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"La souveraine de l'art de la nouvelle contemporaine", selon l'académie Nobel? Soit, étant restée en la matière à un Panthéon personnel un peu daté où trônent Zweig et Maupassant, me mettre jour ne peut pas me faire de mal sur mon chemin de découverte des Nobel.

Je pressens qu'il faut du temps pour apprécier l'univers tout en nuances et délicatesse d'Alice Munro, ou qu'en tout cas il m'en faudra pour goûter tout le sel de sa plume avec les bonnes papilles, car si je perçois bien la finesse et la sensibilité qui se dégage de ces portraits et tranches de vies féminines, si son écriture est d'une fluidité délicieuse, j'avoue m'être un peu ennuyée à la lecture.

Ma lecture est sauvée cependant par un coup de coeur réel et profond pour l'une des nouvelles mettant en scène deux très vieilles femmes (dont l'une m'a fortement évoqué ma grand-mère, jusqu'au nom!) qui se côtoient depuis l'enfance et s'épaulent l'une l'autre, diffusant une belle aura d'humanité dans une maison de retraite où la plupart des occupants en manquent singulièrement.
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D'emblée, Alice Munro , dans la deuxième partie de la première nouvelle, annonce la couleur sur son projet d'écriture.
Une tombe, d'un " ermite" inconnu. Recueilli pour ses derniers moments par un fermier et ses filles, qui sont les tantes de la narratrice. Qui était cet homme et que s'est-il passé? On n'en saura rien.
"Plus jeune, j'aurais imaginé une histoire . J'aurais affirmé que Mr Black était amoureux d'une de mes tantes.."etc
"Plus tard.. j'aurais établi une relation plausible et horrible entre son silence et la façon dont il est mort."
Mais..: "Je ne crois plus aujourd'hui que les secrets des gens soient définis et communicables, ni que leurs sentiments soient pleinement épanouis et facilement reconnaissables. Je ne le crois pas. Tout ce que je puis dire, c'est que les soeurs de mon père frottaient le plancher à la lessive, qu'elles moyettaient l'avoine et trayaient les vaches à la main."

Voilà.. Elle ne peut plus raconter que ce qu'elle voit, ou a vu. A nous, ou non, d'imaginer le reste. Alice Munro ne fait que montrer. Et surtout pas démontrer, même si les personnages de ces nouvelles, le plus souvent des femmes, mais pas toujours, "démontrent" elles-même. A travers son regard. Dans ce qu'elle leur fait dire. En particulier, et c'est un thème récurrent, les situations dans lesquelles ces femmes s'engouffrent continuellement, en répétant encore et encore , notamment les choix de conjoints ou compagnons qui ne pourront jamais leur apporter ce qu'elles souhaitent, faisant ainsi leur propre malheur. Alice Munro capte un moment d'existence de ses personnages , en laisse deviner d'autres dans leur futur , conséquences logiques pour le lecteur, ne conclut jamais, ne juge jamais. C'est un regard acéré et très .. féminin.

La part autobiographique existe certainement, mais n'a pas grande importance, à mon avis. Par exemple dans la dernière nouvelle qui donne son titre au recueil, peu importent finalement les circonstances de la mort d'un père. C'est plus un éclair de compréhension dans le cerveau d'une femme, d'une fille et d'une mère. Ce qui a manqué dans ses relations avec lui, et il est trop tard. Ce qu'elle a manqué dans ses relations avec ses filles, et il est bien tard aussi. Cette femme en tirera-t-elle des conclusions? Peut être. Moi, lectrice, oui, mais pour moi, c'est .. décrypté avec brio.

Ces nouvelles sont très denses , dans tout ce qui n'est pas dit, d'une part qui pousse l'imaginaire, et aussi car au milieu de la banalité du récit lui-même , il ne faut pas rater " la" phrase ", ou même le mot qui ouvre sur autre chose.

"Brian était simplement quelque chose qu'il fallait supporter, comme le froid glacial du hangar où on vidait les dindes et l'odeur de sang et de boyaux".
Rien à en dire de plus, de ce Brian? Si, plus tard , bien après.

Il n'y a aucune sentimentalité, aucune étude psychologique , tout juste ressent-on une empathie certaine pour ses personnages.
En tout cas, la lucidité d'un regard. le sien.


