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Citations sur Les Lunes de Jupiter (14)

J'ai vu tant de pays, tant de choses bizarres dans le monde, et tant de souffrances. J'en arrive maintenant à la conclusion qu'on ne trouve pas le bonheur en jouant des tours à la vie. Ce n'est que par le renoncement naturel, l'acceptation du dépouillement que l'on se prépare à la mort et par conséquent, que l'on trouve du bonheur.
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- (...) L'amour revient toujours à l'amour de soi. Quelle idiotie! On ne veut pas d'eux, on veut ce qu'on peut obtenir d'eux. C'est de l'obsession, de la paranoïa. As-tu jamais lu le journal de la fille de Victor Hugo, je crois que c'est elle?
- Non.
- Moi non plus, mais j'ai lu des commentaires. Je me souviens d'un passage, du commentaire d'un passage qui m'avait tellement frappée: lorsqu'elle sort, un jour, après des années et des années passées à aimer cet homme jusqu'à l'obsession, et qu'elle le rencontre dans la rue. Elle le croise dans la rue et elle ne le reconnaît pas, ou bien elle le reconnaît mais ne peut plus faire la relation entre cet homme de chair et d'os et celui qu'elle a aimé. Elle ne peut absolument pas.
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Je me figure que je suis une vieille fille, d’une autre génération. On ne manquait pas de vieilles filles dans ma famille. Je descends de gens sans fortune, terriblement secrets, tenaces, économes. Comme eux, je savais tirer le meilleur parti de ce que j’avais. Un bout de soie de Chines plié dans un tiroir, usé d’avoir été froissé entre les doigts, dans le noir ; ou bien la lettre unique, cachée sous le linge de jeune fille, qu’on n’a jamais besoin d’ouvrir ni de lire parce qu’on en connaît tous les mots par cœur et que le simple toucher suffit à rappeler le tout. Peut-être rien de si tangible, rien que le souvenir d’un mot ambigu, d’un ton d’une fortuite intimité, d’un regard dur, désemparé. Cela suffisait. Il n’en fallait pas plus pour me soutenir, pendant des années, tandis que je frottais les seaux à lait, crachait sur mon doigt pour tâter le fer à repasser, suivais les vaches le long du sentier raboteux, parmi les aulnes et les marguerites jaunes, que j’étendais sur la clôture les bleus de travail, pour qu’ils sèchent, et les torchons sur les buissons.
(p. 169, “L’autobus de Bardon”, Partie 1).
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Il y a une limite à la dose de souffrance et de désarroi qu'on peut supporter par amour, tout comme il y a une limite à l'étendue du désordre qu'on peut tolérer dans une maison. Impossible de connaître d'avance cette limite, mais on la connaît quand on l'a atteinte. Cela, j'en suis convaincue.
Quand on commence réellement à lâcher prise, voici ce qui se passe : d'abord une petite douleur furtive, qui vous étreint là où vous ne l'attendez pas ; ensuite, une sensation de légèreté. Ce n'est pas un simple soulagement. Il y entre un étrange plaisir, sans méchanceté ni masochisme, qui n'a rien de personnel. C'est un plaisir injustifié, ressenti lorsque l'on s'aperçoit que les plans ne collaient pas, que l'édifice ne pouvait tenir ...
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Elles étaient toutes dans la trentaine, âge auquel il est parfois difficile d'admettre que c'est sa propre vie qu'on est en train de vivre.
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Comme eux, je savais tirer le meilleur parti de ce que j'avais. Un bout de soie de Chine plié dans un tiroir, usé d'avoir été froissé entre les doigts, dans le noir ; ou bien la lettre unique, cachée sous le linge de jeune fille, qu'on n'a jamais besoin d'ouvrir ni de lire parce qu'on connaît tous les mots par cœur et que le simple toucher suffit à rappeler le tout. (..) Cela suffisait. Il n'en fallait pas plus pour me soutenir, pendant des années, tandis que je frottais les seaux à lait, crachais sur mon doigt pour tâter le fer à repasser, suivais les vaches le long du sentier raboteux, parmi les aulnes et les marguerites jaunes, que j'étendais sur la clôture les bleus de travail, pour qu'ils sèchent, et les torchons sur les buissons. Quel homme Est-ce que ce serait ?
