilis l'interrompit.
- Tu ne préfères pas qu'on parle turc ? On va se faire injurier et ça nous mettra de mauvaise humeur. (p. 76)