"Voilà que Louise sentait peser sur son épaule l'ombre d'une ombre et qu'une étrangère se mêlait à elle, aussi brune qu'elle était blonde. Voilà qu'elle comprenait où elle se trouvait, à la source de l'histoire. de son histoire."
Une fois n'est pas coutume. Je partirai de la couverture pour vous parler de ce titre pour lequel j'éprouve des sentiments ambivalents.
Au centre, Louise, une jeune fille d'à peine 11 ans, qui à y regarder d'un peu plus près semble posséder deux faces... En arrière-plan, le château de Ruet, zone blanche où les ondes ne passent pas, lieu où les parents de Louise pensent protéger leur fille, EHS, électrohypersensible. Et, autour d'elle, le déchaînement des éléments... Un orage d'été d'une extrême violence, baptisé Sofia, dévaste tout, transformant le jour en la nuit, déversant des grêlons comme des pavés... Une apocalypse météorologique qui en rappelle une autre, des siècles auparavant, au même endroit, alors que
Shanoé, une jeune fille du même âge que Louise, est poursuivie par l'obscurantisme ambiant...
Voilà un titre qui, paradoxalement, m'a happée d'un bout à l'autre.
Bien sûr, il y a le point de départ, plutôt original. Cette jeune fille qui souffre d'un mal bien moderne : une allergie à l'excès d'ondes ambiantes. Sujet qui ne manque pas de nous interpeller sur nos propres pratiques en la matière. Pour beaucoup d'entre nous, nous sommes, comme le père de Louise, accros aux nouvelles technologies. Vivre sans représente la fin du monde.
Ensuite, il y a l'installation dans le château, paradis pour Louise et sa mère. La première semble aller de mieux en mieux. La seconde, elle aussi, s'acclimate parfaitement et s'adonne tout entière à sa passion pour la peinture. Par contre, pour le père, c'est plutôt l'enfer. Obligé de délocaliser son agence de stars dans un bled perdu, à quelques kilomètres de là, il ronchonne sans arrêt. Cette attitude plaintive m'a rendu le personnage antipathique même s'il ne cesse d'agir - du moins le croit-il - dans l'intérêt de sa fille.
Et puis, peu à peu, les choses se dégradent et la tension monte crescendo. le château révèle plus d'un cadavre... Son passé dramatique refait surface. A travers la lecture des pages du journal intime de Louise, le lecteur revit, effaré, une chasse aux sorcières des plus sanglantes... Celle-ci trouve son dénouement en pleine tempête. Des siècles plus tard, dans des conditions climatiques similaires, l'histoire semble se répéter.
Pourtant, tout au long de ma lecture, j'ai eu l'impression que l'auteur nous baladait en évoquant maints éléments qui me semblaient anodins sur le moment, voire sans réel rapport avec l'intrigue : l'aménagement du château et du parc (le projet de golf du père parait tout simplement surréaliste), la peinture prémonitoire de la mère, les projets de scolarisation à domicile de Louise... Et, en voyant la fin arriver doucement mais sûrement, je me suis demandé quand il allait ENFIN cracher le morceau !
Au passage, j'ai été quelque peu dérangée par le regard équivoque que portaient les hommes sur l'héroïne. Une héroïne qui semble curieusement le plus souvent en retrait, comme effacée derrière les personnalités fortes de ses parents... Une autre manière de brouiller les cartes ?
J'ai failli définitivement abandonner la partie lors du final apocalyptique... Un peu trop cinématographique à mon goût. C'est la cas de le dire puisque, alors que les éléments extérieurs se déchaînent, un grand réalisateur hollywoodien tourne, à l'intérieur du château, une scène on ne peut plus dantesque !
Heureusement, les dernières pages, en forme d'épilogue, m'ont récupérée de façon magistrale. On y retrouve le narrateur - prétendument l'auteur - qui tente de mettre un point final à son récit. Ce qu'il nous narre alors éveille en nous un malaise indicible, à vous faire dresser les poils !
Bref, une lecture qui ne laisse pas indifférent !
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