Un terrible séisme a frappé Kobe en 1995, faisant plus de 6000 morts. C'est un drame qui a terriblement marqué les Japonnais. Dans ce recueil de nouvelle ce désastre sert de fil rouge permettant un lien tenu entre les 6 courts récits. Un fil de pêche, très fin, limite transparent, tant le lien entre le tremblement de terre et les nouvelles est léger. On est loin de nager en plein pathos, et on en remercie l'auteur.
Non ces histoires parlent d'homme et de femme en plein doute, de sentiment de perte, de vide, de solitude ou d'absence. L'onirisme vient parfois se mêler au réalisme. L'absurde même dans une nouvelle en particulier. Il en ressort quelque chose de poétique de toutes ces histoires, quelque chose d'intangible, et difficilement explicable. le style Murakami quoi, mais en petit format.
C'est l'histoire d'un homme dont la femme se met tout à coup à regarder 24h/24 les informations sur le drame de Kobe à la TV, avant de subitement disparaître avec toutes ses affaires en laissant une lettre laconique. C'est l'histoire d'un vieux peintre amoureux des feux de camp qui fascine une jeune femme un peu perdu. Celle d'un fils qui croit retrouver son père dans le métro. Ou celle d'un triangle amoureux avec une espiègle petite fille au milieu. On retrouve même en 5ème position une nouvelle absurde où Crapaudin, une grenouille géante, demande à un banquier mal dans sa peau de l'aider à sauver Tokyo d'un terrible séisme à venir, en affrontant le terrible Lelombric, dans les profondeurs de la terre. Comme dans tout recueil de nouvelle, on s'attache plus à certaine qu'à d'autre. Dans mon cas c'est celle du triangle amoureux, "Le gâteau au miel", placé en dernière position dans le recueil. Vraiment une très belle histoire.
Murakami aime laisser une place de doute, de mystère dans ses récits, il ne referme jamais complètement la porte. Ici, c'est encore plus vrai que dans ses romans, du moins pour certaines nouvelles. C'est même un peu trop ouvert pour une bonne moitié, et pourtant c'est quelque chose que j'aime bien à la base. le format de la nouvelle ne lui permet pas de laisser autan d'indice, même rabougri, que dans un roman, sur les symboliques et les sens cachés qu'il utilise. Dommage. Malgré tout, ce qu'il est fort pour nous entraîner dans son univers, pour poser une ambiance, pour nous installer dans son rythme, tellement confortable. Même quand il se fait cruel ça a le gout d'une friandise. Une poésie des choses simples qui me rappel beaucoup Bradbury dans le style, comparaison encore plus frappante en comparant leurs manières respectives, et assez proche, de voir le style de la nouvelle, même si leurs univers sont très différent.
En bref, malgré quelques fins trop énigmatique, même pour moi, c'est toujours un plaisir de lire du Murakami. Un style et un univers vraiment enthousiasmant.
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Petite déception avec ce recueil de nouvelles de Murakami autour du tremblement de terre de Kobé de 1995.
Le propos est (trop) souvent banal, parfois loufoque, parfois fantastique (c'est du Murakami quand même), parsemé ici et là de références musicales au jazz (Murakami, je vous dis), avec ce conseil : « il faut suivre attentivement une par une chaque ligne d'improvisation de Coleman Hawkins. Tends bien l'oreille à ce qu'il essaie de nous dire à travers ces sons. C'est l'histoire d'une âme libre qui essaie de s'échapper de sa poitrine. Cette âme, elle existe en moi aussi, et en toi. Ecoute, et tu pourras entendre son écho. Un souffle chaud, un coeur qui palpite. »
Sous la plume de Murakami, l'âge adulte y est le temps où « la mort, les maladies sexuellement transmissibles et la taille de l'univers avaient cessé de l'inquiéter ». le feu y devient une oeuvre plastique, avec sa «forme libre. Aussi, ceux qui le regardent se mettent-ils graduellement à y voir tout ce qu'ils veulent » et « les flammes [qui] s'étendaient toujours avec souplesse, avec douceur. Elles n'étaient ni violentes, ni pressées, elles ressemblaient à des caresses expertes. Elles n'étaient là que pour réchauffer le coeur des hommes.
Mais malheureusement ces petites perles sont trop rares pour satisfaire mon plaisir …
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Déception! C'est la conclusion de ma première découverte de Murakami... :déçue de n'avoir pas été transportée, moi aussi, dans l'univers onirique que ses fans m'avaient fait miroiter et qui m'avait attiré vers lui et déçue tout court par ma lecture.
Il s'agit d'un recueil de nouvelles, ce qui me semblait plus accessible pour aborder l'univers d'un auteur complètement inconnu; à chaque début de nouvelle histoire, j'ai cru plonger, m'attacher aux personnages et pouvoir enfin vraiment apprécier ma lecture... et puis, non! A chaque fois, nouvelle déception: on bascule dans l'irrationnel (l'onirique?) et je n'ai plus rien compris! Je termine l'histoire et je suis incapable d'en parler...
Je ne dis pas qu'il s'agit d'un mauvais livre, ni d'un mauvais auteur (je ne me permettrais certainement pas un tel jugement!) mais plutôt que je reste hermétique à ce style de littérature.
Je ne dis pas non plus que je ne retenterai pas un nouveau Murakami à l'avenir... mais pas tout de suite!
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