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J'aime bien les nouvelles, j'aime bien (certains) prix Nobel, alors je me suis dit qu'il fallait que je découvre cet auteur dont je n'avais jamais entendu le nom avant que ne lui soit décerné ce fameux prix à l'automne dernier. Peut-être aurais-je pu m'en passer.
J'avais lu qu'Alice Munro écrivait principalement des histoires de femmes, souvent à des moments cruciaux de leur vie. Ce recueil est donc je suppose représentatif de son oeuvre.
Et je me suis ennuyée, seule la taille raisonnable du livre m'a permis de ne pas me poser la question de savoir si je le laissais tomber ou pas… Je veux bien croire qu'Alice Munro ait trouvé son public, car elle a une plume sûre et sait très certainement planter un décor, décrire une ambiance.
Mais ses nouvelles s'arrêtent là. Je ne vois pas les personnages évoluer, et le découpage des nouvelles est telle que l'on prend parfois les choses en cours et, surtout, on laisse toujours les personnes au milieu du gué, mais d'une façon qui ne m'a pas paru susciter l'imagination pour essayer d'envisager la suite, ou ce que nous lecteurs aurions pu faire dans une telle situation.
Je suis donc restée en-dehors de ces nouvelles, qui n'ont suscité en moi aucune émotion malgré les situations décrites qui sont souvent âpres. Un livre à ranger parmi mes coups d'épée dans l'eau, non à cause d'une qualité médiocre, mais parce que je ne fais pas partie des lecteurs qui aiment ce type de littérature.
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Première entrée dans l'univers d'Alice Munro. Voici un recueil dense, sans être lourd, léger sans être folâtre, bref très bien ficelé et tout en nuances. Raconter, décrypter chaque nouvelle ? Non. Cela simplifierait trop. Disons que l'univers de l'autrice est féminin dans toutes ses dimensions. Chaque histoire est savamment construite à base de dialogues, de réflexions, de poésie. On découvre des femmes fortes, fragiles, passionnantes, dans des chemins de vie singulier. Religion, secte, boulimie, cancer, vie sexuelle, tout y passe car ces histoires sont de vraies histoires de la vie. On retrouve d'ailleurs la filiation de l'artiste avec la tradition encore bien vivante des arts du récit au Québec. Chaque nouvelle est une histoire qui raconte une ou plusieurs histoires comme des coffres. On s'y retrouve, on s'y perd, on raccroche. J'ai beaucoup aimé le style, la légèreté, le glissement des images surtout sur la dernière nouvelle éponyme où la narratrice passe du planétarium à l'hôpital où son père approche de la fin. C'est beau, sensible, fort, nuancé, structuré, bref c'est un bel ouvrage.
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"Je ne crois plus aujourd'hui que les secrets des gens soient définis et communicables, ni que leurs sentiments soient pleinement épanouis et facilement reconnaissables. Tout ce que je puis dire, c'est que les soeurs de mon père frottaient le plancher à la lessive, qu'elles nettoyaient l'avoine et trayaient les vaches à la main. (...) C'était cela, leur vie. Les cousines de ma mère se comportaient autrement : elles se déguisaient, se photographiaient mutuellement, elles disaient des boutades. Quel qu'ait été leur comportement, elles sont toutes mortes maintenant. Je transporte quelque chose d'elles, en moi. Mais la pierre a disparu, le mont Hébron a été tronqué, et cette vie qui est enterrée là, il faudrait y réfléchir à deux fois pour la regretter." (61)

La construction de la première partie de "Les Chaddeley et les Fleming" est terriblement émouvante avec ce canon qui revient en motif de fin. J'ai aimé la compagnie des quatre demoiselles aux "lourdes poitrines impressionnantes" et aux "ventres et postérieurs amples et corsetés" qui viennent bousculer la vie convenable de leur cousine de la campagne et de sa famille, leur fournissant "un lien (...) avec le monde réel, prodigue et dangereux".

Passé "La saison des dindes", et jusqu'aux dames Cross et Kidd dans leur maison de retraite, le recueil prend une tonalité très intérieure. Les nouvelles tournent principalement autour des relations amoureuses : tomber en amour, quitter, se libérer, s'attacher, regretter. Désarroi et désordre des vies. Les gens ne se rencontrent pas vraiment. Toute relation semble être un malentendu avec lequel on se débrouille comme on peut. J'ai eu du mal à trouver une accroche véritable avec ces récits, j'ai survolé. C'est le livre d'Alice Munro que j'aurai le moins apprécié de toutes mes lectures. Elle y dessine un rapport singulier à l'existence et aux êtres, semble nous demander avec tristesse ce que nous fabriquons là, à tourner en rond.