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Dans le passé, j'avais besoin de regarder les réclames de magazines présentant des dames en robe de mousseline, portant des capes et des pans flottants, les coudes appuyés sur le bastingage d'un navire, ou buvant du thé à côté d'un palmier en pot. Grâce à elles, j'avais la vision d'une vie d'élégance et de délicatesse. Elles constituaient pour moi une fenêtre ouverte sur le monde, et les cousines en constituaient une autre. En vérité, les robes à fleurs des cousines me faisaient penser à ces dames, bien que les cousines fussent plus grosses et pas jolies. Maintenant que j'y pense, de quoi donc ces dames parlaient-elles, quels étaient les propos qui s'inscrivaient en bulle, au-dessus de leur tête . Elles parlaient d'odeurs d'aisselles, ou bien remerciaient leur bonne étoile d'avoir supprimé toute irritation en leur faisant connaître les serviettes Kotex.
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En ce temps-là, c’était la mode, semblait-il, pour toute femme, si tant est qu’elle tirât quelque chose de la vie, de voir son corps enfler et s’épanouir jusqu’à atteindre une bonne taille cinquante ; puis, selon la classe et les aspirations, ou bien les chairs se distendaient et s’affaissaient, tremblotaient comme de la crème renversée sous de pâles robes en tissu imprimé et des tabliers humides, ou bien, fermement maintenues, elles se moulaient dans des formes dont les courbes fermes et les superbes chutes n’avaient rien à voir avec le sexe, mais tout avec les droits et le pouvoir. 
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Déçu par cette écrivaine, que j'ai découverte par son Nobel, malgré mon goût pour le genre des nouvelles. Tout d'abord le style, irréprochable certes, manque de caractère pour un auteur de ce niveau. Puis ces femmes, fragiles mais courageuses, aux vies ternes et ratées sentimentalement , m'ont ennuyé. Je suis désolé de ne pas avoir trouvé de véritable profondeur ni d'émotion dans ce livre.
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Je me figure que je suis une vieille fille, d’une autre génération. On ne manquait pas de vieilles filles dans ma famille. Je descends de gens sans fortune, terriblement secrets, tenaces, économes. Comme eux, je savais tirer le meilleur parti de ce que j’avais. Un bout de soie de Chine plié dans un tiroir, usé d’avoir été froissé entre les doigts, dans le noir ; ou bien la lettre unique, cachée sous le linge de jeune fille, qu’on n’a jamais besoin d’ouvrir ni de lire parce qu’on en connaît tous les mots par cœur et que le simple toucher suffit à rappeler le tout. Peut-être rien de si tangible, rien que le souvenir d’un mot ambigu, d’un ton d’une fortuite intimité, d’un regard dur, désemparé. Cela suffisait. Il n’en fallait pas plus pour me soutenir, pendant des années, tandis que je frottais les seaux à lait, crachais sur mon doigt pour tâter le fer à repasser, suivais les vaches le long du sentier raboteux, parmi les aulnes et les marguerites jaunes, que j’étendais sur la clôture les bleus de travail, pour qu’ils sèchent, et les torchons sur les buissons. Quel homme est-ce que ce serait ? Ce pourrait être n’importe qui. Un soldat, tué dans la bataille de la Marne, ou un fermier du bas de la route, pourvu d’une femme à la langue pointue et d’une ribambelle d’enfants, un garçon, parti pour le Saskatchewan, qui avait promis de me faire venir et ne l’avait jamais fait, ou le pasteur qui, tous les dimanches, me faisait frémir par ses menaces effroyables et ses promesses de tourment. Peu importait.
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