Les philosophes sont des violents qui, faute d'une armée à leur disposition, se soumettent le monde en l'enfermant dans un système
Arnheim est tout à fait le contraire de moi ; il surestime constamment le bonheur qu'ont l'espace et le temps de le rencontrer pour former l'instant présent !
Mais s'il y a un sens du réel, et personne ne doutera qu'il ait son droit à l'existence, il doit bien y avoir quelque chose que l'on pourrait appeler le sens du possible.
L'homme qui en est doué, par exemple, ne dira pas : ici s'est produite, va se produire, doit se produire telle ou telle chose ; mais il imaginera : ici pourrait, devrait se produire telle ou telle chose ; et quand on lui dit d'une chose qu'elle est comme elle est, il pense qu'elle pourrait aussi bien être autre. Ainsi pourrait-on définir simplement le sens du possible comme la faculté de penser tout ce qui pourrait être "aussi bien", et de ne pas accorder plus d'importance à ce qui est qu'à ce qui n'est pas.
[...]
C'est la réalité qui éveille les possibilités, et vouloir le nier serait parfaitement absurde. Néanmoins, dans l'ensemble et en moyenne, ce seront toujours les mêmes possibilités qui se répéteront, jusqu'à ce que vienne un homme pour qui une chose réelle n'a pas plus d'importance qu'une chose pensée.
C’était une tendresse où aucun être humain, où aucun homme n’entrait.
Le cerveau de l’homme a réussi à diviser les choses ; mais les choses, à leur tour, ont divisé son cœur !
L’homme moderne naît en clinique et meurt en clinique : il faut que sa demeure ressemble à une clinique ! Cet impératif venait d’être formulé par un architecte d’avant-garde, tandis qu’un autre, réformateur de l’aménagement, exigeait des parois amovibles sous prétexte que l’homme doit apprendre à vivre en confiance avec son semblable et cesser de s’en isoler par goût du séparatisme.
Nous avons organisé à la perfection la division des activités, mais négligé les instances nécessaires à leur coordination
Tout progrès est en même temps une régression. Il n'y a jamais de progrès que dans un sens déterminé. Et comme notre vie, dans son ensemble, n'a aucun sens, elle ne connaît pas davantage, dans son ensemble, de vrai progrès.
[...] le miroir, créé à l'origine pour la joie [...], était devenu un instrument de torture, de même que la montre est devenue un mal nécessaire depuis que nos activités ne se relaient plus naturellement.
Jamais il n'avait compris aussi clairement que dans la seconde où il la suivit, que l'intrusion passionnée dans le corps d'un autre n'était que le prolongement du goût des enfants pour les cachettes mystérieuses et criminelles.