"Pas le temps de dire ouf. Roberta ne crie pas. Georges ne met pas le pied sur le frein. La grosse voiture les dépasse, comme un bolide, un énorme bolide noir, sans lumière et semble-t-il, sans bruit. Elle sort du maïs noir et remplit l'espace, droit devant eux, de la façon dont un gros poisson plat, glissant dans l'eau, paraît surgir soudain dans l'aquarium. Elle ne semble pas être à plus d'un mètre de leurs phares. Et puis, partie ! disparue dans le maïs, de l'autre côté de la route. Ils continuent. Ils continuent sur la route du Téléphone, tournent dans l'allée, s'arrêtent et restent assis dans le camion, dans la cour, devant la forme noire de la maison à demi restaurée. Ce qu'ils éprouvent n'est ni de la terreur, ni de la gratitude - pas encore. C'est une impression d'irréalité. Ils sont comme la voiture fantôme, le poisson noir : irréels, aplatis, ils planent, détachés des événements passés et à venir." (243)

Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Je n'ai pas accroché. J'ai eu un mal fou à en finir la lecture. En fait, ces nouvelles dépeignent des caractères et une époque, un pays et des contradictions. Mais il n'y a jamais d'intrigue, aucune chute. Jamais je ne suis pas parvenue à me laisser bercer par le récit sans en attendre autre chose que ce qu'il me donnait. J'ai toujours eu le sentiment que Mme Munro m'abandonnait là, au beau milieu d'une histoire que j'aurais aimé poursuivre. Toutes ces femmes qui se questionnent ne trouvent jamais de réponses. On les abandonne au retour d'une promenade ou après un dîner sans savoir si elles vont choisir d'agir et essayer de changer un peu le cours de leurs existences. Bref, je me suis sentie frustrée.
Lien : http://itzamna-librairie.blo..
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Livre acheté dans une librairie de vacances par hasard, j'ai ainsi découvert Alice Munro, écrivain canadien de renom, auteur de nombreux recueils de nouvelles. Ces portraits de femmes plus ou moins longs m'ont plutôt déprimée. Leur point commun : avoir raté leur mariage et leur vie amoureuse. Tiraillées entre tradition et modernité, ces femmes projètent sur l'autre leurs rêves et leurs désirs et se heurtent aux limites souvent cruelles de la réalité.
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Style, analyses psychologiques, descriptions et sensations, tout est parfaitement ciselé. Mais je n'arrive pas à entrer dans l'univers de ces femmes si différent de mon vécu, de mon milieu.
De l'ensemble se dégage un profond pessimisme.
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LES LUNES DE JUPITER d' ALICE MUNRO
Prix Nobel 2013 voilà une auteure qui ne me séduit point. Des nouvelles qui décrivent des histoires de femmes cherchant le bonheur, souffrant, le tout d'une lenteur désespérante. En lisant ces nouvelles ( pas toutes j'ai lâché avant les dernières) j'ai eu l'impression de lire Virginia Woolf. Ce n'est pas le style que j'aime, par contre les amateurs de Woolf s'y retrouveront totalement.
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Mon livre est une version anglaise, donc différente de celle-ci, mais c'est ce que j'ai trouvé de plus proche. Il y a 17 nouvelles dans mon édition, dont ''Les lunes de Jupiter'', ce sera donc une critique globale. Dans ces nouvelles, Alice Munro aborde des thèmes comme la maladie, l'adultère, le divorce et nous fait vivre à travers une écriture très maitrisée des morceaux de vies de personnes ordinaires traversant les thèmes que je viens de citer, souvent accompagnés de flash-back. Comme je viens de l'écrire, Alice Munro est une novelliste au talent incontestable, son approche psychologique des gens (majoritairement des femmes) est magistrale, et pourtant... j'ai eu beaucoup de mal à m'intéresser à ses histoires. Je ne remets pas en cause son talent de conteuse, je pense simplement que ce n'est pas a mon goût. Je me suis beaucoup ennuyé et j'ai du lutter pour en arriver au bout. La seule nouvelle que j'ai aimé est une nouvelle épistolaire (''A wilderness station'', je ne connais pas le titre en français) ou elle sort de son confort pour nous raconter l'histoire au milieu du 19e siècle d'un mystère autour d'une mort, dont on ne sait pas très bien si elle a été accidentelle ou provoquée. J'aurais aimé lire plus de nouvelles de ce genre, un genre ou elle excelle tout aussi bien. Bref je ne recommande pas particulièrement cette autrice, mais encore une fois c'est une affaire de goût.
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